Commission énergie du Parti communiste français

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OGM : La recherche doit se faire en toute transparence et sous le contrôle citoyen et parlementaire

le 10 February 2006

Sous la pression de Bruxelles, le Conseil des ministres vient d'adopter un projet de loi autorisant de fait la culture d'organismes génétiquement modifiés en milieu non confiné. Ce texte, qui sera discuté au Sénat en mars, reprend deux directives européennes sur les biotechnologies auxquelles il est proposé d'ajouter la création d'un fonds de compensation destiné à indemniser rapidement « d'éventuels préjudices économiques de la dissémination des OGM » et d'un Conseil des biotechnologies chargé de rendre un avis sur l'usage des plants modifiés génétiquement.

Ce conseil est censé assurer la transparence dans l'utilisation des OGM, ce dont il est permis de douter puisque parallèlement les producteurs d'OGM bénéficieront d'une confidentialité qu'associations et scientifiques dénoncent. Cette manière de céder à la pression des entreprises agro-alimentaires est absolument incompatible avec la nécessaire prise en compte du principe de précaution, qui passe au second plan, derrière certains intérêts financiers. Tout ceci alors que 78% des Français réclament une interdiction temporaire des OGM afin d'évaluer précisément leurs impacts sanitaires et environnementaux.

Pour sa part, le Parti communiste français se prononce pour un moratoire concernant la culture des OGM en plein champs et leur utilisation dans l'alimentation. Par contre, l'utilisation des OGM au plan pharmaceutique et énergétique pouvant se révéler intéressante, il, propose que la recherche puisse se poursuivre en milieu confiné, ce qui suppose le développement des crédits publics de recherche.

Ce type de recherche doit se faire dans la transparence la plus totale, sous le contrôle citoyen des populations et du Parlement.

Parti communiste français

Paris, le 10 février 2006

Une énergie propre et durable

le 09 December 2005

Texte d'Alain Hayot au CN

Aujourd'hui, la question de l'énergie est devenue l'un des grands problèmes, que le monde doit affronter et résoudre à l'échelle du 21ème siècle. Sans énergie nombre d'activités humaines ne sauraient se développer, transports, communication mais aussi des activités comme la santé et l'éducation.

Cette question est déterminante pour l'avenir de la planète et de l'humanité .Le constat que nous faisons de la situation, épuisement des ressources fossiles, aggravation de l'effet de serre, insuffisance de la production d'énergie sur le plan mondial est alarmant. L'accès de tous, au nord comme au sud, à une énergie propre et suffisante, non polluante et respectueuse du climat est l'un des défis que l'humanité doit relever impérativement, si nous voulons collectivement travailler à l'émancipation de chacun et au développement de tous.

1-Le constat

Sur le plan social, le constat que nous pouvons faire montre l'ampleur des efforts à accomplir .

Actuellement, 2,6milliards d'êtres humains ne disposent pas d'un approvisionnement correct en énergie et doivent au mieux se limiter à l'utilisation de bois comme combustible. Si l'on ne tient compte que de l'augmentation démographique, la demande aura doublé d'ici 2050 Imaginons donc ce qui est nécessaire si nous voulons répondre aux besoins de tous, à l'échelle de la planète.

L'effort n'est pas moindre en ce qui concerne l'économie de matières premières et la protection du climat.

Actuellement, 80% de la ressource énergétique est assurée par l'énergie d'origine fossile( pétrole- gaz-charbon)

Or nous avons deux certitudes :

Les ressources énergétiques fossiles sont en voie d'épuisement, les spécialistes parlent de 20 à 60 ans selon les énergies. La combustion des énergies fossiles est génératrice de gaz à effet de serre(CO2 et méthane) et est en grande partie responsable du réchauffement climatique

La température moyenne du globe est déjà supérieure de 0,8 degré aux valeurs relevées au début de la révolution industrielle. Selon les experts, un réchauffement climatique de plus de deux degrés d'ici à la fin du siècle provoquerait de nombreuses et graves catastrophes. La prochaine période sera donc déterminante pour ce qui va se passer dans la deuxième moitié du 21ême siècle.

Notre génération porte la lourde responsabilité, comme jamais auparavant, de ce que sera la vie des générations futures.

Un premier pas vers la lutte contre le réchauffement climatique a été le protocole de Kyoto de décembre 1997 Les pays industrialisés et les pays de l'Est de l'Europe y compris la Russie se sont mis d'accord après de difficiles négociations sur un objectif global de réduction des émissions de 5,2% des gaz à effet de serre (GES) à l'horizon 2008-2012 par rapport à 1990, de 8% pour l'Union européenne et 0% pour la France du fait de l'importance de l'énergie d'origine nucléaire. Les pays du Sud sont exemptés durant cette première phase.

Mais le protocole de Kyoto a ses limites La réduction de 5,2% des émissions de GES par rapport à 1990 est certes une première étape mais est très loin de répondre à l'ampleur du danger. Il ne sera pas suffisant de stabiliser les émissions de CO2 mais il faudra rapidement réduire fortement ces émissions pour enrayer le réchauffement climatique.

Engager une action de grande ampleur sur toute la planète est donc une urgence

Une course de vitesse est engagée. Il n'est pas trop tard pour éviter un changement climatique incontrôlable. Tous les gouvernements et tous les citoyens doivent réagir. Cela implique un changement radical dans la manière de produire, de consommer et de se comporter.

Une révolution politique et culturelle Prendre en compte les conséquences écologiques de notre activité dans les décisions économiques ; bannir les visions à courte vue du profit maximum immédiat qui est celle du capitalisme mondialisé. Autrement dit, il nous faut agir pour bâtir une économie alternative au capitalisme, sociale, écologique, durable et solidaire.

2-Une ambition forte :mobiliser la communauté mondiale sur deux grands objectifs

1)Proclamer le droit de chacun à une énergie propre, durable et renouvelable à l'échelle du 21ême siècle

2)Proclamer l'énergie bien commun de l'Humanité

1)Proclamer le droit de chacun à une énergie propre, durable et renouvelable à l'échelle du 21ême siècle

Les ressources énergétiques fossiles, pétrole et gaz, qui représentent en Europe près des 2/3 de la consommation d'énergie vont dans les prochaines décennies être totalement épuisées. Le pic de production de ces énergies est ou va être prochainement atteint et la production par conséquent va décroître régulièrement avec une envolée des prix en raison d'une demande dans le même temps en expansion. La question du relais à ces énergies se pose donc des maintenant. Plus on tardera à prendre les mesures de grande ampleur qui s'imposent plus la transition sera douloureuse et brutale. Il est de le responsabilité de la communauté internationale d'anticiper l'épuisement des ressources fossiles en mettant les énergies renouvelables et les énergies non productrice de gaz à effet de serre au cœur d'un programme mondial de recherche, d'expérimentation , d'économie et de production propre et durable. Dans ce cadre, la question aujourd'hui n'est certes pas d'opposer les différentes formes d'énergies entre elles mais de se dire que l'on aura besoin de toutes, surtout dans les prochaines années qui risquent d'être difficiles et que nous sommes loin d'être actuellement en mesure de pouvoir répondre à ce défi. Une pénurie d'énergie ou une énergie extrêmement coûteuse conduirait de facto à un déclin économique sur toute la planète , à des tensions géostratégiques, à des guerres dont les pays les plus pauvres seraient les premières victimes.

Pour un programme d'économie et d'efficacité énergétique

Il faut repenser nos modes de consommation, de production, et d'aménagement du territoire avec le souci premier de l'économie et de l'efficacité énergétiques. Cela suppose dans l'immédiat et à moyen terme prendre des décisions dans toute une série de domaines et réorienter les politiques et réglementations publiques.

Dans le domaine des transports , il faut favoriser les transports collectifs urbains et interurbains, développer le ferroutage, le transport fluvial et le cabotage maritime, il faut aussi repenser les énergies utilisées par les voitures individuelles en limitant au maximum la production de GES.

Intégrer les critères écologiques , d'économie et d'efficacité énergétique dans les critères de gestion des entreprises publiques et privées.

Il faut revoir la construction de l'habitat et des équipements en incitant à des constructions économisant l'énergie et limitant leur impact sur l'environnement climatique , paysager et sanitaire.

Il s'agit enfin d'ouvrir le débat sur les formes actuelles de l'urbanisation et de l'aménagement du territoire. Conçus aujourd'hui sur la base de la recherche du profit maximum, l'urbanisation et l'aménagement du territoire sont trop consommateurs d'espace et d'énergie, trop producteurs de pollutions ayant des effets terribles sur la santé des individus et sur la biodiversité. C'est aujourd'hui qu'il faut réorienter les politiques publiques en ce domaine. Développer les énergies renouvelables

Les énergies renouvelables constituent un enjeu essentiel pour l'avenir de la planète. Les communistes se prononcent pour leur développement. Pour cela, il faut faire des efforts de recherche, d'expérimentation et de production. Cela pourrait faire l'objet d'un programme mondial public avec ses déclinaisons à l'échelle de l'Europe et de la France. Dans l'état actuel des choses, les énergies renouvelables ne sont pas en mesure de permettre de faire face à la totalité de l'évolution des besoins en énergie de la planète, à fortiori si nous nous fixons pour ambition de répondre aux besoins de tout ceux qui aujourd'hui n'ont pas accès à l'énergie. La complémentarité avec les autres formes d'énergie est donc indispensable, mais il est aussi indispensable de les développer à une grande échelle.

Donnons quelques exemples :

L'énergie éolienne contribue à la sécurité énergétique, à la réduction des pollutions mais elle n'est pas toujours disponible. Il est urgent de le soustraire aux appétits du capital et de l'inscrire dans une démarche de service public et respectueuse des paysages.

L'énergie géothermique vient des profondeur de la terre (eau chaude). Elle est exploitable quand elle est proche de la surface. C'est une source d'énergie inépuisable qui fournit de la chaleur et de l'électricité. Mais elle a un coût encore trop élevé.

De même dans l'habitat, il est possible de développer l'énergie solaire, avec sa capacité de production d'électricité provenant des toitures solaires

La biomasse qui permet de produire de l'énergie à partir de la fermentation des déchets agricoles ou de bois...

Utilisés comme additif aux carburants classiques, les biocarburants sont de deux sortes, l'éthanol obtenu à partir de la betterave ou de la canne à sucre et les diesters obtenus à partir du colza, tournesol...Ils ont un intérêt réel pour gérer la fin des hydrocarbures. Il est indispensable de veiller à ce que la production de ces carburants ne provoque pas la relance d'une agriculture intensive, fortement utilisatrice de pesticides.

3-L'hydrogène

Ce n'est pas à proprement parler une énergie renouvelable, mais la production d'hydrogène par électrolyse de l'eau, permettra d'ici dix ou vingt ans, de disposer d'un moteur à combustible propre pour le transport.

4)Pour une énergie nucléaire propre

C'est l'énergie qui manifestement provoque le plus de débats. Ouvrons-le sans anathèmes et sans œillères. D'un côté le nucléaire présente des avantages considérables ; il ne produit pas de gaz à effet de serre et a permis de répondre massivement aux besoins locaux. En France sous maîtrise publique il a permis de traverser sans trop grande difficulté les différents chocs pétroliers et la France réponde au delà des exigences de Kyoto en matire de GES. D'un autre côté, le nucléaire, a une origine militaire qui provoque à juste titre la peur et le rejet de toute utilisation guerrière. Les communistes partagent cette préoccupation et agissent avec d'autres pour l'interdiction définitive à l'échelle planétaire du nucléaire à des fins militaires. Par ailleurs l'énergie nucléaire de fission pose des problèmes en matière de sécurité et produits des déchets à la gestion difficile dans l'espace et dans le temps.

Enfin, il nous faut gérer le caractère épuisable à moyen terme de la ressource en uranium Pour toutes ces raisons les communistes pensent que le « si le nucléaire n'est pas la solution, il n'y a pas de solution sans le nucléaire ». Abordons clairement les difficultés : avancer dans la résolution des problèmes de sécurité, de déchets et de gestion des ressources exigent trois choses indissociablement liées : une maîtrise totalement publique, un développement décisif de la recherche, la transparence et la démocratie locale et globale autour de la production d'électricité comme de sa distribution et de la gestion des déchets comme de la sécurité des centrales et de leur impact sur l'environnement.

C'est à ces trois conditions que les communistes se prononcent pour la poursuite du programme de fission nucléaire (EPR, réacteur de 4ème génération ...) C'est dans le même état d'esprit qu'ils soutiennent le programme de recherche sur la fusion nucléaire (ITER) qui peut permettre, s'il aboutit positivement, de résoudre les problèmes de déchets et de sécurité à l'horizon de la fin du siècle. Comme pour les énergies renouvelables nous nous prononçons pour un contrôle public et mondial de l'énergie nucléaire. Peut-être faut-il repenser et étendre les prérogatives de l'AIEA au côté d'une Agence mondiale de l'énergie. Préparer dès maintenant la société post-pétrolière ne signifie pas qu'il faille s'accommoder de la situation actuelle de production des hydrocarbures. Maîtriser les prix en agissant pour les soustraire à la loi du profit capitaliste, travailler avec la recherche à limiter au maximum la production de gaz à effet de serre, produire des hybrides avec les énergies renouvelables, gérer notamment au Sud une production charbonnière dans des conditions conformes au protocole de Kyoto, agir pour l'application intégrale du protocole de Kyoto au Sud comme au Nord constituent des enjeux majeurs de la gestion finale des énergies fossiles. Dans ce cadre, nous nous prononçons contre le commerce des droits à polluer. Nul ne doit être dispenser de ce combat nécessaire contre la crise climatique.

2)Proclamer l'énergie bien commun de l'Humanité

Les communistes se prononcent pour un programme de maîtrise publique et démocratique de l'énergie pour tous, propre, durable et renouvelable

Pour l'ensemble des questions concernant l'énergie, il est urgent de créer une agence mondiale (dans le cadre de la réforme de l'ONU) avec des pouvoirs réels et s'appuyant à l'échelle des pays et des continents sur des pôles publics de l'énergie Il est tout aussi indispensable de faire de la question énergétique des choix scientifiques et technologiques, des choix industriels, des objets de débats démocratiques associant les citoyens de chaque pays. Ces considérations et la nécessité d'assurer la sécurité et la continuité des services, de même que favoriser les coopérations entre entreprises publiques et privées de la même filière nous conduisent à formuler la proposition d'un pôle public de l'énergie. Il s'agit de mobiliser les fonds des entreprises publiques et privées vers la satisfaction des besoins des populations Les effets de la déréglementation engagée depuis deux décennies aux USA ou en Grande Bretagne, son rejet dans des pays comme le Brésil et l'Argentine démontrent la nécessité d'une autorité publique En France, un tel pôle public, pourrait regrouper, sous une haute autorité nationale(composée démocratiquement de représentants de la Nation, de l'Etat, des partenaires sociaux, des dirigeants et personnels ) au moins, EDF, GDF, AREVA , la COGEMA, le CEA, TOTAL En Europe, grandit l'idée d' une politique énergétique commune. Celle-ci pourrait être basée sur quatre idées : l'indépendance énergétique de l'union européenne, le respect des engagements de Kyoto, le droit à l'énergie et un socle de garanties collectives pour les salariés .Restera à voir comment coordonner cette politique avec les différents organismes sur le plan mondial. Souvent est mis en avant l'impossibilité d'assurer le financement de ces nouvelles énergies compte tenu des montants en jeu. Effectivement ces montants vont être considérables et si on s'inscrit dans le système actuel, libéral, les possibilités sont limitées et les obstacles nombreux (intérêts considérables en jeu). Il va donc falloir revoir de fond en comble le système économique actuel. Sortir de la religion du court terme, du profit maximum qui sacrifie l'investissement et le développement à long terme. Passer à une économie environnementalement durable. Réviser la fiscalité qui devra être plus pénalisante pour les énergies fossiles les plus polluantes et émettrices de GES.Investir dans les énergies nouvelles et de la recherche. Mobiliser des financements nationaux, européens et mondiaux peut permettre de relever ce défi majeur à l'horizon du siècle pour notre avenir et celui des générations futures.

Les énergies renouvelables

le 12 November 2005

Les énergies renouvelables

Perpignan le 12 décembre 2005

Aujourd'hui, la question de l'énergie est devenue l'un des grands problèmes, que le monde doit affronter et résoudre à l'échelle du 21ème siècle. Sans énergie nombre d'activités humaines ne sauraient se développer, transports, communication mais aussi des activités comme la santé et l'éducation. Cette question est déterminante pour l'avenir de la planète et de l'humanité. Le constat que nous faisons de la situation, épuisement des ressources fossiles, aggravation de l'effet de serre, insuffisance de la production d'énergie sur le plan mondial est alarmant. L'accès de tous, au nord comme au sud, à une énergie propre et suffisante, non polluante et respectueuse du climat est l'un des défis que l'humanité doit relever impérativement, si nous voulons collectivement travailler à l'émancipation de chacun et au développement de tous.

1- Le constat

Sur le plan social, le constat que nous pouvons faire montre l'ampleur des efforts à accomplir.

Actuellement, 2,6milliards d'êtres humains ne disposent pas d'un approvisionnement correct en énergie et doivent au mieux se limiter à l'utilisation de bois comme combustible. Si l'on ne tient compte que de l'augmentation démographique, la demande aura doublé d'ici 2050 Imaginons donc ce qui est nécessaire si nous voulons répondre aux besoins de tous, à l'échelle de la planète.

L'effort n'est pas moindre en ce qui concerne l'économie de matières premières et la protection du climat.

Actuellement, 80% de la ressource énergétique est assurée par l'énergie d'origine fossile (pétrole- gaz charbon)

Or nous avons deux certitudes :

1 - La combustion des énergies fossiles est génératrice de gaz à effet de serre (CO2 et méthane) et est en grande partie responsable du réchauffement climatique

La température moyenne du globe est déjà supérieure de 0,8 degré aux valeurs relevées au début de la révolution industrielle. Selon les experts, un réchauffement climatique de plus de deux degrés d'ici à la fin du siècle provoquerait de nombreuses et graves catastrophes. La prochaine période sera donc déterminante pour ce qui va se passer dans la deuxième moitié du 21ême siècle.

Notre génération porte la lourde responsabilité, comme jamais auparavant, de ce que sera la vie des générations futures.

Un premier pas vers la lutte contre le réchauffement climatique a été le protocole de Kyoto de décembre 1997 Les pays industrialisés et les pays de l'Est de l'Europe y compris la Russie se sont mis d'accord après de difficiles négociations sur un objectif global de réduction des émissions de 5,2% des gaz à effet de serre (GES) à l'horizon 2008-2012 par rapport à 1990, de 8% pour l'Union européenne et 0% pour la France du fait de l'importance de l'énergie d'origine nucléaire. Les pays du Sud sont exemptés durant cette première phase.

Mais le protocole de Kyoto a ses limites La réduction de 5,2% des émissions de GES par rapport à 1990 est certes une première étape mais est très loin de répondre à l'ampleur du danger. Il ne sera pas suffisant de stabiliser les émissions de CO2 mais il faudra rapidement réduire fortement ces émissions pour enrayer le réchauffement climatique.

Engager une action de grande ampleur sur toute la planète est donc une urgence Une course de vitesse est engagée. Il n'est pas trop tard pour éviter un changement climatique incontrôlable. Tous les gouvernements et tous les citoyens doivent réagir. Cela implique un changement radical dans la manière de produire, de consommer et de se comporter.

Une révolution politique et culturelle Prendre en compte les conséquences écologiques de notre activité dans les décisions économiques ; bannir les visions à courte vue du profit maximum immédiat qui est celle du capitalisme mondialisé. Autrement dit, il nous faut agir pour bâtir une économie alternative au capitalisme, sociale, écologique, durable et solidaire.

2 - Les ressources énergétiques fossiles sont en voie d'épuisement, les spécialistes parlent de 20 à 60 ans selon les énergies.

Les ressources énergétiques fossiles, pétrole et gaz, qui représentent en Europe près des 2/3 de la consommation d'énergie vont dans les prochaines décennies être totalement épuisées. Le pic de production de ces énergies est ou va être prochainement atteint et la production par conséquent va décroître régulièrement avec une envolée des prix en raison d'une demande dans le même temps en expansion. La question du relais à ces énergies se pose donc des maintenant. Plus on tardera à prendre les mesures de grande ampleur qui s'imposent plus la transition sera douloureuse et brutale. Il est de la responsabilité de la communauté internationale d'anticiper l'épuisement des ressources fossiles en mettant les énergies renouvelables et les énergies non productrice de gaz à effet de serre au cœur d'un programme mondial de recherche, d'expérimentation, d'économie et de production propre et durable. Dans ce cadre, la question aujourd'hui n'est certes pas d'opposer les différentes formes d'énergies entre elles mais de se dire que l'on aura besoin de toutes, surtout dans les prochaines années qui risquent d'être difficiles et que nous sommes loin d'être actuellement en mesure de pouvoir répondre à ce défi. Une pénurie d'énergie ou une énergie extrêmement coûteuse conduirait de facto à un déclin économique sur toute la planète, à des tensions géostratégiques, à des guerres dont les pays les plus pauvres seraient les premières victimes.

C'est dans ce cadre que j'aborderais le problème de l'énergie nucléaire propre

C'est l'énergie qui manifestement provoque le plus de débats. Ouvrons-le sans anathèmes et sans œillères. D'un côté le nucléaire présente des avantages considérables ; il ne produit pas de gaz à effet de serre et a permis de répondre massivement aux besoins locaux. En France sous maîtrise publique il a permis de traverser sans trop grande difficulté les différents chocs pétroliers et la France réponde au delà des exigences de Kyoto en matière de GES. D'un autre côté, le nucléaire, a une origine militaire qui provoque à juste titre la peur et le rejet de toute utilisation guerrière. Les communistes partagent cette préoccupation et agissent avec d'autres pour l'interdiction définitive à l'échelle planétaire du nucléaire à des fins militaires. Par ailleurs l'énergie nucléaire de fission pose des problèmes en matière de sécurité et produits des déchets à la gestion difficile dans l'espace et dans le temps. Enfin, il nous faut gérer le caractère épuisable à moyen terme de la ressource en uranium Pour toutes ces raisons les communistes pensent que le « si le nucléaire n'est pas la solution, il n'y a pas de solution sans le nucléaire ». Abordons clairement les difficultés : avancer dans la résolution des problèmes de sécurité, de déchets et de gestion des ressources exigent trois choses indissociablement liées : une maîtrise totalement publique, un développement décisif de la recherche, la transparence et la démocratie locale et globale autour de la production d'électricité comme de sa distribution et de la gestion des déchets comme de la sécurité des centrales et de leur impact sur l'environnement.

C'est à ces trois conditions que les communistes se prononcent pour la poursuite du programme de fission nucléaire (EPR, réacteur de 4ème génération ...) C'est dans le même état d'esprit qu'ils soutiennent le programme de recherche sur la fusion nucléaire (ITER) qui peut permettre, s'il aboutit positivement, de résoudre les problèmes de déchets et de sécurité à l'horizon de la fin du siècle. Comme pour les énergies renouvelables nous nous prononçons pour un contrôle public et mondial de l'énergie nucléaire. Préparer dès maintenant la société post-pétrolière ne signifie pas qu'il faille s'accommoder de la situation actuelle de production des hydrocarbures. Maîtriser les prix en agissant pour les soustraire à la loi du profit capitaliste, travailler avec la recherche à limiter au maximum la production de gaz à effet de serre, produire des hybrides avec les énergies renouvelables, gérer notamment au Sud une production charbonnière dans des conditions conformes au protocole de Kyoto, agir pour l'application intégrale du protocole de Kyoto au Sud comme au Nord constituent des enjeux majeurs de la gestion finale des énergies fossiles. Dans ce cadre, nous nous prononçons contre le commerce des droits à polluer. Nul ne doit être dispenser de ce combat nécessaire contre la crise climatique.

Développer les énergies renouvelables

Les énergies renouvelables constituent un enjeu essentiel pour l'avenir de la planète. Les communistes se prononcent pour leur développement. Pour cela, il faut faire des efforts de recherche, d'expérimentation et de production. Cela pourrait faire l'objet d'un programme mondial public avec ses déclinaisons à l'échelle de l'Europe et de la France. Dans l'état actuel des choses, les énergies renouvelables ne sont pas en mesure de permettre de faire face à l'évolution des besoins en énergie de la planète, à fortiori si nous nous fixons pour ambition de répondre aux besoins de tout ceux qui aujourd'hui n'ont pas accès à l'énergie. La complémentarité avec les autres formes d'énergie est donc indispensable, mais il est aussi indispensable de les développer à une grande échelle.

Donnons quelques exemples :

L'énergie éolienne contribue à la sécurité énergétique, à la réduction des pollutions mais elle n'est pas toujours disponible car son fonctionnement dépend du climat Or comme rappelons-le l'énergie n'est pas stockable dans l'état actuel des recherches. On estime le rendement des éoliennes à 35%. Il faut donc prévoir un investissement complémentaire afin d'assurer la sécurité de l'approvisionnement lorsque les éoliennes ne marchent pas du fait du manque de vent, de la canicule, ou par grand froid. Remarquons que ces périodes sont celles où la demande énergétique est la plus forte. Les éoliennes se situent aujourd'hui majoritairement dans le Languedoc, le Pas de Calais et la Bretagne. Elles sont essentiellement terrestres. On entend parler des projets off-shore mais il faut bien dire que si nos larges façades maritimes sont un atout, il y a très peu de constructeurs en France et les hauts fonds sont minimes à la proximité des côtes. Autre idée qui me semble essentielle pour les communistes que nous sommes c'est que l'énergie est un droit et non une marchandise. Il est donc urgent de la soustraire aux appétits du capital et de l'inscrire dans une démarche de service public et respectueuse des paysages. Service public car si l'on n'y prend pas garde notre volonté justifiée de diversifier les sources énergétiques de développement durable peut se traduire par un véritable racket. En effet d'après les chiffres même de l'A.D.E.M.E destiné aux « Elus et Associations » pour un an, une éolienne de 1 MW produisant 2000 heures la recette est de 170.000 Euros. La maintenance coûtant 45.000 Euros, la valeur ajoutée produite est de 125.000 Euros. La Taxe Professionnelle étant plafonnée, l'entreprise paye 5155 Euros de T.P. Mais, la T.P étant plafonnée (par une décision gouvernementale) l'Etat (donc les contribuables) paie 8.825 Euros de « compensation » du plafonnement. La Commune perçoit 6.000 Euros, le Département 6.000 Euros, la région 1.200 Euros ; Il faut pour être complet rappeler que le tarif de l'éolien est un tarif fixé par décret, destiné à « au développement de l'éolien » soit 8,38 centimes d'Euros le KWh, quand le prix moyen d'E.D.F est de 3,35 centimes d'Euros le KWh, le prix moyen du KWh nucléaire étant de 3,03 centimes d'Euros. Voilà pour les chiffres concernant les coûts. Faisons maintenant un point concernant la production d'énergie éolienne ; 47000 mégawatt sont produit au niveau planétaire dont 73% en Europe. 17000 en Allemagne, 8300 en Espagne, 6700 au USA et 3100 au Danemark. Au vu de ces chiffres la France est vraiment en retard car à fin 2004 seul 400 était produit au niveau national. L'objectif affiché par l'Europe à horizon de 2010 est de 10000mégawatt soit 21% de la consommation. Et l'on peut estimer que l'effort financier consenti pour cet objectif sera voisin du coût de l'ITER. Cela clôt mon chapitre sur la question de l'électricité. Mais il faut aborder les 2 secteurs qui sont les plus gros consommateurs énergétiques je veux parler des transports et de l'habitat. Tout d'abord disons nous bien que le développement capitaliste tel que nous le connaissons entraîne des gâchis fantastiques. Il s'agit pour nous de repenser notre mode de développement mais et j'y insiste à partir de la réponse aux besoins humains. Il n'est pas question pour nous de rentrer en récession. Le problème n'est pas que notre planète consomme trop le problème essentiel est sur la répartition des richesses. Une fois cela posé avec force n'y a-t-il pas dans cette société des transports inutiles ? Le développement des transports collectifs modernes et adaptés aux besoins de la population pourraient éviter des milliers de voitures sur les routes. N'est-il pas suicidaire de continuer à accélérer le déplacement des marchandises par route sans se lancer dans le ferroutage mais également à réfléchir s'il est nécessaire de continuer à faire traverser l'Europe par des marchandises alors qu'elles peuvent être produites sur place ? Evidemment nous remettons en cause le lobby du transport routier et l'organisation de la société capitaliste notamment dans le déplacement des salariés par millions tous les jours. A force de chercher le territoire qui donne le plus de subventions et la main d'œuvre la moins chère on arrive à tous ces déplacements inutiles qui n'ont qu'une justification le profit. Si incontestablement des progrès ont été fait en matière d'économies énergétiques au niveau des constructions il reste beaucoup de progrès à faire. Combien de maisons de retraite par exemple sont exposées plein sud et n'ont pas un seul arbre devant la porte pour l'ombre. On a vu les conséquences pendant la canicule. La folie des verrières dans les bâtiments publics entraînant la climatisation généralisée est une catastrophe pour l'énergie, le climat mais aussi la santé humaine. Reste que nous sommes entrées dans la société post-pétrolière et que nous devons donc développer d'autres ressources énergétiques. Le solaire : dans nos régions il pourrait, il devrait être beaucoup plus développé. C'est une ressource intéressante. Il faut noter que nous pourrions utiliser 200 fois plus d'énergie solaire que celle que nous recevons. Les potentialités sont immenses. Pour l'instant beaucoup se résume aux capteurs pour l'habitat et le fonctionnement de machines. Il est recensé environ 9000 installateurs de chauffaux. Le marché du solaire thermique aurait doublé en 2004. On prévoit une augmentation de 50% en2006 pour être à 1M500 000 M2 en 2010. C'est très bien sauf que le problème est le financement et la fiscalité. En effet cela donne droit à des crédits d'impôt. Je ne vais pas ce soir aborder le problème de la réforme de la fiscalité et des finances des collectivités locales mais tout cela a un lien évident. Jusqu'ou pourrons nous continuer ce bric à brac de financement. L'énergie géothermique vient des profondeurs de la terre (eau chaude). Elle est exploitable quand elle est proche de la surface. C'est une source d'énergie inépuisable qui fournit de la chaleur et de l'électricité. Mais elle a un coût encore trop élevé. De plus il faut trouver les endroits intéressant et en dehors de la Guadeloupe on ne voit pas comment faire. Et pour l'énergie des mers il y a des possibilités mais elles sont limitées en France dans l'immédiat. On pourrait imaginer des éoliennes sous l'eau. Mais cela reste à l'état de projet.

Quant à la biomasse à partir du végétal elle produit de la chaleur. Cette filière du bois est en l état de son exploitation capitaliste de la main d'oeuvre redoutable en terme de mortalité au niveau mondial. Ceci dit il faut savoir que la forêt gagne du terrain en raison de la désertification en France et que les Français se tournent de plus en plus vers les cheminées intégrées pour le chauffage domestique. En ce qui concerne le transport je ne revient pas sur le l'épuisement des ressources pétrolières et gazières La solution va donc vers l'intensification des transports ferroviaires qui nécessitent une production d'électricité comme les voitures électriques et donc une production d'électricité. J'énonce cette évidence car ici ou là on nous parle de possibilités des voitures propres, de transport ferroviaire etc. et de l'obligation de sortir du nucléaire. Mais qui peut fournir l'électricité pour ces modes de transport ? Des économies pourraient être faite en utilisant et développant le fluvial et le cabotage. On pourrait aussi regarder la production de gaz de synthèse à partir du charbon mais le problème de l'effet de serre reste à étudier. Les biocarburants : Il faut savoir qu'1 litre de méthanol produit 75% de moins d'effet de serre que le pétrole. Ce carburant est produit à partir de la canne à sucre mais chez nous plutôt à partir de betterave, mais ou blé. Il existe également de l'huile végétale faite à partir du colza et du tournesol pour les moteurs diesel. Si je suis bien renseigné leur commercialisation n'est pas légale aujourd'hui surtout pour un problème de fiscalité. Mais cette idée est en train de progresser notamment chez les agriculteurs et le débat ne pourra être éternellement repoussé par des interdictions. L'utilisation de déchets de paille gazéifiée est aussi une possibilité qui avance. L'objectif européen est d'arriver en 2010 à 5,75% de bio carburant et les raffineurs travaillent de plus n plus cette question en voyant poindre là un marché prometteur. Une idée avance sur l'utilisation des jachères à partir des chiffres suivants. On produit l'équivalent de 1,2 tonnes équivalent pétrole à partir de soit 1Ha de blé, soit 1,8Ha de mais ouy3,8 Ha de betteraves. Ainsi la mise en culture de 4 millions d'Ha de jachères permettrait de produire 10millions de tonnes EQP par an .Cela n'est pas négligeable. En ce qui concerne l'hydrogène, ce n'est pas à proprement parler une énergie renouvelable, c'est un vecteur énergétique et sa production d'hydrogène par électrolyse de l'eau, permettra d'ici dix ou vingt ans, de disposer d'un moteur à combustible propre pour le transport.

Quelques chiffres sur le Languedoc Roussillon. Cette région est le 2eme gisement pour l'éolien et représente 44% de la production nationale .C'est aussi 2,3% des besoins énergétiques régionaux. L'essentiel vient de l'Aude et de l'Hérault. La puissance installée est de 105 megawatt sur 12 sites qui ont injectée sur le réseau 326 millions de Kwt rachetée aux producteurs à 8,35 centimes d'Euros.

En conclusion je dirai que la priorité est bien la recherche de la baisse de l'effet de serre et de la prise en compte de la question climatique. Notre souci est un souci écologiste pour l'avenir de la planète et des générations futures. Mais je ne crois pas à un tel avenir dans une économie capitaliste dont le but est la recherche du profit. L'avenir de la planète passe par une politique qui donne la priorité à la réponse durable aux besoins humains sans exclusion aucune. C'est donc d'une alternative politique qu'a besoin le monde et la France. Ce qui est donc à l'ordre du jour sur les énergies renouvelables comme sur les autres sujets c'est bien de mettre en débat l'ensemble de la problématique pour élaborer un programme de gauche de rupture avec l'économie libérale. Débat et élaboration avec toutes les forces progressistes qui le veulent mais aussi avec les citoyennes et citoyens. Et dans le même temps d'élaborer les moyens politiques à mettre en œuvre pour porter ces exigences jusque dans les lieux de pouvoirs.

Marie-Claire CULIE

Développer un nouveau type de croissance dans des rapports homme-nature différents.

le 23 September 2005

ALAIN Obadia, membre de Comité exécutif national du PCF coordinateur du pôle Entreprises-économie-social.

Forum du 23 et 24 septembre 2005.

Je souhaite intervenir sur le nouveau type de croissance que nous voulons et sur le fait que l'on doit prendre me semble-il, les problèmes de la rareté d'une manière un peu différente de ce qui a été dit tout à l'heure.

Développer un nouveau type de croissance, aller vers un nouveau modèle de développement, c'est fondamentalement pour nous la satisfaction des besoins humains, la satisfaction des aspirations à l'épanouissement humain dans des rapports homme-nature, différents.

C'est à mon sens là-dessus que peuvent se créer la dynamique économique et la dynamique sociale, facteurs de croissance, d'une croissance évidemment tout à fait différente de la croissance actuelle fondée sur la rentabilité financière. Cela a été dit et je ne le développe pas. C'est en fait le théorème de Schmidt qui est constamment réactualisé : les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain, et les emplois d'après-demain et si on généralise au social.

Joseph Stiglitz, qui est l'ancien vice-président de la Banque mondiale, appelait cela la politique des retombées.

Nous savons à quel point tout cela est fallacieux, et porteur de drames humains.

Si nous partons bien sur cette autre conception du développement, nous ne pouvons que constater que les besoins humains sont loin d'être satisfaits dans le monde, aussi bien dans les pays en voie de développement que pour les travailleurs pauvres dans les dans les pays développés. Ils sont loin d'être satisfaits au niveau des infrastructures, des nouveaux réseaux, des services publics, etc. C'est en cela que le débat ne peut être posé entre croissance et décroissance. Il ne peut y avoir de décroissance globale, sauf à décider que l'on accepte des conséquences catastrophiques pour les peuples du monde et dans les pays développés, pour les plus modestes, pour les plus fragiles.

Après, cela ne veut pas dire qu'il ne peut et qu'il ne doit pas y avoir, dans une politique différente, des décroissances sectorielles, partielles. Alain Hayot a cité les dépenses d'armement, mais on peut citer d'autres choses.

Oui, il faut des économies d'énergie, mais pas simplement en suggérant d'éteindre la lumière quand on quitte une pièce. Il faut des économies d'énergie structurelles, intégrées dans le processus de production.

Oui, il faut une montée en fiabilité des produits et des process, même quand c'est opposé à la rentabilité du capital

Oui, il faut des réflexions sur la relocalisation des activités et des transports. Je le prends dans ce sens-là. À mon avis, on ne peut pas dire diminuer, limiter les transports, sinon nous sommes dans une logique à l'envers. Ce qu'il faut, c'est faire en sorte qu'il puisse y avoir des relocalisations d'activités comme cela a été dit tout à l'heure dont la conséquence sera un moindre besoin de transports.

Oui, je pense que l'on peut faire des économies immenses sur les gâchis de moyens financiers dans les spéculations, dans la recherche de la rentabilité, etc.

Dire les choses comme cela montre que nous ne sommes pas sur une ligne de décroissance globale qui aurait des conséquences catastrophiques, mais bien d'une croissance nouvelle, d'un type nouveau, une croissance sociale, solidaire, citoyenne. Une croissance qui tienne compte de nouveaux rapports hommenature.

L'aspect citoyenneté me semble déterminant parce que la notion de démocratie, la notion de nouveaux pouvoirs des citoyens, des salariés dans l'entreprise, est consubstantielle à cette nouvelle manière de voir le développement.

La brochure : Forum pour un développement durable et solidaire

Croissance, décroissance ou nouveau type de développement

le 23 September 2005

Forum des 23 et 24 septembre 2005 - Table ronde 2

OUVERTURE : Alain Hayot membre du Comité exécutif national du PCF en charge de l'Écologie et du Développement durable

Le Parti communiste est au début d'un véritable chantier de réflexion, d'écoute, d'élaboration et d'intégration des enjeux écologiques dans ce qui fait sa raison d'être : un parti de la transformation sociale et du dépassement des rapports capitalistes d'exploitation, de domination et d'aliénation dans un processus d'émancipation des femmes, des hommes et des peuples de notre planète.

À l'origine de cette prise de conscience, il y a le terrible constat dont la première table ronde vient de tracer les contours et qui se résume à une hypothèse grossière mais qui parle d'elle même : il faudrait 4 à 5 planètes si toute la population mondiale produisait et consommait sur le même modèle que l'actuel monde dit développé. Mais il ne s'agit pas seulement d'un constat quantitatif. En effet, la croissance actuelle génère autant de dégâts sociaux qu'environnementaux. C'est ce que ne voit pas le programme actuel dit de “développement durable et soutenable” des Nations unies qui veut s'appuyer sur “une croissance vigoureuse socialement et environnementalement soutenable” sans mettre en cause le type et le contenu de cette croissance.

Dans le premier chapitre du Capital (qu'apparemment beaucoup d'entre nous relisent par les temps qui courent), Marx nous démontre que la croissance matérielle, sa valeur se rapporte non à son usage mais aux rapports sociaux qui déterminent la production et la circulation de la marchandise et il a cette phrase prémonitoire : “À une masse croissante de la richesse matérielle peut correspondre un décroissement simultané de sa valeur”.

Or, penser comme M. Bush que “la croissance est la solution et non le problème”, c'est ne pas voir que le modèle de croissance actuel, capitaliste dans sa phase mondialisée non seulement ne réduit pas la pauvreté mais l'aggrave considérablement.

En 40 ans, malgré une croissance considérable de la richesse produite dans le monde, les inégalités ont explosé : l'écart entre les plus pauvres et les plus riches était de 1 à 30 en 1960, il est aujourd'hui de 1 à 80.

Dans le même temps, les dégâts environnementaux ont atteint des seuils que nous savons et contrairement à une idée reçue ce sont les plus pauvres au Sud comme au Nord qui subissent cette dégradation du rapport à notre environnement naturel. Du “cauchemar de Darwin” à la Louisiane, les similitudes sont impressionnantes.

Le productivisme débridé que nous subissons est modelé par un capitalisme mondialisé qui conjugue parfaitement croissance, inégalités sociales et mise en cause de notre écosystème.

C'est pourquoi si nous avons pris du retard à prendre la mesure du problème, nous sommes convaincus qu'il ne suffit pas de parler de “développement durable” en sautant sur un fauteuil tel un cabri surtout lorsqu'on est le PDG de Total ou le président des USA ; qu'il ne suffit pas non plus de peindre en vert la chambre des enfants de la maison de la gauche qu'elle soit “plurielle” ou “durable”, mais qu'il nous faut repenser le type même de développement et de croissance dans ses finalités comme dans ses modes opératoires Cela suppose impérativement de s'inscrire dans le dépassement des modes de production et de consommation actuel, dans la marchandisation dessinée par le capitalisme mondialisé.

Il nous faut penser un type de développement qui soit capable, parce qu'il combat les diverses formes de domination, de répondre aux aspirations à une planète propre, vivable et respirable, comme à celle d'un monde solidaire garantissant à chaque être humain et à chaque peuple l'accès aux droits sociaux, culturels ainsi qu'aux ressources naturelles. Certains nous disent qu'à la croissance capitaliste il faut opposer une décroissance absolue, mais si celle-ci reste dans le cadre de la marchandisation, elle entérinerait et aggraverait les inégalités actuelles.

Oui, il est nécessaire de penser une décroissance dans certains secteurs dangereux ou inutiles (les armements, les gâchis générés par un productivisme aveugle dans sa recherche du profit maximum) mais il nous faut l'inscrire dans un autre type de croissance, économe des ressources naturelles, répondant aux besoins sociaux de tous, ainsi qu'aux services (éducation, culture, santé, la qualité de la vie et de la ville, de l'ensemble de la population mondiale). Le constat pour nous est clair : un autre mode de croissance et de développement tout à la fois durable et soutenable, social et solidaire n'est possible qu'à la condition de s'affranchir des politiques néo-libérales.

Peut-on défendre l'environnement en faisant des quotas de pollution un véritable marché dominé par les plus riches et favorisant le dumping environnemental ?

Peut-on défendre l'environnement en faisant de “la concurrence libre et non faussée” le credo d'une économie dominée dès lors par les voyous de la mer (Total, Erika et Prestige) comme les voyous de la terre (Metaleurop ou Nestlé ou HP...) ?

Peut-on défendre l'environnement sans faire des services publics le bras armé de cette ambition ; l'eau, l'énergie, les déchets, la défense de la biodiversité sont des biens communs qui doivent échapper comme l'école, la santé, ou la recherche, à la marchandisation ?

Penser un développement durable et solidaire, cela passe par un autre type de croissance orientée non vers la rentabilité financière et la baisse du coût du travail mais vers la satisfaction des besoins sociaux dans une société économe de ses ressources, soucieuse de la qualité de vie pour aujourd'hui et pour demain.

Cela suppose d'investir prioritairement dans la formation et la qualification des individus, dans un aménagement du territoire et un urbanisme soucieux de préserver les écosystèmes et d'économiser l'énergie.

Cela suppose également d'utiliser les gains de productivité non pour accroître les profits, générer des inégalités sociales et des dégradations environnementales, mais pour diminuer le temps de travail, en redéfinir les contenus, sécuriser le parcours d'emploi et de formation, développer la recherche et la démocratie participative afin de penser un développement répondant aux exigences d'égalité et de progrès social pour tous en même temps que garantissant la reproduction des écosystèmes et des espèces vivantes y compris la nôtre.

Cela suppose donc de soustraire le développement et la croissance aux appétits du capital et de faire de l'être humain la finalité d'une économie sociale et solidaire, durable et soutenable.

La brochure : Forum pour un développement durable et solidaire

Pour un développement durable et solidaire

le 23 September 2005

Ouverture de Denis Cohen - reponsable de la commission Développement durable avant le 33ème congrès - forum pour un développement durable et solidaire des 23 et 24 septembre 2005.

« En introduction à cette première table ronde, je voudrais tenter de dégager quatre idées. »

La première, c'est le fait que nous sommes entrés dans une phase qualitativement nouvelle et que l'on ne peut en rester en l'état.

L'activité humaine fait désormais peser des menaces sur le climat au point de poser la question de la survie des espèces, y compris celle de l'espèce humaine.

Nous avons, durant les quarante dernières années, consommé plus d'énergie que celle accumulée depuis l'apparition de l'espèce humaine sur la planète.

L'eau se raréfie au point de mettre en cause les productions agricoles. La biodiversité diminue au rythme de 27 000 espèces qui disparaissent chaque année. À ce rythme, 20 % des trente millions d'espèces animales et végétales disparaitront d'ici quelques décennies. C'est une vague d'extinction sans précédent dans l'histoire de l'humanité.

L'accroissement des risques industriels, la dégradation du cadre de vie urbain et rural pèsent sur la vie quotidienne et la santé des populations. Les pollutions se multiplient au point de rendre l'air irrespirable dans les mégapoles et l'eau imbuvable dans les régions où se pratiquent l'élevage et l'agriculture intensifs.

L'activité humaine dépasse aujourd'hui les capacités de la planète à se régénérer sans pour autant avoir réduit les inégalités. La simple énumération de quelques-unes des questions en débat montre qu'elles acquièrent des dimensions jamais égalées. Nous pouvons dire qu'elles sont devenues des enjeux de civilisation et appellent donc des réponses politiques.

Devant l'ampleur de ces questions, deux mots me viennent à l'esprit : responsabilité et urgence.

Urgence, pour ne pendre que l'exemple du climat car, comme l'indique l'association Sauvons le climat, l'aspect le plus inquiétant est l'inertie du système climatique. Les mesures prises pour réduire l'ampleur du changement climatique ne porteront leurs effets bénéfiques qu'après plusieurs décennies au cours desquelles la température continuera de s'accroître au même rythme que précédemment, sans espoir de retour en arrière avant des centaines d'années.

Autrement dit, si nous attendons de constater les conséquences néfastes du changement climatique pour agir, nous condamnons les générations futures à connaître un climat bien plus dégradé que celui qui nous a décidés à réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

La seconde idée, face à ce constat, est de travailler à l'intervention humaine sur ce champ, le besoin que la politique se réapproprie les questions d'écologie.

Nous sommes conscients des retards que nous avons pris. L'humilité nous oblige à reconnaître que d'autres que nous travaillent depuis longtemps, et souvent d'arrache-pied, sur ces questions. Non pas d'ailleurs que de nombreux communistes, de nombreux élus ne soient pas engagés avec sérieux sur ces questions, mais force est de constater qu'il existe un vide laissé par le politique. Vide qui nous interpelle, bien sûr, comme force politique mais aussi et peut-être surtout en tant que force communiste.

Les inégalités, les flux migratoires, les famines, les guerres, sont en effet autant de combats qui fondent l'identité communiste.

Or, la raréfaction des ressources naturelles, comme le pétrole, conduit à des tensions géopolitiques et des conflits régionaux. Les pénuries d'eau engendrent déjà de vives tensions entre États. Le Jourdain, par exemple, qui traverse le Liban, la Syrie, Israël et la Jordanie, donne lieu à des affrontements d'une grande âpreté. L'eau devient un bien de plus en plus rare. La quantité d'eau disponible par tête est passée de 12 900 m3 en 1970 à moins de 7 000 aujourd'hui et descendrait à 5 100 m3 en 2025.

Cela ne résulte pas seulement d'une inégale répartition des ressources naturelles.

L'inégalité en matière d'accès à l'eau - comme d'accès à l'énergie - est probablement le signe le plus criant de la fracture Nord-Sud. Aujourd'hui, 1,1 milliard d'êtres humains n'a pas accès à une eau salubre ; 1,6 milliard d'êtres humains n'a pas accès à l'énergie autrement que par le bois de chauffe.

La disparition accélérée de nombreuses espèces végétales et animales, sous la pression humaine, concerne directement l'agroalimentaire, la pharmacologie et sous-tend des enjeux vitaux pour l'humanité, la sécurité alimentaire, la santé...

Le réchauffement climatique est susceptible de devenir une cause majeure d'instabilité géopolitique à cause des pressions migratoires et des transferts d'activités qu'engendreront ses conséquences.

Lorsque l'on regarde ce qui vient de se passer aux États-Unis, comment ne pas se dire qu'il s'agit bien de questions de classe. Ce sont là des questions bien trop sérieuses et bien trop lourdes pour ne 4 reposer que sur les Verts.

Sans doute certains aspects culturels pèsent sur notre engagement. Comme pour le féminisme, la hiérarchisation des terrains de lutte renvoyait à un “après” la réponse à ces questions.

Au-delà, n'avons-nous pas nous-mêmes accrédité l'idée, en parlant de “force de gauche et écologiste”, que les partis de gauche n'avaient pas vocation à intégrer ces questions dans leur projet et leurs pratiques, que l'alliance avec ceux qui font de l'écologie un programme suffisait ?

La troisième idée est que ces questions sont un terrain de lutte et de rassemblement. Je pense même que, devant de tels enjeux, de nouveaux rassemblements sont possibles.

La situation rend caducs les traditionnels clivages, au demeurant stériles, entre partisans du progrès scientifique et technique et défenseurs de la nature.

Des résistances se font jour contre la marchandisation du monde. Ce sont toutes les initiatives en faveur d'un “autre monde possible”, forums sociaux, manifestations contre l'OMC, le G 8, la guerre d'Irak, mais aussi celle contre le démantèlement de la protection sociale, contre les marées noires... Celles-ci témoignent de la prise de conscience par les mouvements sociaux de l'étroite relation entre social et écologie, entre la reconstruction des instances internationales, l'annulation de la dette des pays en voie de développement ou émergents, la défense des services publics, l'instauration de droits nouveaux pour les salariés.

Bien sûr, le résultat de ces luttes n'est pas sans contradiction.

Ainsi, la notion de développement durable est souvent perçue par les milieux populaires comme le nouveau “cache sexe” de l'exploitation et de la domination capitaliste, mais l'engagement des multinationales, du gouvernement, même s'ils tentent de l'utiliser à des fins de communication, découle avant tout de ces luttes et rassemblements.

La meilleure façon de peser sur ces lignes de force n'est-elle pas de donner un contenu transformateur à cette notion pour en faire un des leviers du dépassement du capitalisme ?

Je crois que nous y contribuons déjà lorsque nous nous mobilisons pour une autre utilisation de l'argent, public ou privé, ou encore pour la transformation des institutions.

Nous y contribuons à travers la défense des services publics, à travers notre action pour les biens publics mondiaux que sont l'eau, la santé, l'éducation, l'énergie, les droits sociaux et humains.

Nous y contribuons également en recherchant, au travers de la construction de l'Europe des peuples et du progrès, un point d'appui pour faire prévaloir au niveau du continent un autre modèle de développement, soucieux des hommes et de leur environnement.

Nous pouvons contribuer à faire grandir l'idée de ce que devrait être une politique agricole commune à 25, fondée sur la qualité et la diversité des productions.

Une politique énergétique basée sur l'indépendance énergétique de l'Union européenne, le respect des engagements de Kyoto, l'harmonisation des normes environnementales.

Une politique de transport favorisant le ferroviaire et les transports collectifs.

Une politique de recherche en général, environnementale en particulier. Promouvoir les services publics pour répondre aux droits les plus fondamentaux.

Contrôler les multinationales notamment par des droits nouveaux pour les salariés et leurs organisations syndicales.

La quatrième idée est que la planète est déjà malade du capitalisme.

Une des forces du capitalisme a été de tout temps d'intégrer à son profit les nouveaux défis en ouvrant de nouveaux marchés dans une recherche constante de rentabilité maximale. Avec lui, tout devient marchandise, tout ce qui est humain, un coût.

Le chacun pour soi et la concurrence sont érigés en modèle. Il en est de l'environnement comme du reste. L'environnement est devenu un nouveau marché. Cette fuite en avant ne va faire qu'aggraver les inégalités. Le fossé entre les pays riches et les pays pauvres va s'approfondir et les inégalités dans les pays développés se creuser.

La recherche de rentabilité à court terme conduit à des déstructurations massives, des reculs sociaux qui handicapent les possibilités de développement et invitent à de nouveaux reculs, à de nouvelles impasses pour préserver coûte que coûte les possibilités de profits financiers à court terme. Le capitalisme tente d'utiliser à ses fins une mondialisation à laquelle il s'efforce de donner un contenu conforme à ses besoins. Comment par exemple analyser les permis de polluer qui, tout en visant à réduire les rejets de gaz à effet de serre, marchandisent l'atmosphère ?

On pollue et on épuise toujours davantage, au point maintenant de dépasser les capacités d'autorégulation et de régénération de la planète. Cet élément pose d'une façon nouvelle à la fois :

la crise du capitalisme et sa mise en accusation ;

le besoin de réponses communistes aux enjeux de civilisation et nos efforts de créativité pour y répondre.

La brochure : Forum pour un développement durable et solidaire

|Forum pour un développement durable et solidaire de la planète |Marie-George Buffet|

le 23 September 2005

Chers amis, chers camarades, Voilà déjà plusieurs décennies que la question environnementale a fait irruption dans la société et dans le débat politique. Il faut reconnaître qu'elle n'a pas toujours été considérée comme elle aurait dû l'être, à commencer sans doute par nous-mêmes, ici, au Parti communiste français. (...)

Voilà déjà plusieurs décennies que la question environnementale a fait irruption dans la société et dans le débat politique. Il faut reconnaître qu'elle n'a pas toujours été considérée comme elle aurait dû l'être, à commencer sans doute par nous-mêmes, ici, au Parti communiste français.

Nous avons longtemps pensé que la question écologique serait réglée presque mécaniquement une fois le capitalisme dépassé, et nous avons considéré cette question comme secondaire. C'est lorsque nous avons compris que l'ensemble des luttes émancipatrices participait de notre combat de libération que nous avons commencé à mieux prendre la mesure des problèmes. La conscience de la gravité des enjeux progresse aujourd'hui considérablement, mais force est de constater que les réponses apportées peinent à en prendre la mesure. La question est pourtant cruciale tant pour les conditions de vie actuelles des hommes et des femmes que pour l'avenir. Le développement de l'humanité ne peut se concevoir dans la dégradation de son cadre de vie et la destruction de son bien commun : la planète. Etablir un diagnostic précis est indispensable à la compréhension des mécanismes qui sont à l'œuvre. L'heure est aujourd'hui à la définition des fondements d'une politique écologique qui s'attaque aux racines des problèmes, une politique écologique qui n'utilise pas comme instrument d'action la discrimination sociale mais s'attaque elle aussi à la réduction des inégalités, une politique écologique qui remet en cause l'ordre établi par le marché, le dogme productiviste et la loi de l'argent. Résolument, nous devons réfléchir aux conditions d'une croissance de type nouveau qui place en son sein le développement durable et solidaire, le développement responsable de l'humanité.

Il y a urgence. Pas un jour ne se passe sans que l'on évoque les graves difficultés qui se présentent devant nous, dans les dizaines d'années à venir. Avec le nouveau choc pétrolier et la perspective d'un épuisement progressif des ressources planétaires, le débat sur la question de l'énergie a pris un tour nouveau. Cela renforce la nécessité de travailler à la fois sur les énergies renouvelables et sur les énergies non-productrices de gaz à effet de serre, de façon à ce qu'elles deviennent propres et durables. Je sais qu'il y a un débat sur le nucléaire -et notamment sur les déchets produits-, en toute transparence et sans anathèmes, menons-le. En tout cas, la perspective d'un épuisement de ces ressources indique que nous sommes au seuil d'un changement de société majeur auquel nous devons nous préparer. Mais on pourrait citer également les dégâts récents dus aux choix d'aménagement du territoire, ou les nombreux problèmes touchant au vivant (OGM, vache folle, grippe aviaire...). Dans chacun de ces domaines, il ne suffit pas de constater les symptômes et de passer directement à la phase des remèdes. Il faut mettre en lumière les racines du mal et s'y attaquer. Que constate-t-on au cœur de tous ces maux qui mettent en danger l'avenir de la planète et donc de l'humanité ? La mondialisation capitaliste est en train d'étendre un mode développement dont on connaît les conséquences environnementales.

Ainsi, nous savons que le pillage du sous-sol est organisé par des multinationales aux bénéfices mirobolants, et nous savons aussi qu'elles pèsent de tout leur poids contre l'émergence de nouveaux types de véhicules et l'exploitation d'autres sources d'énergie. Nous savons que la spéculation immobilière sauvage menace les équilibres sur le territoire et dégrade le cadre de vie. Nous savons que la recherche est orientée massivement vers l'amélioration de la rentabilité quel que soit le coût environnemental. Nous savons que derrière l'utilisation des OGM se cache la mainmise de grandes multinationales sur l'ensemble du monde agricole. Nous savons que la disparition de services publics, la baisse massive du nombre d'agents de la fonction publique, la réduction des missions de l'Etat réduit massivement les capacités d'intervention positives. Nous savons que les choix opérés prennent favorisent cette course à la rentabilité et l'opacité au lieu de mettre la démocratie au cœur des processus de décision pour que l'humain soit au centre des enjeux.

Refuser de s'en prendre à ce système, c'est renoncer à peser réellement sur le cours des choses. Il faut donc penser ces enjeux comme fondamentaux dans un projet de société et définir des politiques publiques réellement audacieuses.

Tout d'abord, je voudrais poser un préalable. Celui du développement. Nous voulons que l'humanité continue à se développer, à élever son niveau de vie et de bien-être. En un mot à grandir. Et j'ajoute immédiatement que cela n'est pas contradictoire, ou en tout cas, ne doit pas l'être, avec la protection de l'environnement. Fondons la croissance sur de nouveaux objectifs et de nouveaux critères : sociaux, humains, environnementaux. C'est ce que nous appelons le développement durable et solidaire. Il ne sert à rien d'opposer le développement des uns à celui des autres, comme le propose la mondialisation capitaliste, tant sur le plan social et économique qu'environnemental. Dire tout cela, cela ne traite pas entièrement le problème posé par beaucoup, de la surconsommation et du productivisme. Sur cette question, je crois qu'il faut faire preuve d'un peu de nuance. La surconsommation, y compris dans nos pays dits développés n'est pas le fait de tout le monde, et certainement pas le fait de la majorité. Trop de besoins humains ne sont pas satisfaits pour qu'on pose la question en ces termes. Plus. La qualité des produits doit être accessible à tous, elle doit être une ambition qui touche l'ensemble de la production. Toute politique n'ayant pas en tête cette visée ne sera pas à la hauteur des défis écologiques et aggravera les stigmates d'une société à deux vitesses. En revanche, je crois nécessaire de poser la question de sens qui interroge sur la finalité de la production, sur son utilité, autant que sur son mode et sa qualité.

En réalité, la seule manière de garantir que ce qui se fait respecte l'homme -et donc également la nature-, la seule manière, en fait, de garantir l'intérêt général face aux intérêts particuliers et de court terme, c'est que partout les choix soient maîtrisés par les hommes et les femmes eux-mêmes et ne soient pas confisqués par quelques uns. C'est la démocratie. Pour ce qui concerne les biens communs de l'humanité correspondant à des besoins fondamentaux des êtres humains, c'est le plus haut niveau de propriété commune qui doit être requis. Pour l'eau, pour l'énergie, ce doivent être des services publics, articulés entre eux qui doivent en assurer une gestion démocratique et permettre à la fois l'accès de tous aux mêmes droits et la préservation maximum de l'avenir. C'est trop important pour qu'on le laisse à la loi des marchands. Je pense également aux transports, nous voyons bien leur caractère stratégique pour le développement durable comme pour le droit fondamental des hommes et des femmes à se déplacer. Mais nous savons que les enjeux environnementaux, comme les enjeux sociaux sont partout. Et c'est pour cela qu'il faut travailler à de nouveaux types d'entreprises, dans lesquelles, les salariés, les usagers, les citoyennes et citoyens, les élus prennent part aux choix essentiels.

En somme, pour faire face, il y a besoin de dépasser le capitalisme, de transformer radicalement l'ordre existant et les rapports sociaux. Il y a urgence à y travailler fermement. Disant cela, je ne repousse pas aux calendes grecques le moment d'apporter les réponses aux défis de la planète. Bien au contraire. Je voudrais situer l'urgence d'engager des processus de transformation sociale audacieux. Et cela ne dispense pas de mener dans les conditions actuelles les combats nécessaires. Les deux sont indissociablement liés. Définir de nouvelles pratiques industrielles, fixer des objectifs écologiques à la production, développer la recherche, fournir un effort inédit pour le ferroutage...

Chers amis, chers camarades,

Ce ne sont pas de petites questions qui nous occupent. C'est simplement la question essentielle que tout homme et toute femme se posent : quelle société, quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? Quel avenir préparons-nous ? De plus en plus, ce n'est plus seulement de l'avenir que nous parlons, mais du présent. Il faut apporter les réponses nécessaires, vite et fort. L'aspiration à un développement durable et solidaire, à un développement responsable est grande. Elle doit se traduire concrètement par des actes et des choix politiques. Je voudrais remercier Alain Hayot et l'ensemble de la commission environnement d'avoir organisé ce forum de réflexion. Je voudrais également remercier tous ceux et celles qui vont y participer. Je crois que dans cette période intense, nous avons besoin de poursuivre le débat politique de fond, de débattre de l'alternative progressiste qu'il faut opposer à la droite. La gauche se trouve face à des questions cruciales. Elle doit tirer les leçons de ses échecs passés. Elle doit en finir avec la politique du « moindre mal » et la résignation, elle ne doit pas s'accommoder du libéralisme qui peu à peu fabrique une société tribale, où la seule valeur qui pèse est l'argent. Elle doit proposer un vrai changement, ouvrir des horizons, répondre concrètement aux attentes. Ce sont des chemins de courage, qui conduisent à affronter l'adversité. Mais sans doute les seuls possibles, au regard des enjeux et les seuls valables au regard de la dignité humaine. Ce sont ces chemins là qu'il faut emprunter pour construire un co-développement durable et solidaire. La garantie de cette gauche là, c'est que le peuple s'en mêle, c'est que les hommes et les femmes eux-mêmes en soient pleinement les acteurs. La politique n'est pas une affaire de spécialistes ! C'est pour cela que le débat de la gauche doit se faire sur la place publique. Nous avons vu, lors du dernier référendum, combien la dynamique populaire est puissante, combien elle est capable de faire bouger les rapports de force. Cette dynamique qui s'est exprimée, nous pensons qu'elle ne doit pas être sans lendemains, qu'elle doit se traduire au pouvoir dans une nouvelle manière de gouverner, et pour un projet qui change vraiment la vie. Changer la vie, voilà notre seul objectif. C'est pourquoi, nous avons besoin de parcourir ensemble le champ des défis posés et des réponses à construire. Partout en France se tiennent des forums, des rencontres réunissant largement des hommes et des femmes pour bâtir ensemble un projet qui réponde enfin aux attentes et aux aspirations. Le 26 novembre prochain, nous tiendrons un grand forum national pour faire un point d'étape. Je vous invite à venir y porter votre pierre. Face à la pédagogie du renoncement et aux chantres de la résignation, il y a besoin de créer des espaces pour inventer, espérer, construire. C'est ce que nous nous efforçons de faire, pour que la gauche soit à la hauteur et pour que change vraiment la vie.

Je vous remercie.

La brochure : Forum pour un développement durable et solidaire

Le constat, aussi terrible soit-il, ne doit pas conduire à la paralysie de l'action avec la prophétie du chaos.

le 23 September 2005

Yves Dimicoli, membre du Conseil national du PCF, responsable de la commission « Economie-social-Finance ».

Forum du 23 et 24 septembre 2005.

Le constat, aussi terrible soit-il, ne doit pas conduire à la paralysie de l'action avec la prophétie du chaos, mais à le prévenir en appelant à la mobilisation la plus large pour un changement de logique. Encore faut-il éclairer sur le fond de cette logique prédominante. Je veux à ce propos souligner deux enjeux importants.

1. Dans les processus en cours, il y a des ambivalences.

Certes, le monde encoure de graves périls et on voit l'ampleur des gâchis humains, environnementaux, matériels et financiers engendrés par une utilisation des progrès technologiques telle qu'ils se retournent en risques de barbarie contre l'humanité. Mais il y a aussi de formidables promesses avec l'émergence de nouveaux domaines, l'apparition de potentiels de productivité nouvelle colossaux qui, utilisés autrement, permettraient de frayer les voies d'une autre civilisation. Gardons-nous de toute vision unilatérale qui pourrait nous faire sombrer dans un pessimisme historique noir. Il y a une lutte dans les ambivalences de la situation. Et cela exige d'intervenir pour conjurer les périls, faire reculer les facteurs de risque, promouvoir une maîtrise sociale nouvelle, du local au mondial, sur les potentiels de progrès.

2. Tous ces processus ambivalents sont dominés par la logique de rentabilité financière et le marché financier.

Ce totalitarisme de la finance exprime et accompagne l'impératif de rendre le maximum d'argent aux actionnaires. Cela renvoie à l'irresponsabilité sociale, territoriale, environnementale, nationale, européenne et mondiale des grandes entreprises qui cherchent à répondre, pour la rentabilité financière, aux formidables défis de la révolution informationnelle. Cela engendre un extraordinaire gâchis de ressources financières, le rejet dans le chômage et le sous-emploi de centaines de millions d'êtres humains, une insécurité sociale et environnementale grandissante. En 2003, les grandes entreprises du CAC-40 ont réalisé 35 milliards d'euro de profits. En 2004 cela a atteint 60 milliards d'euro. Pour le seul premier semestre 2005 on comptabilise déjà 40 milliards de profits et 22 milliards d'euro reversés en dividendes. Au-delà des seuls profits, il faut voir la totalité des ressources mises chaque année à la disposition des entreprises non financières incluant aussi les fonds publics distribués et les emprunts réalisés auprès des banques et sur les marchés. Depuis le début des années 2000, cela représente en moyenne, selon les comptes de la Nation, l'équivalent de deux fois le budget total de l'Etat. Et plus de la moitié de cette manne sert à payer des dividendes aux actionnaires, des intérêts aux créanciers et à faire des placements financiers.

Il y a donc une logique qui pousse à une utilisation de toutes les ressources matérielles, financières, naturelles et humaines par les grandes entreprises pour augmenter encore et toujours plus la rentabilité financière des capitaux, contre les besoins de sécurisation et de développement de toutes les populations et au détriment de la qualité de leur niche écologique, la Terre.

C'est cette logique qui s'oppose aux besoins de révolution énergétique, de révolution écologique et conduit à traiter de la pire des façons les défis de la révolution démographique. C'est d'elle qu'il faut chercher à s'émanciper en visant une ambition historique de dépassement progressif du capitalisme. Cela pose la nécessité d'une réorientation des politiques d'Etat et de leurs unions. C'est particulièrement vrai s'agissant de l'Union européenne et du rôle qu'y joue la Banque centrale européenne. Mais cela pose, inséparablement, la nécessité d'une tout autre gestion des entreprises.

L'enjeu est bien de les soumettre progressivement, par la conquête de pouvoirs nouveaux d'intervention des salariés, des citoyens et des élus, comme par l'avancée de critères d'efficacité sociale, alternatifs à ceux de la rentabilité financière, à de nouveaux buts sociaux de sécurisation et de promotion des salariés, des populations et de leur environnement.

La brochure : Forum pour un développement durable et solidaire

Forum pour un développement durable et solidaire

le 23 September 2005

Une brochure regroupant l'ensemble des interventions et des questions soulevées...

ACCUEIL DES PARTICIPANTS ET OUVERTURE DES TRAVAUX :

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF

l. Les enjeux

PREMIÈRE TABLE RONDE. QUEL AVENIR POUR LA PLANÈTE : UN TERRIBLE CONSTAT

OUVERTURE : Denis Cohen, membre du Conseil national du PCF, responsable de la commission Développement durable

Suzan George, vice-présidente d'ATTAC

Christian Ngô, délégué général d'Écrin conseiller au cabinet scientifique du haut commissaire du CEA

Gérard Durand, porte parole de la Confédération paysanne

dans le débat

Yves Dimicoli, membre du Conseil national du PCF président de la commission Politique économique et sociale

Claude Aury, représentant le Mouvement national de lutte pour l'environnement

DEUXIÈME TABLE RONDE. CROISSANCE, DÉCROISSANCE OU NOUVEAU TYPE DE DÉVELOPPEMENT

OUVERTURE : Alain Hayot, membre du Comité exécutif national du PCF, chargé de l'Écologie et du Développement durable Jacques Attali, économiste, écrivain

Francine Bavay, vice-présidente du Conseil régional d'Île-de-France, Les Verts

Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT

dans le débat

Bernard Guibert, responsable de la commission économique nationale des Verts

Alain Obadia, coordonnateur du pôle Entreprises-économie-social à l'exécutif national du PCF

TROISIÈME TABLE RONDE. QUELLES SOLUTIONS ALTERNATIVES AU LIBÉRALISME COMME AU PRODUCTIVISME ?

OUVERTURE : Luc Foulquier, ingénieur, chercheur en écologie

Philippe Corcuff, sociologue, co-auteur de Écologie et socialisme - Syllepse

Corine Lepage, ancienne ministre de l'écologie, animatrice de CAP21

André Chassaigne, député communiste du Puy de Dôme

dans le débat

Manuela Gomez, coordonnatrice du pôle Ville-territoires-développement durable à l'exécutif du PCF

Yannick Jadot, directeur des campagnes de Greenpeace-France

2. Les chantiers

CLIMAT, ÉNERGIE, TRANSPORTS, PENSER LA SOCIÉTÉ POST-PÉTROLIÈRE

Sandrine Mathy, administratrice du Réseau action climat France

EAU, DÉCHETS, ÉNERGIE, PROTECTION DE LA NATURE, BIODIVERSITÉ : L'EXIGENCE D'UNEMAÎTRISE PUBLIQUE

OUVERTURE : Jacques Perreux, vice-président du conseil général du Val de Marne délégué à l'Eau, à l'Environnement, au Développement durable

COMPTE-RENDU : Marie Claire Lamoure, journaliste à la Vie ouvrière

OGM, PGM, POUR UNE AGRICULTURE NON PRODUCTIVISTE ET UNE ALIMENTATION DEQUALITÉ

OUVERTURE : André Chassaigne, député communiste du Puy de Dôme

COMPTE-RENDU : Claude Seureau, biologiste, maître de conférence honoraire à l'Université Pierre et Marie Curie-Paris_6

RISQUES INDUSTRIELS, RISQUES SANITAIRES, ENJEUX TECHNOLOGIQUES ET SOCIÉTÉ

Luc Foulquier, ingénieur, chercheur en écologie

POUR UNE ÉCOLOGIE URBAINE, QUEL DROIT ÀQUELLE VILLE ?

Makan Rafadtjou, architecte, urbaniste

ÉDUCATION, RECHERCHE ET ENVIRONNEMENT Marc Guégan, directeur de l'ASTS

Conclusions d'Alain Hayot

une politique énergétique pour la France

le 14 September 2005

Avant 2050, la Terre pourrait compter environ 3 milliards d'habitants de plus qui naîtront essentiellement dans les pays en voie de développement. Ils auront besoin d'énergie. L'Américain moyen consomme environ 13 fois plus d'énergie qu'un habitant de l'Afrique subsaharienne. La réduction de la misère à l'échelle planétaire passe par la réduction des inégalités énergétiques. Ce besoin de « justice énergétique » se fait sentir également au sein même des pays développés. En France, les écarts de consommation moyenne par habitant entre les villes de Neuilly et d'Aubervilliers ne sont pas acceptables. Les uns gaspillent, les besoins élémentaires des autres ne sont pas satisfaits. L'énergie est une nécessité vitale pour tous les habitants de la planète. Elle doit être un droit pour tous. La satisfaction de ce besoin universel implique une solidarité entre les pays dans le monde.