Commission énergie du Parti communiste français

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Le NON qui déverrouillera L'Europe

Par Henin Jacky, le 30 September 2004

Le NON qui déverrouillera L'Europe

EDITORIAL
Le référendum sur le projet de traité constitutionnel  n’est pas un référendum comme un autre.
L’enjeu est colossa l. Il s’agit de savoir, si les vingt-cinq peuples qui forment l’Union européenne vont êtr e soum is pour des décenn ies à une Const itut ion qui instaur e les principes du ca pitalisme le plus sauvage comme Loi fon damenta le. Ou, si pour la première fois, le mécanisme infernal de construction, d’une Europe ultralibérale pourra être enrayé, permettant ainsi, de commencer à bâtir une Europe sociale et solidaire.
Ce projet de tra ité const itut ionne l, n’a pas la même natur e que les tra ités qui ont jalonné l’histoire de l’Union eur opéenne . Tout acte législatif, toute décision politique ou économ ique, qu’il soit national ou eur opéen devra res pecter la const itut ion.
Salariés du privé, agents des services publics, artisans, agriculteurs, sans-emplois, retraités, étudiants… nous sommes tous menacés, dans nos projets d’avenir, dans notre mode de vie, par cette Constitution. Elle est fondée sur le dogme de « la concurr ence libre et non faussée » sur lequel la Commission s’app uiera pour faire res pecter les « liber tés de mar ché », et l’indépendance de la BCE.
Ces deux principes fondateurs d’une économ ie capitaliste hyper-libérale tra versent tout le texte de manière obsess ionne lle.
Ainsi, la Constitution structure un ordre social et économiqu e qui permettra d’attaquer – via la BCE, la Commissi on europée nne et la Cour de justice europée nne – toute politique d’alternative écono miqu e, social e et toute avancée des droits permettant aux citoyens et aux salariés d’intervenir dans les entreprises pour l’efficaci té sociale.
A titre d’exemple, le système de financement de l’industr ie cinémato graph ique frança ise sera it mis en cause ou encor e toute forme de taxation des transact ions financières, comme la taxe Tobin, sera it rendue illégale car contra ire à la liber té de circulation sans entra ve des capitaux. L’officialisat ion const itut ionne lle de la concurr ence fiscale, conjuguée avec la mise en concurr ence acharnée entr e tra vailleurs , l’inst itut ionna lisat ion du res pect des diktats de l’OMC, démultiplieront délocalisations intra et extra eur opéennes et dumping social.
Les tenants du « oui » affirment que la Const itut ion Giscar d est le texte le plus social jamais écrit en Europe et que les ser vices publics n’y ont jamais été auss i bien défendus.
Pour tant , au « droit à l’emploi » et au droit « pour tout tra vailleur de par ticiper à la gest ion des entr eprises » figurant dans la Const itut ion frança ise sont opp osées la  « liber té d’entr eprise » et la liber té de mar ché « de chercher un emploi et de tra vailler ».
Le conce pt d’ « économ ie sociale de mar ché » est illusoire quant on sait qu’il fait référence à l’Allema gne et à ses quatr e à cinq millions de chômeurs et aux réformes anti-sociales de Schröder.
Face au besoin de sécurisation de tous les moments de la vie à partir de l’emploi et de la formation, la Constitution institutionnalis e une société de précarité généralis ée. Nous voulons, au contraire, dès maintenant, faire avancer le projet d’une Sécurité d’emploi et de formation pour tous. Ce sont , par exemple, les propositions de morato ire suspens if et de droit de contr epropositions des salariés en matière de gest ion, pour lutter contr e les licenc iements et les délocalisations .
La Constitution ne parle nullement de service public, elle met en avant des « ser vices d’intérêt généra l et ser vices d’intérêt économ ique généra l » pouvant êtr e assumés par des entr eprises privées ou privatisab les sous domination de la renta bilité financ ière. Tous les services publics, même ceux qui relèvent du régalien, sont menacés de déréglementations et de privatisations. Elle met en application les préce ptes de l’OMC en mat ière de ser vices , à l’image du projet de direct ive Bolkeste in. Elle consacr e la mar chandisation de biens publics comme l’éner gie, l’eau, la cultur e, l’éducat ion, la santé etc . Elle restr eint drast iquement les poss ibilités d’aides publiques et inter dit aux entr eprises publiques de bénéficier de financements privilégiés alternat ifs au mar ché financ ier.
Les servic es publics ne doiv ent pas être conçus comme une exception au marché mais ils devraient être au cœur d’une autre construction europée nne. Cela signifie de nou velles entr eprises publiques , de nouveaux éta blissements publics qui soient émanc ipés du mar ché, dans un but d’intérêt commun et d’efficacité sociale.
Un rôle capital est dévolu à la BCE. Elle échappe à tout réel  contrô le parlementa ire. Sa mission essent ielle est , non pas l’emploi, mais « la stab ilité des prix » pour, en fait, protéger la valeur des capitaux. Cette fonct ion de la BCE conjuguée au rat ionnement des dépenses publiques et soc iales, accr oît les pr élèvements financ iers sur les richesses produites au détriment des salaires et du social.
 

l’avenir de l’Europe

Par Henin Jacky, le 30 September 2004

l’avenir de l’Europe

EDITORIAL

Alors que la priorité de la BCE devrait êtr e l’aide à l’emploi et la croissance réelle, sous contrô le des parlements nationau x et européen, en s’appuyant sur les initiatives et les projets décentra lisés des salariés, des citoyens, des élus sur le terra in.
Un fil rouge tra verse l’histoire de la construct ion eur opéenne , du tra ité de Rome en 1957 jus qu’au projet de Const itut ion Giscar d : l’absence de démocratie.
Dès le début de l’élaborat ion du projet de Const itut ion, le choix a été fait d’exclure les peuples au bénéfice d’un processus d’élaborat ion de sommet . Aucun débat préalable n’a eu lieu dans les états membr es, pas même sur la quest ion de l’utilité d’une const itut ion supranat ionale plutôt que celle d’un nou veau tra ité res pectant enfin la souveraineté des différents peuples eur opéens .
Alors que toutes les constitutions démocratiques du monde fixent la répartition des pouvoirs, les valeurs commun es et les droits fondamentaux des citoyens, aucu ne n’inclut, comme le fait le projet Giscard, un programme politique de gouvernement, ceci étant du ressort des gouvernements et des majorités parlementaires. On pourra it résumer la répar tition des pouvoirs par la formu le « Tous les pouvoirs décisifs à la Commissi on européenne, au Conseil européen et à la BCE». En effet, le Parlement européen, seule inst itut ion issue du suffrage universe l direct, n’est pas législateur à par t ent ière, il partage cette fonct ion avec le Conse il des ministres. Seule la Commission a rée llement l’initiative des lois. En fait, les peu ples eur opéens sont dépossé dés de leur sou veraineté .
Les par tisans du « oui » préten dent qu’une « Europe puissance »permettra it de faire face à la domination des Etats -Unis. Le projet Giscard propose tout le contraire, car il intègre totalement l’Europe à l’OTAN, et s’inscrit entièrement dans la politique du FMI. C'est-à-dire, dans le ca dre économ ique voulu par les Etats -Unis. Pour imposer Maastr icht, l’argument , avait été le même : « il faut l’Euro pour contr er le dollar ». On mesur e les résu ltats de cette politique à l’heur e actue lle avec la baisse du dollar et l’Euro for t qui contr ibue à plomber la croissance eur opéenne … Si on avait appliqué le projet de const itut ion dans les années 70-80, Airbus n’aura it pas pu naître, car contr evenant au principe de la « concurr ence libre et non faussée » et donc Boeing sera it à l’heur e actue lle en situat ion de monopo le.
En se plaça nt sous la coupe de l’OTAN, l’Union Européenne, s’interdit tout outil de défense indépendant
des Etats-Unis, et particip e de fait au financement du complexe militaro-industriel américain.
Battr e la Const itution Giscar d, c’est mettr e en échec une forme de construct ion eur opéenne dépossé dant les citoyens de leurs droits démocrat iques, sociaux et écono miques.
Ce n’est ni vers un fédéra lisme super -état ique de cette Const itution, ni vers un retour illuso ire à une souveraineté nationale étr oite qu’il faut avancer, mais vers un confédéralisme de type nou veau.
Dire « non » à la Const itution Giscar d, c’est ouvrir la voie à l’écr itur e d’un nou veau tra ité qui mettra it l’Europe sur de nouvelles bases : une Europe qui parte des besoins des peuples qui la com posent . Une Europe dont les ser vices publics soient un élément moteur , une Europe sociale, donc de développ ement humain, une Europe, confédérat ion de nations unies et assoc iées , qui redonne des pouvoirs d’élaborat ion et de contrô le aux citoyens, aux élus, aux salariés dans une nou velle architectur e d’organisation démocrat ique où la nat ion, peut êtr e un des champs privilégiés où se conjuguent démocrat ie par ticipative et démocrat ie représentat ive. Une Europe de coo pérat ion solidaire, débarrassée du pacte de stab ilité. Une Europe qui réso lument s’atta que au « marché du tra vail » en faisant sienne une politique de sécur ité d’emploi et de format ion. Une Europe de « l’harmon isation sociale par le haut ».
Avec ce référendum, on mesure la responsabilité du peuple français, de la gauche et du Parti communis te français. Si dans notre pays, le non l’emportait, non seulement le projet d e Con stituti on s erait repoussé pour l’ensemble de l’Europe, mais la voie à une réorientation radicale d e la c on str uc t i on d e l’Union européenne serait e nfin ouv erte. Chaque voix comptera. Ce référendum engage non seulement l’avenir de l’Europe, celui de notre pays, mais aussi notre propre avenir individuel.
Jacky Hénin
Député européen GUE/NGL
Membre du Conseil national du PCF

 

Soumettre le Code du travail aux exigences des actionnaires

Par Chicote Sylvian , le 31 March 2004

Soumettre le Code du travail aux exigences des actionnaires

Avec le rappor t de Virville (1) , comme suppor t au projet de loi sur l’emploi annoncée par Chirac, l’objectif du gouvernement est , sous prétexte d’un cou p de « toiletta ge » du Code du tra vail, d’en infléchir son contenu pour répondr e aux exigences patr onales de renta bilité financ ière mise à mal par la crise systém ique. Il s’agit pour y par venir :

  • de franch ir une nouvelle éta pe dans la précar isation des salariés, l’atta que de leurs statuts collectifs et la désta bilisation des droits individuels,

  • de favoriser l’allongement de la durée du temps de tra vail, la flexibilité et l’intens ité du tra vail,

  • de remettr e en cause les prérogatives du parlement , des comités d’entr eprises et de la just ice sur les entr epreneurs . L’examen par thème , et la liaison des propositions entr e elles et au conte xte, permettent d’éviter de tomber dans le piège de la tona lité pragmatique donnée à ces propositions par le rappor teur. L’object if ne sera it, préten d-il que de rendre le code du tra vail plus efficace , plus simple à com pren dre, plus stab le. A plusieurs reprises, de vrais problèmes sont pointés mais pour, à chaque fois, adopter une solution de recul des droits et des pouvoirs des sala- riés. Pour chaque proposition, le rappor t est doucer eux dans l’explicat ion mais d’une extrême violence dans la réa lité des réformes proposées , dans le plus pur style Raffarin.

Il s’agit en fait d’une offens ive généra le, globale, contr e les droits, contr e l’emploi, comme la France n’en a pas connue depuis le régime de Vichy. Dans la cont inuité de l’entreprise de destruct ion des droits sociaux entr eprise depuis deux ans mais avec une visée systémat ique et qui se veut dura ble, au-delà des changements de majorités politiques .

I.VISEES ANTI-SOCIALES

1 .MISE EN CAUSE DES STATUTS COLLECTIFS

A.Supprimer totalement le code du travail pour un maximum de travaill eurs. C’est l’une des propositions les plus grave du rappor t, sans doute la plus pernicieuse . Les travailleurs qui vendent leur force de travail s’appellent des salariés et le code du tra vail const itue leur statut minimum collect if. Ne pouvant suppr imer le code du travail le rappor t propose d’exclure le maximum de tra vailleurs de ce statut en les appelant désorma is tra vailleurs indépendants . C’est ce que visent les propositions 21 et 22 du rappor t avec la poss ibilité offer te aux « usagers » de choisir le statut de tra vailleur indépendant. On change l’étiquette du flacon et donc le contenu juridique, tout en conser vant et en aggravant l’exploitation. Un « tra vailleur indépendant » pourra it tra vailler 50 heur es par sema ine pour 800 eur os et êtr e licenc ié sans aucune garant ie. Des pratiques de ce genr e existent déjà (faux ar tisans du bâtiment , gérants de magasins...), elles sont le plus souvent con damnées par les tribunau x. La loi Madelin abrogée par la loi Aubry avait déjà tenté cela. La loi Dutr eil facilite à nou veau ces man œuvres. Les propositions 21 et 22 permettent d’aller encor e plus loin. Une telle réforme viendrait à point nommé pour l’exploitat ion des tra vailleurs d’Europe de l’Est qui vont bientôt pouvoir circuler librement .

B.Priver d’autres travaill eurs de leurs garanties collectives de branches ou d’entreprise. Avec la proposition 23 qui facilite le marchandage (la fausse sous tra itance) on vide les grandes entr eprises, où des droits ont été con quis, de leurs personne ls et on les affecte dans des PME avec des droits et des salaires inférieurs . Des secteurs comme le BTP tra vaillent déjà comme cela, les majors employant directement peu d’ouvriers relativement à leur chiffre d’affaire. Cela permettra it d’externa liser davanta ge qu’aujourd’hui nom bre de fonct ions des grandes entr eprises.

C.Ces pratiques sera ient encoura gées et garant ies par l’exclusion de l’effectif de l’entr eprise de ces tra vailleurs (A et B) pour les élections profess ionne lles alors que la jurisprudence actue lle tend à les inté grer. (proposition 28).

2. PRECARISATION GENERALISEE

A .Le contrat de projet (proposition 19) . C’est la proposition la plus connue du rappor t.

Actue llement le recours à l’intér im est enca dré, il faut par exemple just ifier d’un réel surcroît d’activité, on ne peut pour voir des postes permanents avec des précaires, le recours est limité à 18 mois…Les textes sont , cer tes , mass ivement violés dans des branc hes comme l’industr ie automob ile mais en cas de recours devant les tribunau x les salariés obtiennent souvent gain de cause . Renau lt vient d’en faire l’expérience en étant con damné par la Cour de Cassat ion le 21 janvier (cont rairement à ce que disent les médias ce n’était pas une première, il y avait déjà eu d’autr es affaires comme Servair). Il s’agit donc pour le Medef de légaliser les pr atiques patr onales actue llement illégales et d’éten dre encor e la précar ité. Il suffirait d’écr ire que le tra vailleur est embauc hé un ou deux ans pour le lancement d’un nouveau modè le et le tour sera it joué. Avec une telle proposition personne n’est plus à l’abri. La lutte contr e l’emploi précaire devient davanta ge l’affaire de tous .

B.Extension des CDD « d’usage » : de Virville avance à pas de loup avec sa proposition 18. Ces CDD d’« usage » sont actue llement réser vés à cer tains secteurs comme l’hôtellerie ou l’audiovisuel (et seulement pour cer tains métiers) . Le rappor teur propose hypocritement d’augmenter (un peu) les garant ies des tra vailleurs ainsi em ployés mais tout en insinuant qu’on pourra it dès lors éten dre les secteurs d’activité pouvant y recour ir.

C.Faciliter les lic enciements :

  • Les propositions 21, 22 et 23 examinées ci-dessus sera ient de plus un facteur extraor dinaire de précar ité puisque l’on peut jeter le tra vailleur indépendant (et la PME) à tout moment .

  • Des lic enciements « négociés » Le rappor t (proposition 17) avance des pistes pour faciliter les press ions exercées sur les tra vailleurs pour obtenir leur dépar t « volontaire ». Défiscalisation des sommes versées à l’occas ion d’une transact ion, et, moyennant un versement à l’Assed ic, octr oi des allocat ions de chômage. Voilà de quoi convaincre ceux qui rés istent : « prend l’ose ille et tire toi ». Avanta ges pour l’employeur : aucune procé dure, aucun motif à donner, aucun risque de procès .

  • Limitation des moyens d’information des CE (propositions 34, 36 et 37)

Il s’agit d’accé lérer les procé dures en permettant au chef d’entr eprise d’imposer son ordre du jour même si le comité estime nécessa ire de reporter d’un mois par exemple l’examen d’un projet.

En même temps il fau drait cac her le plus longtemps possible aux salariés les projets de restructurat ion (fusions, absorption, OPA). Serait ainsi légalisée la pratique cons istant à mettr e les CE devant le fait accom pli. Diminuant d’autant les possibilités de contr e-propositions et d’action des tra vailleurs . Cela sous le prétexte d’éviter aux élus de commettr e des délits d’initiés !

De plus le recours à l’exper t par le CE sera it entra vé par des moda lités devant êtr e autor isées par le patr on, ce qui limitera it l’informat ion donc la com préhens ion des données économ iques et par consé quent les capacités de contr e propositions.

3.DESTABILISATION ACCRUE DES DROITS INDIVIDUELS (propositions 14, 15, et 16)

Non content de s’atta quer aux droits collectifs issus de la loi ou des accor ds collect ifs le rappor t s’atta que auss i aux garant ies nées du contrat de tra vail individuel, dernier étage dans les relations de tra vail avant le niveau zéro de la décision unilatéra le du patron. Seuls cinq points sera ient des garant ies contractue lles obligato ires, les autr es clauses sera ient de simples informat ions pouvant êtr e modifiées à tout moment par le patron. Encor e que les garant ies sera ient toutes relatives puisque :

A .Les points obligatoirement garantis sont très limités, en effet :

la qualification est contractue lle, mais pas l’emploi. En maintenant la qualificat ion on peut donc affecter un salarié n’impor te où, voire le « placar diser ».

la zone géograph ique est contractue lle mais pas le lieu précis, si la zone est la région parisienne on peut êtr e affecté de Ponto ise à Etampes .(1)

les éléments garant is de la rémunérat ion et pas tout le salaire, ces éléments ne sont pas précisés mais on peut craindre pour les primes de toutes sor tes, les heures supp lémenta ires…la durée du tra vail est contractue lle mais au sens « du volume de la prestat ion » et donc les horaires peuvent êtr e changés à tout bout de champ (1)

(1) Sur ces deux points la jurisprudence actuelle n’est pas favorable aux patrons, de Virville se hâte donc de leur donner force de loi. Par contre on remarque que chaque fois que la jurisprudence est favorable aux salariés le rapporteur propose une loi contraire.

B.Les points garantis peuvent aussi être modifiés par l’employeur

Le patron écrit ses propositions au salarié et fixe le délai de réponse , si le salarié n’a pas répondu dans le délai c’est qu’il a refusé et le patr on en tire les consé quences . De Virville est silencieux sur la natur e de ces consé quences , mais nu l d oute q ue le licenc iement est au b out d u processus .

4.DUREE DU TRAVAIL AUGMENTEE, FLEXIBILITE ET TEMPS PARTIEL AGGRAVES

Pas de projet du Medef et de la droite sans une nouvelle phase de la guerr e qu’ils mènent pour l’augmentat ion du temps de tra vail et la flexibilité.

Pour êtr e moins voyantes les 14 propositions de Virville sur ces enjeux figurent dans une anne xe. (ce qui fait donc au tota l 64 propositions) .

Mais il faut remar quer que l’ensem ble du rappor t vise auss i, entr e autr es cibles, la durée et l’aména gement du temps de tra vail.

Les principales propositions sont :

A.La redéfinition du temps de travail. Il s’agit, au delà de la bata ille contr e les 35 heur es, de poursu ivre la guerr e pour l’augmentat ion du temps de tra vail. Cette fois en inventant de nouvelles équivalences par accor d collect if (1). Seraient visés par exem ple les temps de voyages et de déplacements professionnels (comme rciaux, techn iciens de maintenance , ouvriers du BTP…), mais auss i les temps d’attente des routiers ou toutes autr es situat ions .

Equivalences : une partie du temps de travail n’est pas payée sous le prétexte qu’il existe des temps morts, on dira par exe mple que 40 heures de présence équivalent à 35 heures de travail.

B.Supprimer le calendrier de la modulation. La loi oblige à prévoir un calendrier de la variation des horaires dans l’accord, ce qui empêche le tra vail au sifflet, enca dre la flexibilité en en limitant les effets négatifs. Cette obligation de calendrier est très mal res pectée dans la pratique mais les tribunau x ont annu lé les accor ds illégaux (OTIS, Accor d de la Méta llurgie…) de Virville le reconna ît d’ailleurs dans son rappor t. Il s’agit de légaliser les pratiques de Renau lt, Citroen et autr es cons istant , avec un programme fixé par le seul chef d’entr eprise, à faire effectuer beaucou p d’heur es supp lémenta ires à un moment de l’année (non payées) et de mise en chômage techn ique forcé à d’autr es.

C.Forfaits jours. Aggravation du forfait jours par la dispar ition de toute com ptabilisation en heur es, ce qui empêcherait le respect des repos minima. (bonjour la sécurité quan d les spéc ialistes nous appr ennent que 20 heur es de veille équivalent pour la vigilance à un gramme d’alcool dans le sang).

Extens ion du forfait jours aux itinérants non ca dres (comme rciaux, ouvriers et techn iciens de maintenance , laveurs de vitres, livreurs …) afin, comme pour les cadres, de légaliser les d urées de tra vail excess ives de ces tra vailleurs et le non paiement des heur es supp lémentaires.

Sur ces trois enjeux déterm inant de la durée du tra vail : définition, modu lation, forfaits, il s’agit pour le Medef de casser les amen dements obtenus par les députés commu nistes et ver ts lors de la discuss ion des projets de loi Aubry mais auss i la jurisprudence des tribunau x qui veillent à l’applicat ion de la loi mal res pectée par de très nom breux accor ds ou dans la pratique des entr eprises.

D.Travail du dimanche. Allongement de la liste des secteurs d’activité pouvant déroger à la règle du repos dominical (semb lent spéc ialement visées toutes les activités commer ciales de téléph onie et d’internet) et même les chantiers du bâtiment .

E.Congés annuels : la remise en cause du droit de grouper les quatr e premières sema ines de congés (tant pis pour la vie de famille), suppr ess ion de la règle selon laquelle on retient le mode de calcul des congés le plus favorab le aux tra vailleurs , l’écar t entr e les deux modes de calculs (1/10 du salaire annue l ou maintien du salaire) peut parfois atte indre la valeur de deux journées de tra vail.

F.Temps partiel : diverses aggravations dont notamment des facilités supp lémenta ires de recours aux heures com plémenta ires (ce qui pousse à la diminut ion du nom bre d’heur es du contrat de base) qui permettent de flexibiliser davanta ge

II.EFFICACITE PAR LE RENFORCEMENT DU POUVOIR DES ACTIONNAIRES

5.ENCORE PLUS DE POUVOIRS AUX ACTIONNAIRES ET MOINS POUR LE PARLEMENT

Pour garant ir des avancées sociales la quest ion des pouvoirs est primor diale. Le patr onat com prend bien qu’il en est de même pour assur er les reculs sociaux.

Le rappor t propose avec les propositions 43, 44, 3, 4,et 5 de dessa isir le législateur de ses pr érogatives. Il est même suggéré une modification de la constitution sur ce point. C’est dire la volonté du Medef d’empêcher d’autr es majorités parlementa ires de donner d’autr es droits et pouvoirs aux tra vailleurs .

A l’exception d’un minimum de règles qui restera ient d’ordre public les députés ne pourra ient légiférer qu’après l’accor d, ou au moins une consu ltat ion poussée (de Virvile hésite) des « par tena ires sociaux ». Ca peut paraître sédu isant , démocrat ique. Mais c’est l’inverse . C’est comme ça que la droite pratique actue llement . On l’a vu avec les retra ites , avec le recul des droits des chômeurs , avec les interm ittents du spectac le, avec la loi sur la négociation collective. On s’appuie sur des accor ds minoritaires conc lus par des dirigeants syndicaux nationau x ou bien on utilise des accor ds majoritaires mais en changeant le contenu tout en jurant ses grands dieux qu’on les res pecte .

C’est auss i comme cela que Mar tine Aubr y a pratiqué : une première loi positive, l’incitat ion à des accor ds dérogatoires sans créat ion d’emploi, et une seconde loi généralisant les dérogations. D’où les déce ptions.

Les règles pourra ient ainsi êtr e fixées par E.A. Seillièr es, avec la caut ion de syndicats minoritaires au lieu de l’êtr e par les députés élus par l’ensem ble des citoyens.

De plus, un accor d restera it valable encor e deux ans si son contenu devenait contra ire à une loi nou velle.

Pour corser le tout il est également proposé de légiférer par ordonnances de deux manières.

1°) A tout moment pour netto yer le code du tra vail de « ses dispositions désuètes ou dont la pratique révèle le caractère inadéquat ». Or, pour le Medef c’est tout le code qui est désuet et inadéquat.

2°) Et, auss itôt la loi votée , pour répar er les « oublis » du législateur (???); pour tant les exper ts techn iques et le cabinet ministér iels sont très présents dans la préparation des lois, pour quoi sera ient-ils donc plus vigilants après qu’avant le vote ? Il s’agit en fait d’es quiver les débats publics au cours des quels le ministre est souvent tenu de s’expliquer, parfois mis en difficulté et con duit à reculer. Actue llement c’est avec les circulaires que le ministr e donne sa lectur e de la loi, mais les circulaires peuvent êtr e contestées et ignorées devant les tribunau x. La méthode proposée permettra it de durcir une loi par ordonnance .

6 .ENCORE PLUS DE POUVOIRS AUX ACTIONNAIRES ET MOINS POUR LES TRAVAILLEURS ET LEURS ORGANISATIONS

Les propositions 24 à 39 et 45 à 50 visent à mettr e en difficulté l’act ion syndicale, à diminuer les moyens d’action des CE et à éloigner le syndicat des tra vailleurs pour l’affaiblir et le maîtriser.

C’est d’abord la création du conseil d’entreprise com pétent dans les entr eprises de moins de 250 salariés et exerçant les attr ibutions actue lles des DP, du CE et des délégués syndicau x. Cela aboutirait à la diminution de la force globale des trois inst itut ions actue lles. Mais en outr e ce conse il sera it com pétent pour négocier les accor ds d’entr eprise. On suppr ime d’un tra it de plume le pouvoir du syndicat dans la négociation des accor ds pour le remplacer par un pouvoir généra l confié au délégué syndical lui même noyé au milieu des élus, sachant de plus que du fait du mode de scrut in par collèges les élus des syndicats majoritaires sont souvent minoritaires en sièges. C’est un cou p porté à la démocrat ie ouvrière et une tentat ive de bureaucrat isat ion des militants .

Ces risques sont renforcés par :

  • des mandats por tés à 4 ans, ce qui diminue le contrô le des travailleurs sur leurs élus et favorise le maintien de délégués dont les salariés ne sont pas satisfaits,

  • par des élections via le réseau intranet , bel out il mais qui peut ser vir de prétexte pour limiter les contacts (et suppr ime le secr et du vote) ,

  • par la créat ion d’un super délégué de groupe habilité à négocier et à signer les accor ds de groupe,

  • par une définition légale de l’éta blissement distinct qui suppr imera it les instances dans les petits éta blissements de l’entr eprise,

  • par la fusion des budgets fonct ionnement et oeuvres sociales (favoriser la fonct ion œuvres sociales au détr iment du rôle économ ique).

Et par la suppression de l’élection des conseillers prud’homm es qui sera ient maintenant désignés à par tir d’une consu ltat ion de représentat ivité. Cette consu ltat ion est réclamée par les syndicats pour éta blir la représenta tivité par branc he dans le but de faire prévaloir le principe de l’accor d majoritaire. Fillon vient de refuser de faire droit à l’accor d majoritaire à l’occas ion de la loi relative à la négociation collective. Il ne s’agit donc pas de cela. De Virville reprend l’idée de la consu ltat ion mais uniquement , au niveau des propositions concrètes , pour suppr imer les élections prud’homma les. Alors qu’au niveau inter professionne l les élections prud’homma les sont justement adaptées pour mesur er l’au dience des organisations. Encor e un bel exemple de manipulation cons istant à prendre appui sur une revendication pour la dévoyer.

Des « experts » en négociation. D’autr e par t la loi Fillon ayant favorisé les accor ds dérogatoires d’entr eprise on instaur e un préten du « app ui techn ique » à la négociation. Des « exper ts » éclairés viendraient conse iller les négocia- teurs . On sent bien que le Medef est très satisfait du rôle joué par les consu ltants (c hoisis par l’em ployeur mais présentés comme neutr es) lors des négociations RTT. Tellement com pétents et impar tiaux que non seulement les accor ds conc lus avec leur ass istance sont favora bles aux actionna ires mais qu’ils sont souvent illégaux et censurés à ce titre par les tribunau x.

Diminution des pouvoirs des comités d’entreprise. Ces pouvoirs sont déjà très limités puisqu’il ne s’agit que de pouvoirs d’informat ion et de consu ltation. Mais c’est encor e trop. Le rappor t de Virville en veut plus :

La suppr ess ion des comités de groupe au profit des comités européens . Ces comités européens sont une bonne amor ce de ce qu’il faudrait. Mais ils n’ont pas les même moyens de fonct ionnement que les comités de groupe et n’ont aucun pouvoir consu ltat if. Ces comités sont actue llement de simples instances d’informat ion et de dialogue. Le rappor teur propose la suppr ess ion du comité de groupe avec remplacement par le comité eur opéen mais « sans avoir de pouvoir de consultation ».

Outr e la mise en cause des capacités de contr e proposition (propositions 34,36 et 37) le comité sera it à l’avenir privé des informat ions trimestr ielles et semestr ielles sur la situat ion économ ique et sociale de l’entr eprise actue llement obligatoires.

Enfin le CE ne sera it plus consu lté sur les accor ds d’entreprise signés, même par des organisations minoritaires.

7.ENCORE PLUS DE POUVOIRS AUX ACTIONNAIRES ET MOINS POUR LES JUGES

Affaiblir les juges, couvrir les accor ds illégaux, empêcher les actions en just ice, renforcer l’immun ité patr onale.

Les propositions (7, 8, 9, 10, 11, 12, 40, 41 et 42) du rappor t sur ce chapitre sont scanda leuses . Il s’agit de favoriser toutes les illégalités , tous les abus, d’empêcher les victimes d’agir en just ice et d’absoudre les patr ons délinquants .

Un délai de deux mois est proposé pour contester en justice un acc ord illégal. Ce délai est aligné sur le délai existant pour contester un décr et. Voilà l’employeur hissé au rang de ministre. On peut négocier un accor d défavora ble contenant éventue llement des clauses contra ires au droit, mais habilement rédigées . Laisser reposer deux mois. Et voilà l’accor d devenu inatta quable ! Si ce délai existait, jamais les clauses illégales des accor ds RTT (annua lisation, ca dres, pauses , temps de voyages, paiement des heur es supp lémenta ires…) n’aura ient pu êtr e annu lées par les juges, l’affaire étant si com plexe qu’il a fallu du temps pour pouvoir réagir.

Renvoi obligatoire devant une commissi on paritaire d’interprétation avant jugement. Les juges, à tous les niveau x, sont dessa isis de leur pouvoir d’inter prétat ion. Une press ion énorme est ainsi exercée pour infléchir les jugements dans le sens souha ité par les employeurs (et par les signata ires d’accor ds minoritaires). De plus on allonge les délais de jugement , déjà très impor tants , de trois mois supp lémenta ires , de quoi dissuader un peu plus les tra vailleurs de faire valoir leurs droits.

Mise en cause des conseils de prud’homm es avec l’organisation d’un renvoi avant jugement devant la Cour de cassation. C’est la déstructurat ion des principes de l’organisation judiciaire. On nous parle de just ice de proximité mais pour les droits des salariés on centra lise à outrance . On allonge encor e les délais.

Les patrons exonérés des conséquences pécuniaires de leurs fraudes et ill égalités. Les décisions de la Cour de cassat ion ne vaudraient que pour l’avenir, donc toutes les fraudes passées sera ient blanc hies. On triche, on se fait prendre la main dans le sac, on jure qu'on ne recommencera pas et on est pardonné pour le passé au nom de la présom ption de bonne foi accor dée aux actionna ires. Les travailleurs victimes n’aura ient plus de recours .

Prescription de 10 ans pour les actions en indemnisation. Les con damnat ions obtenues ces dernières années par les victimes de l’amiante ou par les militants syndicaux répr imés sur le salaire sont jugées into léra bles par les privilégiés. Il faut en finir.

Suppression de la plupart des sanctions pénales en droit du travail. C’est l’immun ité patr onale. Ne pas payer du temps de travail c’est quoi d’autr e que du vol de travail ? Ce vol est actue llement très peu répr imé, de faibles amen des au maximum. C’est encor e trop aux yeux des capitalistes . Voler un CD dans un magasin ou consommer un repas sans le payer peut valoir la prison, au minimum une for te amen de, consommer du tra vail sans le payer mérite l’absolution tota le.

Le puzzle est maintenant com plet, ce texte est une véritab le incitation à escr oquer les tra vailleurs devient lisible même pour le moins futé des exploiteurs : inter vention de la loi limitée, accor ds dérogatoires d’entr eprise favorisés, rejet du principe majoritaire, mise en place d’un conse il d’entr eprise ou recours à des mandatés dans les PME pour négocier, inter vention d’ «exper ts », remise en cause de la consu ltat ion du CE dans les grandes entr eprises, accor d légalisé au bout de deux mois et valable encor e deux ans si la loi change, pas de consé quences pécun iaires imméd iates en cas con damnat ion de just ice pour non paiement de tout le temps tra vaillé par un salarié.

1. Rapport de Virville : http://www.travail.gouv.fr/pdf/rapdeVirville.pdfHYPERLINK "http://www.travail.gouv.fr/pdf/rapdeVirville.pdf" ou www.humanite.presse.fr/journal/dossiers/ 57/Rapport%20Virville/

DONNEES NOUVELLES SUR L’EUROPE

Par Dimicoli Yves , le 31 January 2004

DONNEES NOUVELLES SUR L’EUROPE

Si on veut lutter efficacement contr e les forces du capital qui, avec la Banque Centra le Européenne , les appareils mis en place et développés par les multinationales et les inst itutions politiques communes au ser vice du capital, sont organisées au niveau de l’Union eur opéenne , il faut absolument viser ce niveau d’inter vention pour une trans format ion sociale de por tée révolutionna ire..

Il ne s’agit pas de refuser la construct ion européenne . Il y a un besoin objectif extrêmement puissant de coo pérat ion très intime au niveau zonal avec la Révolution techno logique informat ionnelle comme le montr e l'avancée de ce mouvement de construct ion zonale à l’échelle du monde entier avec l’Alena , le Mercosur et le Pacte Andin en Amérique latine, l’Asean en Asie. L'Union Européenne const itue, de ce point de vue, la construct ion zonale la plus avancée , même si, en l’état , elle est très contra dictoire.

C’est en relevant ce défi que l'on arr ivera à imposer le res pect d’un développement proprement national et que l’on contr ibuera à la trans format ion sociale dans le monde entier.

Trois grands événements tradu isent l'échec du type de construc tion européenne actue lle, le besoin et l’oppor tunité d'une alternative.

  • Le nouveau cours de la conjoncture mondiale et la fragilisation de l’Europe avec, au cœur, le chômage et la précar ité ;

  • L’agressivité et l’hyper-domination des États-Unis en matière économ ique et monéta ire, techno logique, militaire, cultur elle auss i. Et face à cela l’inca pacité de l’Europe actue lle à se rappr ocher de la Chine, qui com pte de plus en plus, mais auss i des pays émergents et, au delà, du monde en développement .

  • Enfin l'élargiss ement de l'Union Européenne à l’Est pour le 1er mai 2004, lour de d’anta gonismes en l'état actue l de la construc tion, et alors  même que les velléités de construct ion politique ont récemment débouché sur l’échec de la convention à Bruxelles.

Sur ce fond d’exaspérat ion des contra dictions, on voit se multiplier, de la par t des promoteurs -mêmes de cette construct ion, ce qui résonne comme autant d’aveux du besoin d'une tout autr e construct ion européenne :

  • La transgression du Pacte de stabilité ;

  • Les critiques montantes face à l’immobilism e de la Banque Centrale Européenne ;

  • Les critiques face à la Commissi on : cela va de l'es quisse d'un bras de fer entr e le gouvernement Raffarin et les eur ocrates à propos de l'affaire Alstom , à la décision très critiquée prise par la Commission de tra îner le Conse il des ministres européens devant la Cour de just ice européenne pour cause de trans gress ion du Pacte de stab ilité ;

  • Et puis, enfin, c’est le besoin d'une relance de la croissance en Europe qui s'exprime de toute par t jus qu'à la proposition commune faite par Chirac et Schröder.

En réalité un doute impor tant tend à s’exprimer sur la construc tion européenne actue lle comme en témo ignent le récent rejet suédo is ou encor e l’initiative britann ique de repor ter une fois de plus le référendum prévu sur une éventue lle adhésion.

Enfin, dans ce conte xte très chahuté, on voit grand ir le besoin de luttes et de convergences à partir des préoccu pations populaires nationales dans les pays de l'Union Européenne qui, peu ou prou, ont connu tous ensem ble le retour ou la conso lidation de droites populistes et agressives sur la base de l’échec criant des tentat ives social-libérales des années 1980 1990.

Tout cela témo igne de l’urgence et de la nécess ité absolue d'entrer dans cette confrontat ion, alors même que, désorma is tous les résu ltats des politiques nationales et communes mises en oeuvre au nom de la construct ion européenne et de l’eur o sensées régler tous les problèmes , contr edisent durement les promesses faites et les bonnes intent ions proclamées par leurs promoteurs .

 

L'europe face à de nouveaux défis

Par Dimicoli Yves , le 31 January 2004

L'europe face à de nouveaux défis

On a absolument besoin d’une construct ion sociale, politique, économ ique autr e pour la trans format ion sociale en France et pour que soit respecté le niveau national frança is.

Cela va de pair avec l’exigence de coo pérat ions nouvelles très intimes, de concer tat ions très étr oites entr e européens .

Cela exige, une option ferme de rejet de toute forme de domination de la nation, de toute construct ion qui, en Europe, prétendrait empêcher la poss ibilité d’une révolution sociale en France .

C’est ce dont témo ignent , trois grands événements :l’exacer bation des difficultés sociales en France et en Europe ; l’élargissementde l’Europe qui par ticipe de cette exacer bation ; l’échec de la convention qui renforce les dangers inhérents à cette situat ion mais auss i les opportunités pour les luttes et la trans format ion sociale.

L’exacerbation des difficultés sociales en France et en Europe : L’éc hec mass if des tentat ives social-démocrates puis sociallibéra les à la fin des années 1990, leurs tentat ives de jonct ion avor tées avec les chrétiens-démocrates , tout cela a permis l’avènement de droites agressives et populistes engageant une véritable offens ive réact ionna ire.

De par tout , au nom de la sécur ité, de la liber té, de la mobilité, de la com pétitivité, de l’efficacité, de la lutte contr e le chômage, au nom encor e de la défense de la “ valeur tra vail ”, sont lancés des programmes de déma illage des codes du tra vail, de précar isation systémat ique généra lisée, de press ion accrue sur le coût salarial de l’emploi.

Cette concor dance des atta ques et des arguments utilisés pour y faire se résigner les populations, confirme com bien la concer tation entr e dirigeants politiques et patronats est désorma is étr oite en Europe, au ser vice de la domination des marchés. Le capital cherche à s’appuyer sur l’Europe et ,donc, à en faire un nouveau niveau de gouvernance .

En France , Allemagne ou Italie, ces tens ions paraissent par ticulièrement for tes et dura bles.

L’énorme mob ilisation du printem ps 2003 sur les retra ites dans l’Hexagone a buté durement sur l’inexistence de pers pectives politiques à laquelle ont sans doute contr ibué l’insuffisante consc ience des enjeux eur opéens en la matière et la faiblesse du com bat proprement politique pour une construct ion alternat ive .

L’élargiss ement de l’Europe :

L’entrée dans l’Union, à par tir du 1er mai 2004, de huit pays d’Europe centra le et orienta le, plus les îles de Malte et de Chypre, par ticipe de cette exacer bation des difficultés sociales en Europe, poussant le besoin d’une réor ientat ion profonde.

Problèmes économiques et sociaux

1–1) Les conditions de l’adhésion

Les dix nouveaux membr es adhérent avec une dérogation, cela signifie que “ bien que n’adoptant pas encore l’euro, ils s’engagent à mettre tout en œuvre pour l’adopter à terme, lorsqu’ils satisferont aux critères de convergences définis dans le traité.

À une cer taine date après l’adh ésion, les nouveaux Etats membr es intégreront le mécan isme de changes européens “ MCE II ” [système de taux de change fixes – mais ajusta bles qui com porte un cours pivot autour duquel la devise est autor isée à fluctuer de plus ou moins 15%].

Les dix Etats adopteront l’eur o après avoir rempli les critèr es de convergence fixés par le tra ité de Maastr icht, dont les deux ans de par ticipation aux MCE II.

 Une accentuation de l’hétérogénéité de l’Union :

Dans son rappor t sur l’état de l’Union en 2004 l’OFCE indique que “ le rattrapage économique [ent re les pays entrant et ceux déjà membr es] apparaît très lent ”.

Cela s’accom pagne de très for tes dispar ités sociales. En 2002, le taux de chômage moyen des quinze se situait à 7,8% alors que, pour les dix entrants , la moyenne était proche de 15%, variant de 3,3% pour Malte à 20% pour la Pologne.

Quant à la richesse par habitant , elle dépasse les 23 000 euros par an dans l’Europe des quinze, alors qu’elle est à peine supér ieure à 10 000 euros en moyenne parmi les dix entrants . Et cela va de plus de 20 000 euros par an pour Chypre à 7 400 euros pour la Letton ie.

De très gros efforts d’ajustement :

Au contra ire de l’illusion véhiculée sur les effets positifs d’un for t élargissement du débouc hé pour les 15, cette nouvelle intégration ne const ituera it pas, en l’état , une base de relance de leur croissance .

Le CEPII (1) est ime que l’act ivité ne progressera que de 0,05% à l’horizon 2015 suite à l’inté gration de 12 nouveaux entrants , la Rouman ie et la Bulgarie devant entr er en 2007.

Sur tout , il note que “ l’essentiel du choc de l’intégration est ressenti à l’Est : l’Union Européenne dans son ensemble ne serait pas affectée de manière significative par une double libéralisation qui ne touche que 4% de ses exportations ”.

Cependant on sait que, pour cer tains secteurs , les effets pour- raient êtr e ravageurs : agriculture, habillement , chaussur es, cycles, automo bile … Et déjà d’impor tantes délocalisations sont effectuées par les groupes avec de nom breux plans de licenc iements ici.

Mais l’énorme effor t d’ajustement exigé de la par t des nouveaux entrants est cons idéra ble.

En effet, contra irement au Royaume-Uni et au Danemar k, qui appartiennent à l’Union Européenne sans avoir adopté l’eur o, les nouveaux adhérents ne disposer ont pas de clause de sauvegarde. Ils devront donc impérat ivement adopter l’eur o et, pour cela, res pecter les critèr es de Maastr icht.

L’élargissement , dans ces conditions, const itue une vraie gageure car, à l’exception de la Slovénie, le PIB par tête des Peco (2) ne dépasse pas, en parité de pouvoir d’achat, 40% de celui de l’Union Européenne . Ces pays seront donc confrontés à des exigences contra dictoires (3) : se conformer aux critèr es nominaux de Maastricht et converger vers leurs par tena ires européens en terme de niveau de développement .

Ces pays seront donc tenus de mainten ir des politiques monétaires restr ictives pour se conformer aux critèr es d’inflation de Maastr icht avec les risques pour la croissance et l’emploi.

Cette insta bilité pourra it êtr e plus impor tante et conta gieuse à l’appr oche du 1er mai 2004.

De plus, la chute du dollar par rappor t à l’eur o expose fortement les Peco à la concurr ence des pays émergents d’Asie vers les quels pourra ient se délocaliser cer taines de leurs propres act ivités .

Dans ces con ditions un scénar io de crise à l’Argent ine n’est pas à exclure tota lement si l’un de ces pays décidait d’adopter l’eur o avec un taux de change sur-évalué.

Au tota l, on peut penser que l’élargissement dans ces conditions engendrerait de for tes press ions à la baisse du taux de salaire sur toute la zone, sans parler de l’emploi.

On sait, par ailleurs , com bien les pays méditerranéens cra ignent que l’élargissement con duise à la marginalisation accrue de leurs productions du fait de l’intens ificat ion de la concurr ence avec celles des Peco.

De nouveaux facteurs de divisi on entre Européens

L’épisode de la guerr e en Irak, puis l’échec de la convention ont révélé de for tes oppositions nouvelles entr e membr es actue ls et nouveaux adhérents de l’Union.

Ces épisodes ont confirmé la force du sent iment national dans les pays d’Europe centra le et orienta le et le fait que, quan d il s’agit de défense , les Péco se tournent d’abord vers l’OTAN et les Etats -Unis.

Tout cela rend sans doute encor e plus contra dictoire la poursuite de la construct ion de l’architectur e inst itut ionne lle eur opéenne que l’Ouest enten d imposer en l’état à l’Est.

Il semb le bien que dans les Peco existe un for t refus du “ fédéralisme ” ou de la pers pective d’un “ super Etat européen ”.

Cela renvoie, pour par tie, à l’expérience histor ique de ces pays avec l’échec du fédéra lisme en Yougoslavie, en Tchécos lovaquie et sur tout dans l’ex-URSS fédératr ice de tous les pays du CAEM4.

Mais cela exprime auss i une for te inquiétu de face à la perspective d'êtr e à nouveau fédéré par un ensemble dominateur, en l'occurrence le couple franco-allemand.

Cela marche de pair avec un refus net de tout affaiblissement du rôle et des prérogatives des parlements nationau x dans la mesur e même où, pour ces pays, le signe le plus tangible de la dispar ition du tota litar isme est précisément l'émer gence de la démocrat ie parlementa ire.

Il y a donc indiscutab lement des ferments d'anta gonismes nouveaux qui semb lent êtr e très accentués par le choix qui a été fait de l'élargissement .

En effet, l'option qui a été retenue a cons isté à envisager l'élargissement sur le même modèle que les précédents , aux pays du sud de l'Europe dans les années 80 et aux pays nordiques dans les années 90. Sans aucune créat ivité nouvelle le choix a été d'éten dre purement et simplement à l'Est des inst itut ions et des normes conçues à l'Ouest du cont inent sans que celles-ci n'aient pu faire la démonstrat ion de leur efficacité face à la crise systémique, au contra ire.

Or, justement , on exige des Peco d’énormes effor ts d'adaptation très rigour eux avec un dispos itif de "monitoring" capable d'aler ter sur la moindre décimale de dépassement des contra intes imposées , alors que l'Allemagne et la France trans gressent , elles, les règles que s'est donnée l'Union, avec le Pacte de stab ilité.

Cela a pu apparaître d'autant plus insu pportable à ces pays que le projet de const itut ion de Giscar d d’Estaing proposait une recon figurat ion des rappor ts de pouvoirs entr e les grands et les petits États , faisant reculer ces derniers par rappor t à ce qui été éta bli dans le tra ité de Nice.

L’éch ec de la Convention au dernier sommet de Bruxelles place l'Europe face à une situation tout à fait inédite.

L'élargissement tel qu'il va se faire à par tir du 1er mai 2004 va accentuer les anta gonismes de la construct ion inst itut ionne lle de l'Europe existante .

Le conte xte devrait êtr e donc, à par tir de cette échéance , celui d'un grand marché où la concurr ence va êtr e exacer bée.

La guerr e économ ique entr e Européens , et sur le théâtr e européen, devrait redoubler avec la press ion du dollar.

Il est clair que le projet de Const itut ion n'aura it en aucun cas permis de constru ire un dépassement de ces anta gonismes . Il érige en principe fondamenta l la concurr ence sur le grand marché et enten d inscr ire dans le marbr e la logique de Maastr icht.

Mais il paraît non moins clair que le retour au com promis très bancal du traité de Nice risque sur tout d'accr oître la paralysie inst itut ionne lle et politique dans l'Union.

Jacques Chirac a parlé de la nécess ité de créer des "groupes pionniers" à par tir du cou plage franco -alleman d. Et déjà cer tains reparlent de la pers pective d'un con dominium franco -alleman d sur une Europe à plusieurs vitesses .

Mais ce souc i des dirigeants frança is d'arr iver à enfermer l'Allemagne dans une construct ion politique dont ils partageraient avec elle les rennes du pouvoir se heur te cependant aux rét icences des autor ités alleman des. Elles ne veulent pas se cou per des pays de l’Est et veulent avoir les mains libres dans les marchandages bilatérau x avec les États -Unis et le Royaume-Uni.

Pour autant , l'hypothèse d'une construct ion fédérale de l'Europe semble avoir pris du plomb dans l'aile. Mais on enten d déjà des voix se lever préten dant que la situat ion de crise extrême vers laquelle on se dirige va finir par faire prévaloir le "principe de réalité", les Européens comprenant alors , dans le chaos, que la Const itution est absolument nécessa ire.

Comment , dès lors , se positionner ? Faut-il bagarrer pour exiger un repor t de l'élargissement ? Comment inter venir pour que ne finisse par s'imposer une fausse alternat ive : soit, d'un côté , le bond en avant fédéraliste avec une “ const ituante ”, comme le deman dent déjà des socialistes et des ver ts en France ; soit, de l'autr e, l'illusion souverainiste qui peut d'ailleurs êtr e captée par la recherche d'un con dominium franco -alleman d voire-même d’un éventue l “ triumvirat ” avec les britann iques?

Un besoin de convergences de luttes contre-offensives :

L'idée d’un tra ité const itut ionne l n'a pas été du tout abandonnée . Elle est appelée à ressor tir avec, face aux difficultés . Sur une telle quest ion , le positionnement du syndicalime européen sera d’une grande impor tance . Il est à noter que les prises de position de la CES sont pour le moins ambigu. Si elle deman de une "plateforme social e solide" englobant notamment "les droits des travaill eurs, les négociations collectives, les services publics et les services d'intérêt général de qualité" elle a auss i déclaré qu'elle regretta it "vivement que la préparation de la première constitution européenne ait échoué si près du but".

On mesur e en tout cas le besoin d'un développement des luttes sociales nationales et de leur convergence autour de grands axes de trans format ion sociale rad icale.

On mesur e auss i le piège que peut const ituer la focalisation des revendications autour du ser vice public censé créer des îlots de contr epoids face à la domination exacer bée du marché.

Le récent rappor t Herzog au Parlement Européen semb le exprimer cette volonté d'utiliser cette quest ion, pour conc ilier avec les dominations des marchés, en la cou pant de la nécess ité de nouvelles entr eprises publiques et d’une réor ientat ion rad icale de la BCE.

L'enjeu de "l'Europe sociale" apparaît tout à fait décisif.

C'est dire l'impor tance , pour aider à une convergence contr eoffensive des luttes sociales et altermond ialistes , de la pers pective de Sécur ité commune d'emploi ou de format ion. ■

  1. CEPII :Centre d’études politiques internationales

  2. PECO : Pays d’Europe Centrale et Orientale.

  3. L’exercice paraît d’autant plus contradictoire que, dans bien des cas, les monnaies de ces pays font l’objet d’une très grande volatilité associée à une tendance à la sur-évaluation.C’est particulièrement vrai pour les couronnes tchèques et slovaques, le zloty polonais et, surtout le forint hongrois

  4. CAEM : Conseil d’Aide Economique Mutuelle.

 

Une proposition de loi communiste sur la précarité

Par Paul Daniel , le 30 November 2003

Une proposition de loi communiste sur la précarité

Au cours de la cam pagne des législatives de 2002, j'avais été confronté, plus encor e que par le passé , aux situat ions de précar ité dans la circonscr iption je suis élu. Inter venant pour dénoncer le sor t ainsi réser à une partie croissante de la population, j'ai pu mesur er à quel point les partis politiques étaient atten dus sur ce terra in par les victimes du chôma ge en deman de de solutions . La cam pagne menée par les commun istes du Havre sur cette quest ion n'est sans doute pas pour rien dans le résu ltat électora l obtenu.

Dans la foulée, nous avons décidé qu'on ne pouvait en rester à la dénonc iation, mais qu'il fallait agir et proposer. Agir, pour appeler à des solidarités , quan d Renau lt se débarrassa it d'un cou p de 900 intér imaires à Sandouville. Proposer, en faisant le constat que Renault parvenait à ses fins. Comme par viennent à leurs fins les dirigeants d'entr eprises qui licenc ient les intér imaires par dizaines de milliers depuis un an.

On a raison de publier les car tes de France des licenc iements officiels en cours ou projetés . Mais on ne dispose pas de la car te des intér imaires rejetés brutalement dans le chômage, avec des droits maintenant diminués .

Et pour tant , sait-on qu'ils sont au moins quatr e fois plus nom breux que les licenc iés officiels. Que cela se passe le plus souvent discrètement . Et que ce sont souvent les mêmes qui alternent emploi précaire et chômage puisqu'un chômeur sur deux était en emploi précaire avant son inscr iption à l'ANPE.

Rien de plus rétr ograde que l'emploi jeta ble, c'éta it le principe au 19e siècle, avant les con quêtes sociales. Au temps des journa liers à 16 heures par jour quan d ils trouvaient à s'employer et rejetés dans la misère ensu ite.

Au début des années 60, cette vieille pratique renaît avec l'arr ivée des sociétés d'intér im. En 1972 sous le prétexte de l'enca drer, une loi régularise l'emploi intér imaire. Les textes sont reman iés à plusieurs reprises avec, à chaque fois, le souci affiché de répondr e aux protestat ions qu'engendre la précar ité galopante .

Rien n’y fait, le recours aux formes d’em ploi les plus précaires ne cesse d’augmenter. 100 000 intér imaires en 1967. Aujour d’hui, 1 500 000 emplois tempora ires en équivalent temps plein, mais beaucou p plus de personnes concernées puisque ce ne sont pas toujours les mêmes qui occu pent les postes . Si on tota lise les précaires de toutes sor tes , les temps par tiels subis et ceux qui sont tota lement privés d’emploi, ce sont 7 000 000 de personnes qui sont directement touchées par l’absence d’emploi ou le sous emploi. Chez les jeunes de moins de 25 ans, la précar ité est devenue la règle, en par ticulier pour les moins qualifiés.

 

La menace d’une généralisation de l’insécurité sociale

A ce rythme , l’emploi tempora ire peut donc devenir rapidement la règle pour tous les salariés et le contrat à durée indéterm inée à temps plein, l’exception. Le sommet de Barcelone a mar qué la volonté des Etats eur opéens d’accélérer ce processus .

La précar isation des travailleurs const itue une orientat ion straté gique du capitalisme à l’heure de la domination par les marchés financ iers : elle permet de renforcer l’exploitation par la renta bilité optimum de chaque heure de travail et d’affecter les énormes profits ainsi dégagés aux placements financ iers et à la spécu lation.

Comme dimens ion du chômage, elle pèse for tement sur les salaires et les con ditions de tra vail ; elle génèr e une insécur ité sociale permanente , dans et hors le tra vail, qui renforce les pouvoirs exor bitants des em ployeurs , des actionna ires, des créanc iers sur la vie et l’avenir de populations entières. Elle créée une division entr e les travailleurs cou ver ts par des garant ies collect ives et les tra vailleurs précaires.

La défense et le développement des garant ies dont bénéficient les salariés ayant un emploi stab le est plombé par le caractèr e mass if de la précar ité. Et puis, à quoi ser virait un statut protecteur applica ble à une minorité de salariés ? L’em ploi, sous ses formes les plus précaires, est un des multiples effets néfastes du chôma ge de masse que de nom breux salariés sont contra ints de subir parce qu’ils n’ont pas le choix. Mais c’est auss i une des causes qui alimentent le développement du sous-emploi, parce qu’il intens ifie le tra vail entra înant un moindr e beso in de tra vailleurs et parce que, rédu isant le volume des salaires, il contr ibue à limiter la deman de intér ieur e et donc la croissance .

L’insécur ité sociale généra lisée, la précar isation des con ditions d’em ploi des salariés, des plus démun is aux plus qualifiés, gangrène toute la société. Elle contr ibue insé parablement à accentuer toutes les difficultés de la crise du système .

Par tant de ces constats , nous en sommes arr ivés à la conc lusion qu’une nouvelle législation était indispensab le. Nous avons alors, multiplié les rencontr es, tenus des forums pour aboutir à une proposition de loi du groupe commun iste et répub licain à l'Assemb lée Nationale.

Cette proposition poursu it un double objectif : limiter le nom bre de tra vailleurs précaires et permettr e, pour tous ceux qui le veulent, la conversion des emplois précaires en emplois stab les en passant , quan d il le faut, par la format ion avec la cont inuité des revenus .

 

Des plafonds pour le recours à l’intérim et aux CDD

Dans le cadre de la législation actue lle, le recours à l’intér im et aux CDD est norma lement limité à un cer tain nom bre de situat ions, principalement les remplacements d’absents , les emplois saisonniers et les surcroîts d’activité.

La loi précise que les intér imaires et CDD ne doivent pas pour voir des emplois permanents de l’entr eprise. On ne devrait donc rencontr er dans les entr eprises qu’un nom bre restr eint de précaires pour le motif du surcroît d’activité Or, l’intér im et les CDD sont en fait mass ivement utilisés

pour le tra vail en flux tendu , pour suppr imer des emplois, à tout moment , sans aucune procé dure (et sans conflit social), pour mieux soumettr e les salariés aux exigences patr onales.

La législation existante devrait permettr e de lutter contr e le recours mass if à l'emploi précaire. De fait, à la suite d'inter ventions de tra vailleurs , l'ins pection du tra vail et les tribunau x requalifient chaque année des milliers de contrats intér imaires en CDI ; la Cour de Cassat ion a élaboré une jurisprudence très favora ble aux précaires. Des résu ltats spectacu laires ont été obtenus comme chez Peugeot ou à la Poste .

Malgré cela, le nom bre d’intér imaires a doublé en quelques années . Le patr onat acce pte de perdre de temps en temps , sachant qu’au tota l il y gagne : les luttes collect ives de solidarité sont rares car l’effet le plus pervers de ce phénomène est d'opposer les tra vailleurs entr e eux, avec la perception que des emplois peuvent êtr e suppr imés, sans licenc iement des titulaires ; d’autr e par t, les actions individuelles sont délicates , les précaires espérant toujours êtr e embauchés s’ils se font discrets .

Le Par ti Socialiste avait proposé, pendant qu’il était au pouvoir (sans qu'aucune suite ne soit cependant donnée) , une taxation supp lémenta ire de l'emploi précaire. Elle sera it inopérante ; en effet, bien que le coût soit déjà plus élevé, avec l’indemnité de précar ité et sur tout avec le prélèvement opéré par « l’entr eprise » de tra vail tempora ire, cela n’empêche pas l’intér im d’exploser car l’employeur y gagne encor e énormément .

Pour contr er le recours abusif à l’emploi précaire, la fixation d’un plafond maximum pour le motif de surcroît d’activité (5%) apparaît comme une solution efficace . Ce plafond s’ajoutera it aux con ditions actue lles afin qu’il ne soit pas cons idéré comme un droit de tirage. Il con duirait à la titularisation imméd iate des trois-quar ts des précaires. Une telle mesur e facilitera it l’act ion des précaires et le contrô le par l’ins pect ion du tra vail et les tr ibunau x, parce que l’examen subjectif de la notion de surcroît d’activité sera it com plété par un critère objectif imparab le. Les tribunau x se verra ient confier un pouvoir de titularisation sous astr einte.

Un statut de transition pour la conversion de emplois précaires en emplois stables

Au-delà des limitat ions, il est proposé de créer un statut particulier et trans itoire pour les salariés concernés , qui offre une sécur ité d’emploi, de format ion et de ressour ces pendant une période dest inée à passer de la précar ité à l'emploi stab ilisé, ce qui changerait rad icalement les con ditions d’existence de ces tra vailleurs , par la suppr ess ion de l’angoisse du chômage.

Une structur e nouvelle est proposée , un éta blissement public décentra lisé, com posé de représentants des salariés en nom bre dominant parce que la lutte pour l’emploi est d’abor d l’affaire des intér essés eux-mêmes des employeurs , du ser vice public de l’emploi et d’élus.

Il sera it doté d’un fond mutua lisé, financé pour l’essent iel par les employeurs qui utilisent l'emploi précaire et par un redéploiement par tiel des fonds publics.

L’éta blissement assur era it un suivi permanent des tra vailleurs concernés , dans le ca dre de con vent ions annue lles ou pluriannue lles, pendant tout le temps le tra vailleur s’inscr it volonta irement dans ce statut , le but étant d’éviter le chômage.

L’éta blissement aura it plus précisément pour rôles :

  • De déléguer les tra vailleurs dans les entr eprises, d’encaisser les factur es de payer les salaires (comme le fait actue llement une entr eprise de tra vail tempora ire)

  • D’organiser des actions de format ions ou d’agréer des activités sociales utiles pendant les interm issions qui peuvent êtr e des moments sub is ou des moments choisis. Pendant ces périodes, la rémunérat ion est garant ie à 100% du revenu antér ieur.

Le statut de trans ition sera it ouvert à tous les salariés qui le choisiraient librement.

La convention conc lue avec le tra vailleur prévoirait les emplois qu’il s’engagerait à acce pter dans un cadre définissant les qualificat ions, les zones géograph iques et les salaires minima. La convention prévoirait auss i les formations choisies pour un meilleur emploi et les activités socialement utiles souha itées par le tra vailleur.

Les activités socialement utiles concernera ient des activités dans les collectivités terr itor iales ou des organisations sans but lucrat if. Cela se subst ituera it donc progressivement aux CES, CEC et Emplois jeunes en facilitant la profess ionna lisat ion des intér essés .

Le système ne sera it pas obligato ire, coe xistera ient, pour les entr eprises et les salariés qui le veulent, les règles actue lles d’indemnisation Assed ic et les entr eprises de tra vail tempora ire.

Ainsi ce système res ponsa bilisera it tous les acteurs : chefs d'entr eprises, syndicats , ser vice public de l'emploi et les tra vailleurs concernés .

La structur e proposée , expérimentée avec les tra vailleurs les plus précaires, pourra it avoir vocat ion à concerner à l'avenir tous les tra vailleurs , à devenir l'inst itut ion d'intervention pilote pour appliquer la politique de l'emploi et de la format ion, en se subst ituant aux multiples structur es d'inter vention actue lles, dans une société la sécur ité de l'emploi et de la format ion dépassera it l'actue l marché du travail.

Des nouveaux pouvoirs d’intervention pour les salariés et les comités d’entreprise

L’inter vention des tra vailleurs est la meilleur e garant ie pour l’effect ivité des droits sur cette quest ion comme sur les autr es.

On ne peut négliger l’impor tance des attr ibutions actue lles des comités d’entr eprise, mais l’expérience accumu lée montr e les limites du seul pouvoir consu ltat if. En fin de com pte, c’est toujours le chef d’entr eprise, représentant des actionna ires, qui tranche avec comme critèr e unique le profit le plus élevé et le plus rapide.

Il faut maintenant en venir à des pouvoirs réels dans la gest ion des entr eprises ar ticulant pouvoirs de propositions , débats, possibilités de suspens ion et d’opposition aux actionna ires, référendum des salariés, sous arbitrage public. Avec comme critèr es le développement et la sécurisation de l’emploi et de la format ion, la satisfaction des besoins des membr es de l’entr eprise et de la société.

Ce sont ces pouvoirs que nous suggérons pour le recours aux emplois tempora ires.

 

Annexe

ASSISTANCE PUBLIQUE DES HÔPITAUX DE PARIS

L’accord précurseur sur la résorption de la précarité

 

Il est possible de faire reculer la précarité comme l'accord intervenu le 27 avril 2000 à l'Assistance publique des hôpi- taux de Paris le montre. Cet accord cadre visait la résorption des emplois précaires. Il a été signé avec la CGT, la CFDT, la CFTC, SUD-CRC et le SNCH.

Au terme de cet accord, l'AP s'engage dans un délai de deux ans, à recruter en emplois statutaires la majorité des CDD employés sur des postes permanents ou totalisant une ancienneté d'au moins six mois à la date du 30 avril 2000, soit au total 2278 personnes (sur 3548 CDD). Elle s'engage également à limiter, pour l'avenir, le recours à l'emploi précaire.

 

Modalités d'intégration des personnels précaires

Quatre catégories d'agents sont concernés par cet accord :

  • Pour les « CDD sur emplois permanents » des mesures per- mettront leurs recrutements en qualité de stagiaire, seront prises... Essentiellement avec « une mise en stage des per- sonnes relevant des grades permettant le concours sur titre », avec une période de deux ans pour une mise en place des formation, la préparation des concours et l'organisation de ceux-ci.

  • Pour ceux employés sur une base mensuelle en remplace- ment d'un agent et ayant une ancienneté supérieure à six mois, l'AP-HP s'engage à mettre en œuvre « la transforma- tion des crédits assurant la rémunération des agents concer- nés en emplois permanents ». Ils seront intégrés dans des équipes de suppléance par hôpital afin de limiter à l'avenir « l'obligation de recours à des remplacements pour faire face aux problèmes d'absence au travail ». Ceux qui ne totali- saient pas six mois d'ancienneté ont fait l'objet d'un examen au cas par cas.

  • Pour les titulaires de CDI qui répondent aux conditions d'ac- cès à la Fonction publique, ils se verront proposer leur inté- gration dans les emplois permanents existants et correspon- dants en lueur qualification.

  • Enfin l’AP-HP s'engage à mettre en place à l'intention des contrats emploi solidarité : « des formations d'adaptation à l'emploi, de remise à niveau ou encore de préparation aux concours améliorant ainsi leurs conditions d'insertion ».

 

Un suivi de l’application avec les organisations syndicales

L'accord envisageait aussi des mesures prospectives et de suivi pour éviter « la reconstitution d'une situation d'emplois précaires que ne justifierait pas la bonne marche du service public ».

Une commission centrale paritaire de suivi a été mise en place pour l'application de cet accord avec un point semestriel réalisé sur l'état d'évolution des effectifs des personnels en situation d'emplois précaires .

Un bilan de cet mise en œuvre serait utile ainsi que les ensei- gnements tirés de cette expérience novatrice.

 

 

 

 

 

Oui, « une autre Europe est possible ! »

Par Wurtz Francis, le 31 May 2003

Oui, « une autre Europe est possible ! »

Notre projet européen sera d’autant plus lisible et plus crédible que nous le ferons vivre au travers des enjeux politiques concrets auxquels l’actualité nous confronte. Je voudrais illustrer cette démarche à partir de 3 exemples. D’abord, les « solutions » proposées par S. Berlusconi, au nom de la présidence italienne de l’Union, pour « offrir aux citoyens européens des postes de travail nouveaux et meilleurs ». C’est ce que son « programme de travail » appelle « une action européenne pour la croissance ». Ensuite, la réponse que propose le projet de « constitution » européenne au « déficit démocratique » de la construction européenne et à la crise de confiance entre les citoyens de l’Union et les institutions de celle-ci. Enfin, la vision du rôle de l’Europe dans le monde de « l’après 11 septembre », développée au récent Conseil européen de Salonique par M. Javier Solana, haut représentant de l’Union européenne pour la politique extérieure et de sécurité commune, dans un document qui a pour titre : « une Europe plus sûre dans un monde meilleur ».

Berlusconi, la croissance et l’emploi

Tous les observateurs sont bien obligés de reconnaître que l’Union européenne s’enfonce, mois après mois, dans la crise en matière d’emploi et de croissance. En France, la cascade de plans de licenciements a conduit à la destruction nette de 50 000 emplois en l’espace d’un trimestre, tandis que les révisions à la baisse des prévisions en matière de croissance se succèdent. L’Allemagne, quant à elle, est franchement entrée en récession et le chômage y explose. Le degré de

gravité et les formes de cette crise – en particulier la précarité – varient d’un pays à l’autre, mais la tendance de fond est générale, notamment... dans la zone euro.

Une relecture des promesses mirifiques faites au moment du lancement de la « monnaie unique » s’avère, à cet égard, éclairante. Non pour plaider en faveur d’un retour en arrière – la situation quiprévalait alors ne donnait nullement satisfaction – mais pour exiger une vraie confrontation d’options sur les choix à faire dans le contexte d’aujourd’hui : des aménagements dans la continuité ou des ruptures visant le cœur des orientations qui structurent l’actuelle construction européenne. Nous devons attirer l’attention de nos concitoyens sur le fait que, à ce jour, aucun des principaux acteurs institutionnels de l’Union ne remet si peu que ce soit en cause les fondements d’une orientation libérale qui n’a, pourtant, nullement résolu les problèmes qu’elle était censée résoudre.

Encore récemment, J. Chirac ne vient-il pas de réaffirmer sans nuance, devant la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, que « la baisse du coût du travail (devait) se poursuivre » pour favoriser l’emploi ? Nous sommes là au cœur de la problématique du « Pacte de stabilité » et de l’obsession de la diminution des dépenses publiques de caractère social incarnée par la Banque centrale européenne. Nulle « autocritique » donc ! De son côté, la Commission maintient sa « procédure de mise en demeure pour déficit excessif » à l’encontre de la France et continue d’exhorter les pays qui n’ont pas encore accompli les « réformes de structures » – retraites, protection sociale, Étatprovidence, marché du travail... – à rattraper leur retard. Le bateau prend l’eau et la route est parsemée d’icebergs, mais on maintient le cap...

C’est dans ce contexte que l’analyse des « objectifs prioritaires » de la présidence italienne mérite discussion. Le programme Berlusconi reprend tout ce qui précède. Aucun élément de l’orthodoxie libérale n’y manque, y compris l’appel à « mener rapidement à leur terme les processus visant à moderniser, libéraliser et accroître l’efficacité (sic) des services publics. » Mais il y ajoute une idée sur laquelle (dix ans après que J. Delors a eu lancé ce débat) la Commission retravaillait elle-même depuis quelque temps, et que les libéraux ressortent de leurs cartons chaque fois que leurs recettes traditionnelles les conduisent dans l’impasse : les grands travaux d’infrastructure.

Voilà l’exemple-type d’une idée qui, si elle s’inscrivait dans une orientation radicalement différente de celle qui domine aujourd’hui dans l’Union, pourrait s’avérer fructueuse, mais qui, dans l’optique libérale, ne peut répondre à l’impératif d’une promotion de l’emploi stable et qualifié et d’une croissance saine et durable. Dans le premier cas, celui d’une réorientation profonde de la politique monétaire européenne en faveur de la sécurisation de l’emploi et de la formation, la construction d’infrastructures répondant aux besoins collectifs des Européens, et d’une ambitieuse politique de coopération au développement du Sud, l’Union ne serait plus étroitement dépendante des marchés financiers pour financer ses projets. Dès lors, un grand programme de ferroutage à l’échelle de l’Europe élargie, par exemple, en plus de combler une grave lacune, s’inscrirait dans l’effort général en faveur de la croissance et de l’emploi.

Dans le cas de la présidence italienne, il en va tout autrement. Les « priorités » de Berlusconi mettent l’accent sur les « investissements finançables par le marché » et font appel à des « instruments tels que la fourniture de garanties » aux capitaux privés dans le cadre des fameux « partenariats public-privé ». Or, de tels projets d’infrastructure connaissent des « retours sur investissement » à très long terme. Les soumettre aux pressions de la rentabilité financière, c’est en annuler certains, jugés trop onéreux malgré leur utilité ; c’est plus généralement, agir contre l’emploi, la formation, les salaires, et donc contre la croissance. Et j’ajoute contre la qualité du service rendu ou/et des tarifs accessibles au plus grand nombre. Et gare aux... déficits publics, qui risquent à nouveau de peser sur les politiques sociales et l’emploi !

« L’objectif n’est pas de donner un coup de fouet à l’économie » a reconnu Madame de Palacio, commissaire chargée des transports, n’hésitant pas à contredire le Président du Conseil européen en exercice ! C’est dire si ce type de solution n’est pas crédible sans changement d’orientation. C’est à la lumière de tels enjeux que nous devons faire grandir l’exigence de rupture avec les priorités effectives des politiques européennes, aujourd’hui, comme avec la conception des institutions chargées de les mettre en œuvre. Cela ne signifie pas que nous nous désintéressions de toute mesure proposée dans le cadre actuel nous ne devons pas nous enfermer dans un « tout ou rien » mais nous devons nous efforcer, à partir des expériences vécues par nos concitoyens, de montrer les limites et les effets pervers, et même parfois les dangers, que présentent les

« remèdes » préconisés, afin de nourrir la réflexion sur la nature des transformations à opérer pour sortir de la spirale des échecs liés au choix libéraux.

La « Constitution », réponse au « déficit démocratique » européen ?

Il est généralement admis que la construction européenne souffre d’un « déficit démocratique ». En 1998, l’ancien Président de la Commission , M.-J. Santer, avait même demandé à sa « cellule de prospective » de rédiger une note interne sur le sujet. Celle-ci fut finalement classée sans suite et on ne doit qu’à une fuite d’en connaître l’existence. Il est vrai que son auteur avait fait preuve d’une lucidité et usé d’un franc-parler peu usité dans cette institution.

« Les citoyens ont compris l’épuisement d’une certaine façon d’organiser l’action publique pouvait-on lire dans ce document (...). Cette crise de la gouvernance prend l’Union de front (...). L’Union s’est créée et se construit en cercles fermés plutôt qu’au grand jour. Or, les Européens acceptent de plus en plus mal d’être mis devant le fait accompli (...). C’est l’ensemble du processus, de la définition des problèmes à la mise en œuvre et à l’évaluation des solutions, qui doit devenir (sic) démocratique. (...) Il s’agit (...) de permettre une participation plus large des acteurs et des porteurs d’enjeux. [tel est] le défi lancé à l’Europe aujourd’hui. »

Le projet de « Constitution » offre-t-il les moyens de relever ce « défi » ? Assurément non. Ne boudons pas les bougés, montrons leurs étroites limites dès lors que l’orientation libérale et les institutions centralisées et inaccessibles aux citoyens qui y sont liés demeurent inchangées.

Ainsi, le projet de « Constitution » reprend-il une proposition que le PCF avait formulée noir sur blanc dès 1994 : celle d’une sorte de droit de pétition permettant à un million de citoyens de x pays membres de s’adresser à la Commission pour lui demander d’élaborer telle ou telle proposition de loi. Très bien ! A ceci près que « l’acte juridique » réclamé doit être compatible avec le texte de la « Constitution », ce qui en limite le champ sur des points précisément essentiels. En outre, en vue d’encadrer strictement ce qui pourrait devenir un droit d’initiative citoyenne, « une loi européenne » doit encore « arrêter les dispositions relatives aux procédures et conditions spécifiquement requises » pour la présentation d’une telle initiative. Gageons que les « garde fous » y seront soigneusement consignés. Il n’en reste pas moins qu’une telle proposition peut servir de levier pour l’action. Mais en absence de tout autre forme de démocratie participative – droits des salariés dans les entreprises, pouvoirs réels du comité économique et social européen, droits des citoyens à l’information, à la consultation et à l’évaluation des politiques communautaires – et surtout en l’absence de toute possibilité de remettre en cause l’orientation libérale de l’Union, une telle mesure n’est pas de nature à combler le « déficit démocratique » européen !

Par ailleurs, le projet de « Constitution » prévoit que les parlements nationaux puissent demander à la Commission de réexaminer une proposition de loi s’ils estiment que Bruxelles y a outrepassé ses prérogatives et violé le principe de « subsidiarité » en décidant d’une chose à leur place. Il faudra naturellement user pleinement d’une telle possibilité d’impliquer les parlements dans le processus de décision communautaire. Chacun remarque, pour autant, que l’architecture institutionnelle de l’Union n’en n’est pas bouleversée.

Enfin, le Parlement européen voit ses pouvoirs s’accroître. Le projet de « Constitution » propose qu’en plus de ses prérogatives actuelles, il puisse voter les lois européennes – de concert avec le Conseil des ministres européens, ce qu’on appelle la « codécision » – dans 70 domaines au lieu de 38 aujourd’hui. Il est également proposé qu’il soit consulté sur les accords internationaux en matière de commerce, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Enfin, il élargirait ses prérogatives budgétaires. Le changement est notable : la coïncidence avec la réforme du mode de scrutin pour les prochaines élections européennes n’est pas fortuite. Le gouvernement Raffarin vise à marginaliser des forces politiques susceptibles de contester l’ordre établi dans les institutions de l’Union.

Mais même cet élargissement des pouvoirs du Parlement européen ne peut prétendre combler le « déficit démocratique » de l’Union dès lors que le modèle libéral qui structure toute la construction européenne ne peut, aux termes du projet de « Constitution » être remis en cause ! C’est là que le bât blesse : l’absence de choix est le contraire de la démocratie. Comment accepter qu’il n’appartiendrait plus aux citoyens de choisir le modèle de développement qui a leur préférence, lors des élections ? Ce verrou existait déjà dans les traités européens successifs jusqu’ici. Le pérenniser dans un texte qui se veut de nature « constitutionnelle » et auquel le Président de la Convention M. Giscard d’Estaing, promet une longévité de 30 à 50 ans, confine à l’absurde ! Comment imaginer que les citoyens accepteraient de se plier indéfiniment à une Europe libérale sous prétexte que la Constitution a gravé ce choix une fois pour toutes dans ses articles ?

Or, dès son article I/3, le projet précise que « l’Union offre à ses citoyens et à ses citoyennes (...) un marché unique la concurrence est libre ». Son article I/4 consacré aux libertés fondamentales rappelle que l’Union garantit notamment… « la libre circulation des capitaux ». L’article I/12 souligne que « l’Union dispose d’une compétence exclusive pour établir les règles de la concurrence ». Le modèle en vigueur subordonne ainsi les enjeux de société au primat de la concurrence : c’est la matrice de cette « marchandisation » qui provoque dans l’opinion un véritable phénomène de rejet, dont le Forum social européen est une illustration spectaculaire et prometteuse . Tout le problème des services publics est ainsi posé : obtenir que du statut de « dérogation » aux règles de la concurrence, il passe à celui d’une priorité européenne à part entière. Le projet de

« Constitution », à ce stade, refuse, symptomatiquement, ce changement qualitatif. En revanche, à l’article I/29 il confirme la mission – « maintenir la stabilité des prix » – et le statut – « elle est indépendante » – de la Banque centrale européenne, cette institution-clé de l’Europe libérale.

On le voit : le problème démocratique reste entier dans l’Union européenne.

Le rapport Solana et le rôle de l’Union européenne dans le monde

Avec ses 450 millions de citoyens de 25 pays membres ; son PIB dépassant le quart des richesses mondiales ; son poids économique qui en fait le premier ensemble commercial du monde ; son influence – potentiellement supérieure à celle des USA dans les institutions financières internationales ; son réseau de relations avec l’Afrique, le sud de la Méditerranée, l’Amérique latine, la Chine, le Japon, la Russie..., l’Union européenne peut nourrir une ambition positive d’acteur mondial, capable de faire émerger d’autres règles, pour une mondialisation plus équitable, plus solidaire, plus démocratique, plus pacifique.

Cette attente se manifeste dans toutes les régions du monde, face aux défis de civilisation auxquels l’humanité est confrontée : grande pauvreté pour 3 milliards d’individus ; déficit d’un milliard d’emplois ; travail forcé pour un enfant sur six ; pandémie du Sida et d’autres maladies qui, elles, sont facilement guérissables ; absence d’accès à l’eau potable pour un être humain sur six ; migration de survie pour des dizaines de millions de réfugiés et de déplacés ; conflits meurtriers non évités ou non réglés... Ce n’est pourtant pas ce type de cibles stratégiques que se fixe le Conseil Européen.

Lors du dernier sommet des chefs d’Etat et de gouvernements à Thessalonique, M Solana a été chargé de présenter une ébauche de doctrine stratégique européenne. Il fait une description apocalyptique des « menaces », sans jamais en approfondir les causes : le conflit du Proche orient y est expédié en 4, 5 lignes sur 15 pages de texte ! La conception de la lutte pour la sécurité qui y est développée privilégie la dimension militaire, bien que cette approche ait prouvé son inefficacité de Kaboul à Bagdad, et jusqu’aux États-Unis, dont la vulnérabilité à été tragiquement soulignée le 11 septembre 2001, bien que ce pays concentre 40 % des dépenses militaires du monde.

Ce document fera l’objet de discussions dans les institutions européennes durant le second semestre 2003. Encore une occasion de développer notre vision alternative brièvement rappelée plus haut et de faire mesurer les implications et les dangers de cette « nouvelle doctrine » à l’étude. Au vu de la puissance qu’a revêtue, il y a peu, la mobilisation de l’opinion contre la logique de guerre et l’hégémonisme américain, nos arguments seront écoutés et nos initiatives bien accueillies.

En définitive, sur quelque terrain que l’on se place, il y a lieu d’être offensifs sur les enjeux européens, d’aller résolument à l’essentiel et de rassembler largement pour une vision alternative. Oui, « une autre Europe est possible ! »

L’Europe et la Convention : il faut s’en mêler !

Par Wurtz Francis, le 31 May 2002

L’Europe et la Convention : il faut s’en mêler !

Parmi les questions stratégiques que nous avons à affronter sans complaisanc e dans la prochain e période, il y a cette contradiction lourde de sens dans l'Union européenne. Alors que se multiplient d'impressionnantes mobilisations sociales – souvenons-nous des récents rassemblements de Séville, de la manifestation géante de Barcelone, de la marée humaine contre Berlusconi en Italie..., dans le même temps, toutes les élections générales de ces trois dernières années se sont soldées par une défaite de la gauche, de toute la gauche.

En 1999, des par tis de gauc he par ticipaient à 13 des 15 gouvernements de l'Union. En 2002, la droite détient le pouvoir dans 11 des 15 mêmes pays, souvent flanquée d'une extrême droite menaçante , tand is qu'une propor tion croissante de citoyen-ne-s ne se sentent plus représenté(es) par les par tis chassés des gouvernements , et pas davanta ge par ceux qui les y ont remplacés . Parmi les nom breux ense ignements à tirer de façon impérat ive – en par ticulier par les par tis qui ont pour ambition de contr ibuer à trans former la société et le monde – de ce fiasco , je pense que doit figurer l'exigence de dépasser la façon trad itionne lle, c'est à dire très généra le et purement défensive, d'aborder les enjeux eur opéens avec nos conc itoyens . A force de crier « haro sur Bruxelles » sans proposer d'objectifs de lutte concr ets s'inscr ivant dans un projet alternat if mob ilisateur , on ne fait qu'illustr er un peu plus l'impu issance « des politiques », ce pain béni de tous les démagogues.

Ce projet alternat if pourra it se résumer à quelques axes simples répondant aux as pirations les plus prégnantes dans toutes les sociétés de l'Union eur opéenne .

En premier lieu, la raison d'êtr e d'un ensem ble eur opéen n'est-elle pas, aujour d'hui, d'user de son poids économ ique, de son influence politique, de son rayonnement cultur el pour peser à l'éc helle de la planète , en faveur d'une mond ialisation solidaire ? Que l'on songe que la seule augm entation du budget militaire américain annoncée par le Président Bus h dépasse le volume de la tota lité de l'aide publique au développement , de tous les pays industr ialisés , à tous les pays du Sud ! Faire enten dre une autr e voix dans les grandes inst itut ions internat ionales, mener une grande politique de développement , de démocrat isation des relations internat ionales, de prévention des conflits, êtr e à l'avant-garde du res pect du droit internat ional et des droits des peuples – je pense notamment au Proche Orient ! – voilà le vrai « cahier des charges » à con quérir pour l'Europe du futur. L'Europe ne manquera it assurément pas d'alliés, notamment au Sud, pour faire vivre un tel modè le alternat if face à l'unilatéra lisme hégémon ique des Etats -Unis et à la domination des multinationales et des marchés financ iers .

D'ores et déjà, l'Union eur opéenne a conc lu des accor ds de coo pérat ion avec tous les pays d'Afrique subsaha rienne , avec la plupar t des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée , avec l'Amérique Latine, la Russ ie, la Chine, et tant d'autr es ! Elle com pte deux membr es permanents sur cinq au Conse il de Sécur ité de l'ONU et a plus de voix que les Etats -Unis au Fonds monéta ire internat ional ! Que la volonté politique existe et cette grande Union de bientôt 25 pays – en principe dès 2004 ! – peut changer la donne à l'éc helle du monde , comme elle le montr e déjà à propos du protoco le de Kyoto ou du Tribunal pénal inter national. Voilà un véritab le enjeu de civilisation dont tous les progress istes eur opéens doivent se saisir réso lument !

En deuxième lieu, en son propre sein, l'ambition de l'Union eur opéenne doit êtr e de relancer le progrès social à l'heur e des nou velles techno logies, de la révolution de l'informat ion. Cela veut dire non seulement l'élimination de la pauvreté la Commission évalue elle-même à ... 60 millions (!) le nom bre de personnes vivant au seuil de pauvreté dans l'Union eur opéenne apr ès trans fer ts sociaux mais la promot ion des capacités humaines et de l'environnement . Notr e proposition-phare d'un « système de sécur ité d'emploi et de format ion » est , à cet égard, un modè le par excellence d'objectif structurant à faire vivre à l'éc helle de l'Union eur opéenne élargie demain voire dans ses relations avec des pays tiers . Des ser vices publics modernes dans tous les domaines l'intérêt généra l doit primer sur les « lois du marché » s'inscr ivent eux auss i dans une telle démar che. Ils doivent, non plus êtr e par tiellement tolérés en dérogation de la sacr o-sainte règle de la libre concurr ence , mais êtr e inscr its dans le tra ité comme une priorité de l'Union, à par t entière. Il en va de même de l'idée d'une relance des dépenses publiques à finalité sociale : éducat ion et santé notamment . Auss i bien dans chaque pays que sur le plan de l'Union, où la réduct ion des inégalités de développement , tout comme la défense de l'environnement passent auss i par des invest issements publics impor tants , par exemple des programmes de format ion ouvrant sur des emplois qualifiés, ou encor e le développement du ferr outa ge...

La politique économ ique eur opéenne , au lieu de se limiter à la concurr ence à tout va, doit êtr e conçue et con duite – de même que la politique monéta ire et budgétaire – en fonct ion de tels objectifs prioritaires.

En troisième lieu, et indissoc iablement , il y a natur ellement l'exigence démocrat ique. Consu ltat ion (avant la prise de décision) ; évaluation (durant la mise en œuvre des politiques décidées) ; informat ion (en permanence , sur les enjeux à tra iter) devraient êtr e le triptyque des relations entr e les inst itut ions eur opéennes et les citoyens, les acteurs sociaux, les élus. Le Parlement eur opéen a d’ailleurs lui même voté une réso lution deman dant une évaluation des effets des libéra lisat ions des ser vices publics avant toute nou velle libéra lisat ion. Ni le Conse il des ministres ni la Commission n'ont acce pté. Cela vaut auss i pour les pays-can didats : la façon dont sont menées les négociations avec ces pays est honteuse et sour ce de crises futur es. Au nom de l'obligation d'intégrer dans les législations nationales de ces pays tout « l'ac quis commu nauta ire », les « Quinze » leur imposent en par ticulier toutes les contra intes libéra les que nous com battons depuis « l'Acte unique » et Maastr icht ! Des remises en cause de pans entiers de cet « acquis » seront nécessa ires pour que l'Europe futur e puisse jouer le rôle que nous pensons êtr e le sien. L'Europe doit mériter le beau nom de « communauté » de peuples, de nations, de citoyens. Je suis con vaincu que si les Européens se senta ient à la fois res pectés dans leur identité nationale res pective et réellement assoc iés à de grands projets d'intérêt commun , l'idée « d'union politique », incluant d'impor tants par tages de res ponsa bilités , s'imposera it d'elle-même . Alors , mais alors seulement , l'idée d'une « Const itut ion » eur opéenne sera it elle-même à examiner sérieusement . Tels sont , à mes yeux, gross ièrement résumés , les chemins de l'avenir.

Le fonctionnement de la Convention européenne est conçu pour aboutir à un projet de traité « politiquement correct »

Cela étant , il ne s'agit pas de déconnecter un tel projet alternat if des réalités quotidiennes de l'actue lle construc tion eur opéenne ! C'est au nom de cette pers pective d'Europe nou velle que nous devons critiquer rad icalement nom bre d'orientat ions et de mesur es des actue ls dirigeants eur opéens . Le cas échéant , c'est également au nom de ce projet alternat if que nous pouvons prendre app ui sur des éléments positifs – ou potent iellement positifs – de l'Europe d'aujour d'hui. Car toute réalité est contra dictoire.

Un peu de dialectique ne nuit pas, même appliquée à l'Europe...

C'est également dans cet es prit que je suggère de tra iter de la « Convention eur opéenne » chargée de préparer la grande réforme des inst itut ions eur opéennes de 2004. Nous devons aider nos conc itoyens à s'impliquer dans cet enjeu majeur. Cer tes , la « Convention » est une instance purement consu ltat ive. En outr e, sa com position – 210 personnes – est dominée par les deux principales forces politiques eur opéennes – chr étiens démocrates et sociaux démocrates . Quant à son fonct ionnement , il est conçu pour aboutir à un projet de tra ité « politiquement corr ect », c'est-à-dire vraisemb lablement très insat isfaisant à nos yeux, voire pernicieux et dangereux. Il n'est pas exclu, en effet, que le texte final que la « Convention » proposera aux 15 chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union eur opéenne com por te deux par ties distinctes : l'une, très généra le, por tera it sur les grands objectifs et la répar tition des com pétences au sein de l'Union ; l'autr e, apparemment plus « techn ique », précisera it les con ditions de la mise en œuvre de ces grands principes. Le piège de cette formu le, c'est que, dans l'avenir, il y a for t à parier que l'on est imera que pour mod ifier la par tie préten dument « techn ique », il n'y a pas lieu de saisir les parlements , encor e moins d'organiser de référendum... Il s'agit donc d'éclairer les citoyen-ne-s sur toutes ces atte intes à la démocrat ie.

Mais, dans le même temps , c'est la première fois qu'une réforme inst itut ionne lle eur opéenne est préparée dans une instance com posée majoritairement de parlementaires, tant des pays-membr es que des pays-can didats . Les débats y sont publics et des consu ltat ions des organisations syndicales et du mou vement assoc iatif sont prévues. Il faut donc s'en mêler ! Dès maintenant et jus qu'au printem ps, voire l'été prochains, des quest ions essen tielles pour l'avenir de l'Europe y seront abordées : le rôle et le contrô le de la Banque centra le eur opéenne ; l'appr éciation du Pacte de stab ilité ; le rôle des parlements nationaux et, plus généra lement , toute l'organisation des responsa bilités dans la futur e Europe élargie. Qui doit décider, dans l'avenir, de la politique économ ique et sociale, de la politique extérieur e et de la sécur ité, des quest ions de just ice, de police, de l'immigration, du droit d'asile ... Autant d'occas ions pour qui est attac hé à trans former l'Europe, de réaffirmer l'ambition sociale, l'impérat if de solidarité et l'exigence démocrat ique qui caractér isent notr e projet alternat if. Et de pousser plus avant nos échanges, nos coo pérat ions et nos par tenar iats avec d'autr es progress istes eur opéens .

Il ne s'agit ici que d'un cane vas quelque peu appr oximatif. Le grand débat qui s'ouvre permettra sans nul doute d'en appr ofondir le contenu . Ÿ

 

Francis Wurtz, membre du Conseil National du PCF, président du groupe de la Gauche unitaire européenne du Parlement européen

Loi Hue : Treize questions pour y voir plus clair

Par Morin Alain, le 31 January 2002

Loi Hue : Treize questions pour y voir plus clair

        Treize réponses de Alain Morin, rédacteur en Chef de la revue et animateur du réseau national de contrôle des fonds publics attribués aux entreprises.

 

Quels sont les outils nouveaux créés par la loi Hue ?

La loi Hue donne des pouvoirs nouveaux aux salariés, aux élus ; sur l'utilisat ion de l'argent public attr ibué aux entr eprises :

  • un droit de contrô le sur les fonds publics reçus par les entr eprises et d’évaluation de leur efficac ité p our l’em ploi, la format ion et l’équilibre des terr itoires ;

 

  • des pouvoirs pour engager un examen de tout dispos itif de finance ment p u blic d’entr e pr ise p our « évaluer les impacts économiques et sociaux, quantitatifs et qualitatifs, et contrôler l’utilisation des aides publiques de toute nature accordées aux entreprises par l’Etat et les collectivités locales ou leurs établissements publics, afin d’en améliorer l’efficacité pour l’emploi, la formation professionne lle et les équilibres territoriaux » ;

 

  • des pouvoirs de contestat ion de l'utilisation des fonds par une entr eprise et d’engagement de procédures de sanct ion à l'égard de cette dernière ; des pouvoirs de contr e proposition.

 

  • Pour mettr e en oeuvre ces nouveaux pouvoirs, la loi a également inst itué de nouvelles institutions : une Commission nationale et vingt-deux Commissions régiona les com posées d'élus nationau x pour la première, régionau x et locau x pour les secondes , de représentants des organisations syndicales de salariés et d'organisations patr onales, de représentants de l'Etat et de personna lités qualifiées dans toutes .

La Commission nationale devra, en principe, répondr e à toute saisine dont elle est l'objet.

Les Commissions régionales doivent auss i débattr e chaque année « d’un rapport sur la mise en oeuvre et l'utilisation de l'ensemble des aides aux entreprises. Ce rapport contient un bilan annuel d'ensemble des aides publiques accordées aux entreprises de la région, par nature et montant des aides ainsi que par la taille des entreprises ; un état des contrôles effectués par les autorités et organismes compétents ; une information précise sur les suites donnée s à ces contrôles ».

Ces comm issions pourr ont également donner des avis sur ces contrô les et évaluations et donc proposer des dispos itifs alternat ifs aux dispos itifs existants .

La Commission nationale peut se saisir elle-même ou êtr e saisie par l'une des instances habilitées à désigner un représentant en son sein, un comité d'entr eprise ou, à défaut, un délégué du personne l, une entr eprise, un parlementa ire, un maire ou le président d'un conse il généra l ou d'un conse il régional.

De plus « A la demande d'un parlementaire, d'un maire, d'un président d'un conseil général ou d'un conseil régional, ou de sa propre initiative, elle (la Comm iss ion nat iona le) peut, en outre, interroger les représentants de l'Etat dans les régions ou les départements afin d'obtenir les informations permettant d'estimer l'en semble des aides reçues par une entreprise déterminée. La Comm ission communique ces informations à l'auteur de la saisine ».

Enfin, les comités d'entr eprise et les délégués du personne l disposent d’un nouveau droit d'engager une procé dure de contestat ion de l'ut ilisat ion des aides par une entr eprise auprès des organismes gest ionna ires de ces aides ou l’autor ité com pétente . Ces procédures pourr ont con duire à des susp ens ions ou d es rem b oursements d’aides publiques.

Quelle est la composition des Commissions régionales ? Comment sont désignés les membres ?

Les règles d e mise en place d es Commissions régionales ont été définies par un décr et du gouvernement . Celles-ci sont opaques, bureaucrat iques et ne favorisent ni le pluralisme de la société, ni le pluralisme politique.

Ces Commissions sont co-présidées par le préfet de région et le président du conse il régional.

Elles com pr ennent d e 24 à 28 membr es :

Des élus politiques :

quatr e conse illers régionau x, y com pr i s l e pr és i d ent d e l'Assemb lée régionale

deux conse illers générau x

deux maires

Les élus sont désignés de la manière suivante :

les conse illers régionau x par le président de l'assem blée régiona le,

les conse illers générau x par les assoc iations de conse illers généraux,

les maires par les assoc iations de maires de la région.

Ce dispos itif est antidémocrat ique. En effet, outr e le fait que ce type d'assoc iations n'existe guèr e au niveau régiona l, un tel sauc issonna ge par niveau de com pétence com por te le risque d'empêcher l'express ion du pluralisme.

Face à cette situat ion, les élus communistes ont tenté d'avancer des principes de transpar ence et de respect du pluralisme afin d'éviter toute manipulation bureaucrat ique.

Ils ont avancé l'idée du res pect du plura lisme politique par la désignat ion des 8 élus des différentes collectivités pris dans leur tota lité et non pas à partir des différents collèges proposés qui empêchent cette démar che.

Cer tains pr éfets et pr ésidents de conse ils régionau x s'y sont opp osés , mais beaucou p d'autr es l'ont acce pté car la cré dibilité de l'inst itut ion sera it touchée par tout cou p de force politique qui tentera it d'écar ter cer taines sens ibilités de la Commission régionale. Plusieurs préfets tentent pourtant un tel cou p de force (Lorra ine, ...) en excluant les élus commun istes , mais cela leur est d'autant plus difficile que le rôle de ces élus a été moteur dans cette démar che de contrô le et d'évaluation dans les régions et auss i dans l'existence même de cette loi et de ces nou velles inst itut ions .

Des représentants de l’Etat :

six représentants de l'Etat avec le préfet.

Des représentants des syndica ts de salariés et de patronat :

quatr e à six représentants des syndicats de salariés

quatr e à six représentants des syndicats patr onau x.

Des personnalités qualifiées :

quatr e personna lités qualifiées venant du monde assoc iatif, notam ment dans le domaine du chômage, en raison de leur com pétence et désignés par les 2 coprésidents .

Remarques :

Le décr et d'application du gouvernement tend à une surreprésentat ion des membr es désigné par l’Etat et les organisat ions p atr ona les d ans les Commissions régionales, comme dans la Commission nationale.

Or ceux-ci enten dent jouer un rôle actif dans les Commissions, non pas seulement pour conser ver l'existant , mais auss i pour tenter à la fois de recentr er les aides vers des dispos itifs qui font consensus (te ls que celles reposant sur les baisses de charges soc iales patr ona les) , et auss i pour

« rat ionaliser » les aides dans le cadre des politiques de baisse des dépenses publiques , tout en tentant de mieux enca drer les collectivités locales, départementa les ou régionales dans les choix du type d'aide publique.

La loi n'a pas institué de Commissions de contrô le et d'évaluation plus décentra lisées (dépar tements , collectivités locales). Outr e que la loi Hue est une première br èc he dans ce sens , rien n’empêche leur mise en place. Déjà des inst itut ions de fait, plus décentra lisées ont commencé a êtr e instaurées avant la loi.

Elles ont même contr ibué à faire monter l'exigence d'une telle loi. Ainsi dans le Val de Marne , une Commission dépar tementa le de contrô le existe depuis plusieurs années et auss i des Commissions d’évaluation de l'efficacité de leurs propres aides dans des Conse ils régionau x. Ces dernières peuvent se com pléter avec les Commissions instaurées par la loi Hue car elles peuvent inter venir sur leur propres aides (avec des suspens ions ou rembourse ments des aides en cas de non-réa lisation des objectifs corr es pondant aux engagements des entr eprises ), alors que la Comm ission nat iona le et les Comm issions régionales ne peuvent qu'adresser des recomman dations à d'autr es inst itut ions qui gardent la souveraineté sur leurs décisions.

Quelles sont les possibilités de saisine ?

Deux saisines différentes ont été instituées par la loi Hue :

la saisine de la Commission nationale sous 2 formes ,

la saisine par le comité d'entr eprise ou le délégué du personne l de l'organisme gest ionna ire des aides ou de l'autor ité com pétente .

La saisin e de la Commissi on nationale pour un contrôle et une évaluation :

C'est le droit que peuvent utiliser les représentants des populations et des salariés pour que soit examiné par la Commission nationale, voire par une Comm ission régionale, un dispos itif d’aide publique ou l’utilisation de fonds publics par une entr eprise afin d’évaluer leur efficacité pour l’emploi, la formation ou l’équilibre du terr itoire.

Cela peut concerner une entr eprise par ticulière.

Cela peut concerner un dispos itif d'aide ou de financement d'entr eprise d ' une co llect ivité , d e l'Etat ou d e l'Europe, ou de cer taines inst itut ions (sécur ité sociale, syndicats inter communau x, ...) allouant des fonds publics ou sociaux à des entr eprises.

Cette saisine de la Commission nationale peut-êtr e exercée par les députés , les maires, président de conse il régional ou de conse il généra l du terr itoire concerné par le doss ier, les syndicats représentés à la Commission nationale, les comités d'entr eprises, les délégués du personne l, et auss i les membr es de la Commission nationale.

La Commission nationale doit, alors , traiter cette deman de directement ou la déléguer à la Comm ission régionale concernée .

La circulaire d’applicat ion de la loi a exclu la possibilité de saisine directe des Commissions régionales. Or, la loi pouvait ouvrir cette poss ibilité. A la lumière de l’expérience , peut-être serat-il nécessa ire de revenir sur cette interpr état ion restr ictive de la loi et permettr e la saisine des Comm iss ions régionales ?

En cas de saisine de la Commission nationale, celle-ci doit, en principe, examiner la deman de et la traiter dans l’esprit de la loi : recenser les aides reçues , contrô ler l'usage de ces fonds et évaluer leur efficacité pour l'emploi, la formation et l'équilibre des terr itoires.

La loi précise même que ces évaluat ions d oivent êtr e q uant itat ives , nom bre d'em plois créés et de mises en format ion, ( pr évisions et réa lisations) , mais auss i qualitat ives : qualité des emplois et des format ions (statut des em plois, qualificat ion et recon naissance de celle-ci en termes de salaires et de promot ion profess ionnelle).

Une saisin e de la Commissi on nationale pour accéder à l’information sur les aides publiques aux entreprises Enfin, la loi ouvre aux élus « un droit à la transpar ence » des fonds reçus par les entr eprises.

Dès lors que le député, le président de conse il régional ou celui du conse il généra l ou le maire, dans le terr itoire où l’entr eprise concernée est loca lisée, en fait la deman de à la Commission nationale, celle-ci doit recenser toutes les aides reçues par les entr eprises concer nées et commun iquer ces informat ions à l'élu deman deur.

La saisin e de l’organisme gestionnaire d’aides ou de l’autorité compétente L'autr e pr océ dur e de saisine est réser vée au comité d'entr eprise et aux d élégués d u p ersonne l en cas d e contestat ion de l'utilisat ion des aides reçues par leur entr eprise. Ils peuvent saisir l'organisme gest ionna ire des aides ou l'autor ité com pétente pour que ceux-ci examinent l'utilisat ion de l'aide par l'entr eprise

Cette dispos ition concerne un éventail très large d'inst itut ions :

trésor er i e généra l e , sécur ité soc iale, ... p our les gest ionna i res d'aides, collect ivités terr itor iales, direction dépar tementa le ou régionale du travail de l'emploi et de la format ion, la Datar, Sgar (secrétar iat généra l pour les affaires ré giona les) , Drire (recherche, industr ie),... pour les autorités com pétentes .

On peut cons idérer, dans le cas des exonérat ions de charges, par exemple, qu'il est poss ible de s'adresser soit à l'organisme qui gère des aides, la sécurité sociale ou le Forec qui gère en son nom les exonérat ions , soit aux pouvoirs publics qui sont chargés de leur mise en oeuvre (généra lement la direction départementa le du travail, de l'emploi et de la format ion) ou encor e con jointement ces deux inst itut ions ensem ble.

Dès lors que ces inst itut ions ont été saisies, elles doivent enten dre les deux par ties (salariés et direction de l'entr eprise ) et à par tir des arguments développés par chaque par tie, décider des suites à donner à la démar che des salariés : maintien des aides, leur suspension ou leur remboursement , tota l ou par tiel.

Au tota l, la loi donne donc la poss ibilité de recour ir à la procé dure de saisine sur un champ très large.

Afin que la multiplicat ion des saisines et deman des ne soit pas un prétexte à un blocage du dispos itif, ou ne con duise à l'autocensur e des salariés et des élus, la Commission nationale et les Commissions régiona les devront se donner les moyens de faire face.

Pour cela il sera nécessa ire :

  • qu'elles s'app uient sur les out ils d’informat ions existants , mais en dépassant les pratiques et la culture d'opacité qui les dominent (trésorerie généra le, Sgar, Datar, Accos ou Forec, Cri, …),
  • qu'elles s'adressent à d'autr es services publics d'informat ions (succursa les de la banque de France , · Insee et ses ser vices régionau x, ...)
  • q ue l a Comm iss ion nat iona l e délègue largement ces deman des d'informat ions et d'évaluation aux Commissions régionales qui, ellesmêmes , devront s'app uyer sur les ser vices publics d'informat ions économiques régionau x,
  • que ces dernières se donnent auss i des moyens techn iques propres.

Si cette mob ilisat ion des moyens est réa lisée , l' en gor gement d e l a Commission par les saisines et inter pellations se posera -t-il encor e?

Par ailleurs , la Commission nationale devra auss i se penc her sur les « cas d’école » pouvant faire jurisprudence pour toutes les inst itut ions qui attr ibuent des aides publiques.

Peut-on placer en examen immédiat les entreprises qui veulent licencier pour contrôler l'utilisation des fonds publics obtenu au cours des cinq années écoulées ?

La loi donne le droit à la transpa rence sur tous les fonds publics attr ibués aux entr eprises et, évidemment , cela concerne en premier lieu celles qui licenc ient .

Le retour proposé sur les cinq dernières années est non seulement possible, mais sera it par ticulièrement utile pour celles qui suppr iment des emplois à seule fin d'accr oître leur renta bilité financ ière. Il sera it donc, dans ce cas , par ticulièr ement recomman dé que les entr eprises qui se com por tent ainsi remboursent l'inté gralité de ces fonds, attr ibués depuis cinq ans. Cela les amènera it à examiner, avant toute décision, toutes les alternat ives poss ibles.

Que recouvre la notion d'aide ? Quelles sont les aides concernées ?

La notion d'aide publique aux entr eprises est actue llement sujette à un débat biaisé à par tir d’une appr oche centrée sur des préoccu pations de respect des règles de concurr ence qui sont une d es o bs ess ions d e l a Commission eur opéenne . Dans cette optique on distinguera it parm i les financements publics en faveur des entr eprises les aides dites « d’Etat » et les aides relevant de « politique générale ».

Les premières, dites d'Etat, car « favorisant (dans un Etat) cer taines entr eprises ou cer taines productions » relèveraient de la législation européenne au titre de la concurr ence .

Les secondes , dites de politique générale, elles, échapperaient à cette législation car elles aura ient un effet uniforme sur toutes les entr eprises et tous les secteurs et ne tombera ient pas sous le cou p des règles relatives aux « aides d'Etat ». A par tir de cette appr oc he, cer ta ins comme J. M. Ch ar p in, Commissaire au plan, ont évoqué l’idée de circonscr ire les contrô les aux aides dites d’Etat.

Mais le législateur, dans le cas de la loi Hue, ne s'est pas enfermé dans ce débat cherchant à faire une distinction parmi les financements publics en fonction des consé quences sur la concur rence .

Il est par ti de l'exigence que tout fonds public dépensé doit êtr e évalué en fonct ion de l'intérêt public.

Cette démar che l'a con duit à demander le contrô le et l'évaluation de toute dépense créant des flux financ iers d'argent public vers les entr eprises afin qu'elle soit le plus efficace pour l'emploi, la format ion et l'équilibr e des territoires.

Cela concerne donc tous les fonds publics attr ibués aux entr eprises, ceux relevant de la définition d’aide aux entr eprises au sens de la Commission eur opéenne , mais auss i tous les dispositifs d'aide dits de politique générale. Cela à été réaffirmé par plusieurs membr es (Dan i e l Pau l, Nasser Mansour i-Guilani, …) de la Commission nationale, lors de la mise en place de cette instance le 31 janvier dern ier. Mais Laur ent Fabius, son pr ésident , ministre des Finances , a renvoyé à plus tar d ce débat qui n’est donc pas clos.

Comment obtenir réellement la liste des aides. Sur quoi s'appuyer pour surmonter les « réticences » du préfet et parfois de la Commission régionale pour la diffuser largement ?

Les aides dites « d’Etat »

Une liste des aides publiques au sens de la législation communauta ire est éta blie par la Datar dans un « vademecum des aides publiques » dont la diffusion n'éta it pas jus qu'à pr ésent encoura gée.

La liste des principales aides au sens eur opéen a été donnée dans la circulaire du 8 février 1999 : « La not ion d'aides recou vre l'ensemb le des avanta ges directs ou indirects que les collect ivités publiques peuvent allouer à une entr eprise ou un groupe d'entr eprises, sous forme de :

  • sub ventions,
  • d es exonérat ions fisca les ou sociales,
  • de remise de dette ,
  • d'abandon de créance ,
  • d'octr oi de garant ies,
  • de prise de participation en capital,
  • de prêt à des con ditions différentes de celles du marché,
  • d'avances remboursa bles,
  • de prêt ou de mise à dispos ition des biens meub les et immeub les ou de personne l,
  • de raba is sur les prix de vente ou de locat ion,
  • de réalisation d'infrastructur es ou de tra vaux sur le site de l'entr eprise ».

Les financements publics d’entreprise dits « de politique générale» Quant aux contr ibutions publiques relevant des politiques dites généra les qui sont attr ibuées de droit à toute entr eprise dès lors qu’elle entr e dans les critèr es exigés, elles concernent , d’une par t, les politiques , dites d'aide à l'emploi, ciblées sur des publics en difficulté pour leur inser tion dans l'emploi (jeunes , non qualifiés, tra vailleurs âgés, chômeurs de longue durée , ...), avec de nom breux dispos itifs d'emploi aidé ou de format ion, et, d’autr e par t, les mesur es de politique généra le de l’emploi :

Les mesures ciblées

les aides à l'abaissement de coûts salariaux

aide au premier emploi des jeunes

contrat de retour à l'emploi

contrat initiative emploi

exonérat ions sur l'embauc he d'un premier salarié

exonérat ion sur l'embauc he d'un deuxième ou troisième salarié

exonérat ion du premier au cinquant ième salarié dans les ZRR et dans les ZRU (zone de revitalisation rura le et urbaine)

abattement temps par tiel

Convention de coo pérat ion

Formation en alternance

  • contrat d'appr entissage
  • contrat de qualification
  • contrat de qualificat ion à éduquer
  • contrat adaptation
  • contrat d'orientat ion.

Aide à la création d'emplois et des activités :

  • aide aux chômeurs créateurs d'entreprises
  • encoura gement au développement d'entr eprises nouvelles.

Accompagne ment des restructurations

  • allocat ion tempora ire dégress ive
  • dispense d'activité sidérur gie
  • congé de con vers ion
  • préretra ite progress ive
  • aide au passa ge en mi-temps
  • aide au passa ge à temps par tiel
  • con vention de con vers ion
  • garant ie de ressour ce licenc iement
  • cessat ion anticipée d'activité
  • cellules de reclassement
  • préretra ite allocat ion spéc iale du FNE
  • cessat ion ant icipée d'act ivité de cer tains tra vailleurs salariés
  • allocat ion de remplacements pour l'emploi
  • dispenses de recherche d'emploi. Les mesures de politique générale :
  • baisse des cotisations sociales portant sur les bas salaires
  • dispos itif de la loi « Robien »
  • dispos itif de la loi « Aubr y »
  • réduct ion collective du temps de tra vail.

La Dares, ser vice d’informat ion et de rec herche du ministèr e de l’em ploi, publie régulièrement le recensement le bilan des dispos itifs d'aide à l'emploi.

Comment contrôler l'utilisation de l'argent public pour que celui-ci soit utilisé conformément aux objectifs et critères fixés pour l'obtention ?

Il y a une act ion très vigour euse à engager contr e les chasseurs de primes sans scrupu les qui em poc hent les fon ds publics sans jamais respecter leurs engagements .

Un contrô le rigour eux dans la région Centr e a ainsi permis d'évaluer à environ 10% les entr eprises qui ne res pectent pas leurs engagements de créat ion d ' em plois, ce q ui a amené le conse il régional à deman der le remboursement des aides abusivement touchées par des entr eprises.

Mais, on ne peut s'en tenir au seul contrô le car l'essent iel de ce qu'il faut changer est ailleurs . En effet le plus grave est l'inefficacité réelle de la plupar t des dispos itifs existants et dont, p our cer ta ins cas , l' évaluat ion n' a jamais été faite ou n’a jamais été débattue. Ainsi, par exemple, des étu des ont montré que les phénomènes d'aubaine et de subst itut ion sont mass ifs pour cer tains emplois aidés : ainsi dans 82% des cas , les entr eprise utilisatr ices de contrats aidés dits d’initiative emploi déclarent qu'elles aura ient recouru à l'embauc he sans la moindre aide.

De nom breux observateurs cons idèrent d'ailleurs que l'utilité de nom bre de ces aides ciblées sur des publics en difficulté se rédu it à changer l'ordre de la file d'attente des deman deurs d'emploi et d'assur er une cer taine rotat ion entr e le chômage et l'emploi précaire. Il ne s'agit, en fait, que d'un tra itement social du chômage pour éviter de trop grandes tens ions vis-à-vis des plus exclus et non pas d'une politique dynamiq ue d e créat ion d e nou veau x emplois.

C'est pour quoi les Commissions ont une triple mission :

Le contrô le, l'évaluation de l'efficacité des aides pour l'emploi, la format ion et les équilibres des terr itoires et les contr e propositions pour des dispos itifs plus efficaces .

Pour éta blir cette évaluat ion, les Commissions doivent s'appuyer sur les étu des existantes qu'il faut recenser et sur le tra vail des Cours régionales des com ptes qui ont fait de nom breuses invest igations .

Celles-ci ne pourra ient-elles pas êtr e par tena ires des Comm issions régionales et de la Commission nationale tout en gardant leur autonom ie ?

Elles devraient auss i avoir la poss ibilité de mener leurs propres invest igations à par tir de leurs terra ins respectifs.

Comment apprécier la création nette d'emplois en évitant les transferts d'emplois d'un site et à l'autre et les pratiques de délocalisation? Comment considérer le périmètre pour lesquels ces fonds sont attribués ?

Il est scanda leux que des entr eprises touchent des sub ventions pour la création d'emplois dans une région se substituant à des emplois suppr imés par le même groupe ou la même entr eprise dans une autr e région. La créat ion nette à l'éc helle nat iona le et même eur opéenne doit êtr e un critèr e à faire respecter par les entr eprises, en par ticulier les groupes.

La Comm ission nat ionale pourra it jouer un rôle actif en faisant la transparence sur les politiques de l'emploi des entr eprises, en « connectant » les informat ions dont les inst itut ions d'informat ions économ iques disposent afin de conna ître l'évolution quant itat ive et qualitat ive des effectifs des entr eprises sur tout le terr itoire évitant ainsi de tels gâchis. Pour quoi une mission de mise en place d'un tel out il ne sera it-elle pas rap idement décidée?

Quelles sont les moyens de contrôle, d'expertise dont disposent les Commissions régionales et la Commission nationale pour remplir sa mission ?

Les contrô les et l'évaluation de l'efficac ité des aides doivent provenir d'une double démar che : une démar che d ' exp er t ise et une d émar c h e d e citoyenneté .

Une évaluation efficace doit d'abord passer par celle des salariés et des populations concernés .

Ce sont les salariés eux-mêmes qui peuvent vérifier la réalité de l'utilisation des cré dits reçus par des entr eprises.

Encor e faut-il qu'ils conna issent et utilisent les droits existants et qu'ils en con quièrent de nou veaux.

Il faut ainsi rappe ler que la loi Hue réévalue l'ar ticle 432-4 du Code du travail qui oblige les directions d'entr eprises à informer les comités d'entr eprise, qui en font la deman de, de la tota lité des aides publiques reçues et de leur usage.

L'inter vention des salariés pour la transpar ence de l'utilisat ion des fonds publics doit s'accom pagner d'une protect ion des salariés qui sera ient amenés à constater des gâchis ou des détournements de fon ds afin d'em pêc her toute mesur e d e rétors ion d es employeurs . Il doivent auss i disposer des moyens d’informat ion et d’accès aux documents des entr eprises. Les moyens d'expertise existants doivent auss i êtr e à la dispos ition des Comm iss ions ré giona les et d e l a Commission nationale

La circulaire du 6 février 1999 sur les a i d es p u b li q ues au x entr e pr ises indique que « La Commission ( européenne ) peut demander à l'Etat des informations sur des aides auxquelles il (l’Etat) doit répondre dans un délai très bref. Dans le cas d'une entreprise concernée, le préfet de région où est localisée l'entreprise doit transmettre toutes informations utiles à l'é laboration de la réponse. Ces demandes se font généralement de manière informelle par télécopie, afin de respecter les délais impartis ».

Pour cela, elle a pr évu la mise en place d’outils de contrô le dans l'administrat ion pour répondr e aux demandes émanant de la Commission eur op éenne . Ains i, il est d eman d é au x préfets de « mobiliser pleinement leurs services Drire, Sgar, Drtef (Direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionne lle), Drap … et de solliciter le cas échéant l'avis économique du trésorier payeur général ». Ces out ils doivent, aujour d’hui, êtr e mis à la dispos ition des Commissions nat ionales et régionales de contrô le des fonds publics attr ibués aux entr eprises pour les aider à mener leurs invest igations .

De plus, de nou veaux moyens d'informat ions doivent êtr e mob ilisés :

  • les succursa les de la Ban que de France ,
  • les ser vices publics d'informat ions économ iques : INSEE et ses services régionau x, obser vatoires ou agences économ iques régionales existants ,
  • les cours des com ptes pourra ient auss i êtr e sollicitées .

En cas de non-respect de ces objectifs, peut-il y avoir sanction, remboursement des aides ? Y a-t-il déjà des jurisprudences sur lesquelles s'appuyer ?

En cas de non-res pect des objectifs sur lesquels s'étaient engagés les entr eprises, il peut y avoir des sanct ions de prise.

La suspens ion ou le remboursement des aides par les entr eprises peut êtr e envisagé.

Il est à noter que ces sanct ions ont déjà été utilisées à diverses reprises. Ainsi, sous la press ion des salariés, il est arr ivé q ue d es pr éfets ou d e conse ils régionau x ou générau x les exercent sur des entr eprises irres ponsables sur l'emploi.

C'est une pratique qui a été systémat i q uement a pp li q uée p ar l a Comm ission de contrô le du Conse il régional du Centr e (1). Celle-ci a passé en revue toutes les aides accor dées par l’Assemb lée régionale depuis 1993 jus qu'à aujour d'hui : 161 doss iers ont été examinés . 17 rem b oursements (pour plus d'un million d'eur os) ont été deman dés, la plupar t au prorata de ce qui n'a pas été réalisé en terme d'emplois et un pour la tota lité.

Des remboursements et des suspen sions d'aides ont également été engagés et réa lisés en Ile et Vilaine sous la pression du mou vement social qui avait dénoncé les gâchis mass ifs de fonds publics accor dés sans contrô le par le Conse il général.

Ces mesur es visent à res ponsa biliser les entr eprises. Bien évidemment , l'objectif est de tout faire pour que les engagements sur l'emploi et la formation soient tenus et, pour cela, il est auss i nécessa ire d'ant iciper afin d'aider les entr eprises à réa liser leurs engagements sociaux.

Mais la menace de la sanct ion peut s'avérer dissuas ive pour les chasseurs de primes comme on le constate actue llement en Breta gne. Ainsi, cer taines d’entr e elles sont en tra in de retirer leurs deman des d'aides de peur d'êtr e contrô lées .

Sur le plan inst itut ionne l, ces sanctions ne peuvent pas êtr e engagées par l a Comm iss ion nat iona l e ou les Commissions régionales, mais par les inst itutions qui décident ou distribuent ces aides. Par contr e chaque avis ou recomman dation donné par une des Commissions inst ituées par la loi Hue sera un point d'app ui pour engager de telles sanct ions .

Au tota l, les sanct ions , les recom mandat ions et les procé dures engagées contr ibueront à la res ponsa bilisation sociale des entr eprises vis-à-vis de l'emploi de la format ion et de l'équilibre des terr itoires.

Les commissions ont une mission de propositions. Comment se saisir de cette mission dévolue par la loi pour organiser des espaces d'intervention pour les élus, les salariés, les citoyens ?

Déjà, dans la mise en place de ces dispositifs, notamment dans les régions et dépar tements , les élus commun istes ont été force de propositions et des avancées sens ibles ont été réalisées , y com pris dans des conse ils régionau x dirigés par la droite comme le montr e l'exem ple de Cham pagne-Ardenne . Ceux-ci y ont fait renforcer les obligations des entr eprises aidées en matière d'emploi et de format ion lors de la dernière sess ion de cette assem blée.

Mais ce droit de contr e proposition est sans doute l'as pect le plus prometteur de la loi Hue, même si cela risque d'êtr e en permanence refoulé sous la pression des forces du consensus sur la logique économ ique actue lle.

En effet, l’essent iel des dispos itifs existants sont avant tout conçus pour baisser le coût du tra vail et développent des cer cles vicieux régress ifs qui en fait jouent contr e l’emploi : orientés sur des publics par ticuliers , salariés non qualifiés ou en difficulté d'inser tion dans l'em ploi, ils poussent à la baisse tous les autr es coûts salariaux par la concurr ence . Ils permettent de subst ituer éventue llement des emplois d ont une p ar t ie d u coût tota l est rédu ite, à d'autr es qui aura ient été créés ou maintenus , avec des effets d'aubaine.

Ils renfor cent ainsi les pr ess ions déprimant la deman de et auss i tendant à limiter la qualification, en aggravant ces facteurs de chômage mass if.

Ils favorisent l'augmentat ion des profits pour les placements financ iers au lieu des invest issements réels.

Ce pouvoir de proposition doit donc s'appliquer avant tout pour avancer des dispos itifs alternat ifs de finance ment public incitatif à la créat ion de nou veaux emplois.

En effet il existe des centa ines de dispositifs différents émanant de multiples inst itut ions .

La loi Hue ouvre un nou vel es pace pour avancer des propositions avec la poss ibilité reconnue à la Commission nationale de contrô le de donner son avis pour tout nouveau dispos itif d'aide aux entr eprises.

Par ailleurs , c h a q ue année les Commissions régionales et nationales vont é l a b or er un rappor t sur l e contrô le et l'évaluation des aides. Une telle évaluation sera l'occas ion d'avancer des contr e propositions puisque dans son ar ticle 3, la loi invite les commissions à exprimer leurs remar ques et avis sur les politiques suivies. C'est en s'app uyant sur cette mission explicite que l'on peut avancer des propositions alternat ives.

Peut-on aller plus loin et à partir de ce contrôle, les élus peuvent-ils intervenir dans la gestion de l'entreprise (avec les autres partenaires : salarié, syndicat, citoyen ...) notamment sur les conditions de travail, la formation, l'impact sur l'environnement et le territoire, la part des actifs financiers ... ?

Toute aide publique aux entr eprises est une forme d'inter vention dans la gest ion des entr eprises. D'ailleurs , les dispos itifs existants , fon dés sur la baisse du coût du tra vail, sont des incitat ions à multiplier les emplois à bas salaires, les em plois pr écaires et le sous emploi (tem ps par tiel contra int) qui sont tous mass ivement aidés.

Cela modè le un type de gest ion qui pousse à baisser les coûts de l’entr eprises en écrasant les coûts salariaux, tout en mob ilisant le cré dit et les profits de l’entr eprise pour les invest issements et placements financ iers à l’opposé d’une conce ption de la gestion et de mob ilisat ion des ressour ces financières des entr eprises favorisant l’efficacité par l’économ ie de moyens matériels et financ iers (avec des partages et des mutua lisat ions) et par la promotion des capacités humaines des salariés (avec la format ion, les qualifications, l’amé liorat ion de l’organisation et des con ditions de tra vail).

C'est pourquoi il faut contr e proposer des dispos itifs aides publiques aux entr eprises favorisant d'autr es objectifs sociaux ainsi qu'une autr e logique financière des entr eprises pour inciter à d’autr es choix de gest ion.

C'est le sens de la proposition d'incitation à la créat ion d'emplois par des baisses sélect ives de charges financières du cré dit plutôt que par des baisses de charges sociales patronales.

En effet en ut ilisant d es a i d es publiques pour bonifier les cré dits d'investissement , avec des baisses de taux d'intérêt d'autant plus impor tantes que l'entr eprise crée plus d'emplois ou programme plus de mises en format ion, on favorise une toute autr e utilisation de l'ensem ble des ressour ces financières mises à la dispos ition des entr epr ises et pas seu lement des aides publiques.

Outre les aides publiques distribuées au prorata des objectifs sociaux, c'est auss i le cré dit reçu par l’entr eprise qui est mob ilisé sur des créat ions d'emplois dans le cadre de ce projet d'invest issement et ce sont enfin les profits qui seront mis à contr ibution pour le remboursement de ces cré dits ( plutôt que la stér ilisation de tous ces fonds dans la finance) .

Enfin, du point de vue de l'efficac ité même des fonds publics, une étu de de la Commission eur opéenne vient de

montr er que le coût public moyen de la créat ion d'un emploi par cré dit bonifié sélect if s'est élevé à 1 716 pour le programme de prêts bonifiés de l'Union eur opéenne en faveur des PME créatr ices d'em plois décidé en 1994 et appliqué en 1995-1997.

Par contr e le coût public moyen de la créat ion d'un emploi Aubr y pour la RTT a été de l’ordre de 107 000 .

Avec le dispos itif mis en place pour les PME , 62 emplois ont été créés avec le même montant d'aide publique que celui qui a perm is de créer un seul emploi avec les aides Aubr y (1) pour les 35 h eur es . Cette efficac ité coût/résu ltat a d'ailleurs été relevée p ar le rappor t d ' évaluat ion d e la Commission eur opéenne qui souligne q ue « la sub vent ion mo yenne p ar emplois nouveaux ne s'est montée qu'à 1 716 et s'est avérée extrêmement renta ble pour les finances publiques ».

Le groupe commun iste à l’Assemb lée nationale avait proposé un tel finance ment de la RTT par bonification de crédit. Mais sa proposition a été repoussée .

Aujour d'hui, ne con viendrait-il pas q ue l a Comm iss ion nat iona l e d e contrô le des fonds publics se saisisse de ces dossiers pour éta blir un bilan et proposer des infléc hissements des aides à la créat ion d'emploi ?

La loi prévoit qu'un rapport annuel soit remis par le préfet. Quand le prochain rapport devra-t-il être remis ?

En principe la Commission nationale devrait pr ésenté son rappor t à l’automne de chaque année et celui-ci devrait êtr e élaboré à par tir des rappor ts adoptés après débat et amen dements par les Commissions régiona les.

Ce débat annue l et décentra lisé doit êtr e l’occas ion de discuter ce sujet tabou des pouvoirs sur l’argent des entr eprises tout en visant des résu ltats imméd iats pour l’emploi et le développ ement des ca pacités humaines . Mais, pour cela, il faudra prendre des initiatives concrètes dans les villes, les d é p ar tements et les ré gions p our rendre les enjeux publics, access ibles et populaires, valoriser les résu ltats , assoc ier toutes les forces concernées à par tir des préoccu pations concrètes d’em plois, de format ion, de salaire, d’inégalités homme-femme , de développement des terr itoires…

Attention ! il faut distinguer les Commissions régionales instituée par la loi Hue qui ont compétence sur tout financement public attribué aux entreprises et des Commissions de contrôle des Conseils régionaux qui, elles, ne traitent que des aides décidées par les conseils régionaux.

Cinquième rapport de la Commission concernant la mise en œuvre de la décision relative à l’octroi de bonifications d’intérêt par la Banque Européenne d’Investissement aux petites et moyennes entreprises dans le cadre de son mécanisme temporaire de prêt (mécanisme PME). Com (2000) 376 final

La Bretagne se mobilise pour responsabiliser les entreprises sur l’emploi

Par Huet Jacques, le 31 March 2001

La Bretagne se mobilise pour responsabiliser les entreprises sur l’emploi

es Huet*Pendant plus de 2 ans, j’ai mené, avec mes collègues syndicaux, une action afin de faire le point sur les aides allouées par les différentes collectivités, Etat, région, département au groupe TAT. Nous avons rencontré pas mal de difficultés devant la multitude des guichets et de trouver les bons interlocuteurs. Ce contrôle a réussi grâce aussi au contrôle des effectifs fait en collaboration avec la DDTE.

En effet, pour le site de Dinard, le groupe TAT a bénéficié d’environ 15 millions de francs de fonds publics provenant de l’Etat, de la Région de Bretagne, du département d’Ille-et-Vilaine, CCI et communes environnantes, de 1989 à 1999. Par son jeu de création de filiales, le groupe, a bénéficié d’aides des différentes collectivités territoriales ; par ses plans sociaux le groupe s’est vu octroyer des aides d’Etat ; par ses créations de filiales avec transfert de personnel, le groupe a bénéficié de nouvelles aides (primes à l’aménagement du territoire, primes et avances remboursables de la Région, primes du département d’Ille- et-Vilaine et autres...).

Ces aides ont été allouées pour des créations d’emplois : en fait, ces emplois ont été le plus souvent issus de transferts, de mutations ou de démissions des maisons mères. Ainsi, en 1990, il y avait 629 salariés sur le site de Dinard. En 1998, il y avait 469 salariés, ce qui représente une perte de 150 emplois.

Fort de ces constats, nous avons alerté la DATAR et les différentes collectivités, régionales et départementales. En juin 2000, la DATAR a établi que concernant la filiale de LAB, HYDREP, seuls 21 emplois avaient été réellement créés sur les 67, les 46 autres étant considérés comme des emplois transférés de LAB, TAT, CIPRA, vers HYDREP. Aussi, la société HYDREP a-t-elle vu le solde de sa prime annulée, prime fixée en 1991à 3 millions de francs pour créer 123 emplois, puis ramenée en 1998 à 1 675 000 F pour 67 emplois créés et a du reverser le trop perçu, la DATAR prononçant la liquidation définitive de la prime au prorata des 21 emplois.

Pour sa part, le département n’a demandé que la moitié du remboursement sur la différence des emplois primés 123, et des emplois créés 67, soit 1 185 000 F par rapport à une dette de 2 370 000 F, prétextant sans culot que le groupe avait créé sur le site 150 emplois. Nous avons vu qu’au contraire nous avons perdu ces 150 emplois. Notre action aujourd’hui est de faire réaligner le département sur la décision de la DATAR. La dernière commission permanente devait se prononcer sur le sujet.

Nos recherches sur le groupe TAT à Dinard, ont mis en évidence le laxisme et le manque de contrôle et de suivi des aides attribuées par le conseil général d’Ille-et-Vilaine. Nous venons de communiquer au président du dit Conseil général nos remarques à ce sujet.

Le PCF étant sur le sujet avec le projet de la loi Hue portant sur le contrôle et le suivi des fonds publics attribués aux entreprises, un travail s’est mis en place entre les élus du PCF et mon syndicat. C’est ainsi que le mois de juillet 2000 verra la naissance d’un groupe de travail PCF région Bretagne sur les fonds publics.

Les élus du PCF au Conseil Régional de Bretagne, alimentés en informations par ce groupe de travail mettront à plusieurs reprises en évidence le laxisme sur l’attribution des aides. C’est ainsi que Serge Morin, Piero Rainero, Josiane Corbic, Gaëlle Abily, n’hésiteront pas à citer et dénoncer ce manque de contrôle, rappelant à chaque fois l’utilité de la loi Hue.

Pendant la même période, l’action syndicale se multipliera sur le sujet. Création d’un manuel, création d’un fichier comportant 200 entreprises subventionnées dans le département. Lettre au préfet, au président du Conseil général. Création d’un support par rétroprojecteur, afin de présenter les différentes formes d’aides dont peut bénéficier une entreprise. Envoi des 200 lettres dans les entreprises et rencontre avec les délégués des entreprises subventionnées. Conférence de presse et articles dans Ouest-France. Rencontre avec le président du Conseil général d’Ille-et-Vilaine et ses directeurs techniques chargés du dossier.

Toutes ces interventions nous amèneront à avoir connaissance du bilan des aides attribuées par le Conseil général d’Ille-et-Vilaine et cela depuis 1988. L’analyse de ces documents pour les entreprises classées en N+3 et N+4 (N+3 étant la fin de la convention), et cela sur la période de 1988 à 1992 pour les grands projets et 1988 à 1995 pour les aides aux bâtiments, montre que 8 427,5 emplois étaient exigibles au titre des emplois aidés. 3 884,5 emplois ont été créés en plus des objectifs à 100%, (soit 46,09% d’emplois en plus), par contre 3 148 emplois subventionnés n’ont pas été créés, (soit 37,35% des emplois exigibles).

Pendant la période de 1988 à 1998 ce sont 45 entreprises qui ont disparues sur les 505 aidées soit 8,9% des entreprises aidées et ce sont 1 260 emplois de perdus par rapport aux 12 370 emplois exigibles soit 10,18% des emplois.

Cela nous amène à nous poser la question : y aurait-il deux sortes d’en-treprise ?

Des entreprises citoyennes qui remplissent leurs engagements et parfois plus et des entreprises qui ne font que chasser des primes et qui n’ont rien à faire de l’emploi.

Au-delà de la loi Hue, il faut aussi obtenir que l’information de ces aides soit donnée aux représentants du personnel dans les entreprises comme le prévoit le code du travail avec l’article L 432-4. De cette information les élus d’entreprises doivent en tirer un maximum de profit:

connaissance de l’économie de l’entreprise et de sa politique d’em-ploi ;

coût réel de l’emploi et donc répercussion sur les négociations des salaires ;

négocier la réduction du temps de travail avec de meilleures armes.

Le PCF s’est créé tout un réseau national ou beaucoup de militants travaillent sur ce sujet. Une fois les décrets d’applications de la loi Hue sortis, il faudra transformer l’essai que le PCF vient de marquer. Pour cela il faudra être présent dans les commissions régionales, faire vivre ce contrôle et le suivi des aides et continuer à échanger sur nos expériences respectives dans chaque région. C’est un moyen de faire reculer le chômage en France.